Quand la parodontie fait évoluer notre réflexion sur l’implantologie
L’article de Heitz-Mayfield, Heitz et Lang (Implant Disease Risk Assessment IDRA-a tool for preventing peri-implant disease, Clin Oral Implant Res 2020 : 1-7) développe un outil d’évaluation des risques grâce à un diagramme fonctionnel construit autour de 8 paramètres documentés pour être associés aux péri-implantites.
Cette approche remet le patient au cœur des traitements implantaires et de ses facteurs de risque, ce qui a longtemps été oublié lors de la mise en place de millions d’implants dans le monde ces vingt-cinq dernières années. Il y a longtemps que les parodontistes prennent en compte cette évaluation du profil du patient, aussi bien dans leur pratique clinique (Periodontal Risk Assessment (PRA), Lang et Tonetti 2003) que, maintenant, à travers la nouvelle classification qui inclut, outre les stades de la maladie parodontale, des grades d’évolution en fonction de facteurs de risques.
Malgré la forte prévalence des maladies péri-implantaires, il n’y avait pas encore vraiment de protocole et de projet pour arriver à mettre en place le profil du patient susceptible de développer de telles complications.
Il était donc temps que cette approche médicale remette le patient au cœur des plans de traitement implantaire. En parodontie, nous utilisons depuis un certain temps un diagramme fonctionnel qui nous permet d’évaluer les facteurs de risque et la susceptibilité d’un patient. Cet article propose la même démarche intellectuelle et clinique avec 8 paramètres à prendre en compte pour chaque patient :
- l’histoire de sa parodontite, oui ou non ce patient présente-t-il une maladie parodontale ;
- le pourcentage d’implant ou de dent qui présentent un indice de saignement ;
- le nombre de sites avec des profondeurs de poche > 5 mm autour des dents comme des implants ;
- la perte osseuse en relation avec l’âge du patient ;
- la susceptibilité parodontale du patient (stades et grades de la nouvelle classification des maladies parodontales en accord avec le workshop de 2017 – Tonetti et coll., 2018) ;
- la thérapeutique parodontale, de soutien : compliance à cette thérapeutique et intervalle (< 5 mois ou > 6 mois) des rendez-vous.
Et, enfin, 2 valeurs qui semblent essentielles dans l’analyse de la littérature :
- la distance de la restauration prothétique par rapport à la crête osseuse marginale :
- des éléments prothétiques qui pourraient être des facteurs non négligeables comme l’adaptation des limites, des excès de ciment ou une conception qui empêcherait un entretien correct et facile de la reconstruction prothétique.
Grâce à ces 8 facteurs et à leur analyse, un schéma fonctionnel peut être établi et permettre, pour chaque patient, d’évaluer leur risque à la maladie implantaire. Risque faible, moyen, ou élevé, il est une bonne piste de réflexion pour le praticien et pour savoir dans quelle voie il s’engage avec le patient. Mais ce diagramme est également un excellent moyen de communication. Il est possible de le faire évaluer puisque des facteurs peuvent être modifiés. Il constitue aussi un moyen pédagogique extrêmement parlant pour les patients qui peuvent y trouver une source de motivation, à la fois pour leur expliquer qu’un implant ne pourra pas être mis en place pour toute une vie et qu’il présente des risques, mais également pour les motiver à maîtriser les facteurs de risque qui relèvent d’eux, comme le facteur tabagique, et pour expliquer l’importance de la thérapeutique de soutien autour des dents comme des implants.
Journée de la santé gingivale (Gum Health Day), organisée cette année le 12 mai, à l’initiative de l’European Federation of Periodontology (EFP)
Cette journée a pour objectif de sensibiliser à l’importance de la prise en compte du saignement de la gencive comme un signe de maladie parodontale. Disponible sur le site de la SFPIO, une vidéo YouTube, « la boîte à questions » (www.sfpio.com), réalisée à l’occasion, a mis l’accent sur l’utilisation d’outils numériques en ligne pour promouvoir le message : « Dites non aux saignements des gencives » afin de sensibiliser à la façon dont les saignements de gencive sont un signe de maladie des gencives et d’encourager une bonne hygiène buccale pour aider à prévenir cette maladie.
Il est important d’avoir des moyens de communication faciles et de pouvoir éveiller la confiance des patients et du grand public sur l’incidence que cela peut avoir sur la santé bucco-dentaire, mais également sur la santé et la qualité de vie en général.
Cette journée de la santé gingivale a lieu tous les ans. Elle est à la fois très porteuse et très intéressante en termes de communication. Il est ainsi possible de télécharger, sur le site de l’EFP, des vidéos, une fiche en français sur le saignement des gencives, qui permettra de communiquer sur les maladies parodontales, sur la santé générale, mais aussi sur la façon de combattre cette symptomatologie et ses conséquences. Tous ces supports pédagogiques nous permettent d’avoir un lien plus étroit avec nos patients, et de pouvoir mettre des mots faciles et accessibles sur ce qu’ils peuvent vivre au quotidien.
Diagramme d’évaluation des risques construit autour de 8 paramètres documentés pour être associés aux péri-implantites. En libre accès sur http://ircohe.net/IDRA, il est facile à remplir et peut entrer facilement dans une pratique quotidienne.
La chirurgie muco-gingivale repousse de nombreuses limites comme celui des accès chirurgicaux avec le moins d’incisions possibles. Une technique de l’enveloppe permet de glisser du tissu conjonctif avec un site receveur préservé au maximum.
Développement important du concept du traitement Parodontal Mini-Invasif (PMI)
La chirurgie parodontale minimalement invasive s’est développée depuis quelques années, notamment grâce à l’évolution des aides optiques et de toute la micro-instrumentation. Mais la Parodontie Mini Invasive dépasse largement cet aspect des choses.
Comme pour le gradient thérapeutique développé par Gil Tirlet et Jean-Pierre Attal, il existe aussi en parodontie, un gradient thérapeutique parodontal qui a permis de faire évoluer nos pratiques. Ce concept permet de reculer à chaque fois les limites pour restreindre le traumatisme opératoire, favoriser l’économie tissulaire, diminuer la mobilité et optimiser la cicatrisation.
Connaître le patient et maîtriser ses facteurs de risque a déjà été une évolution intellectuelle qui modifie, plus que les pratiques, les plans de traitement. La nouvelle classification des maladies parodontales profile les patients pour mieux évaluer les risques.
L’évolution de la thérapeutique non chirurgicale vers une approche mini invasive, notamment à l’aide des micro-curettes et des nouveaux inserts ultrasoniques, repousse les limites d’accès et permet d’obtenir des résultats cliniques toujours supérieurs les années passant en termes de gain d’attache et de diminution de la profondeur de poche (Nibali et coll. 2019).
Dans ce gradient de Parodontie Minimalement Invasif, l’interdisciplinarité trouve toute sa place, notamment le couple parodontie-orthodontie dont la littérature montre l’impact positif sur un parodonte sain et maintenu, même réduit.
Même les pratiques cliniques chirurgicales changent et on entend aujourd’hui parler de développement d’une chirurgie sans lambeau « flapless » dont la littérature est encore pauvre, mais qui suit l’air du temps et qu’il faut évaluer scientifiquement.
Dans cette optique, différents biomatériaux émergent de la littérature, certains pour éviter un prélèvement de conjonctif palatin, d’autres pour obtenir des réparations tissulaires des tissus osseux ou muqueux supérieures, avec des techniques toujours moins invasives. L’acide hyaluronique, par exemple, est très étudié en ce sens ces derniers temps, tant sur les tissus mous que sur le traitement des lésions intra-osseuses.
Dans ce gradient de Parodontie Minimalement Invasive, la chirurgie minimalement invasive et son essor considérable ont été une vraie révolution technique.
Un beau numéro Hors-Série de Réalités Cliniques coordonné par Virginie Monnet-Corti et son équipe vient juste de paraître. Le changement des concepts, la modification de l’instrumentation, du design des lambeaux, influent donc sur les techniques chirurgicales. Les techniques de préservation papillaire, de tunnelisation, de prélèvements palatins ont toutes été revues. Toutes ces évolutions ont permis d’affiner de plus en plus ces chirurgies qui nous ont donc donné des résultats extrêmement satisfaisants, en témoigne la publication de l’article de Clementini et coll. en 2019 ou de Barbato et coll. en 2020.
S’adapter, changer, se réinventer c’est vraiment ce que fait la parodontie depuis toujours !
Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain (MAMAC) de Nice : la place belle aux femmes !
La période du nouveau réalisme et du pop art est une période très rock, rebelle mais pleine de positivité. Mettre à l’honneur toute une génération de femme dans le monde entier est innovant.
Cette exposition, intitulée She-Bam Pow POP Wizz, retrace l’histoire d’une génération de femmes qui ont contribué largement à cette période très riche mais qui sont moins connues que les hommes malgré leur contribution. Les « Amazones du pop art », avec la figure tutélaire de Niki de Saint-Phalle et ses œuvres pleines de gaieté, sont un exemple de créativité, d’innovation, de modernisme et de joie de vivre qui ne peuvent que nous faire du bien !
Du fait de la situation sanitaire et du confinement, les lecteurs sont invités à se renseigner auprès du musée pour prendre connaissance l’éventuelle prolongation de l’exposition : www.mamac-nice.org
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