Le maximum de soins dans le minimum de séance : c’est possible, grâce à l’anesthésie ostéocentrale

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°14 - 7 avril 2021
Information dentaire

Une patiente se présente en consultation pour un bilan. Sans douleur particulière, elle est gênée par la teinte du composite sur sa 11 qui rend son sourire légèrement disgracieux. Des photos de profil, exobuccales et intrabuccales et un examen radiologique sont réalisés (fig. 1 et 2).

1er lauréat 2020 : Linda Martin

Grand Prix : Comment garantir une anesthésie de qualité en 2020 ?

Une première ! Organisé cette année pour la première fois, ce prix éditorial, placé sous l’égide de L’Information Dentaire avec le soutien institutionnel de Dentalhitec, a permis de mettre en lumière l’influence d’une anesthésie réussie sur la relation entre praticiens et patients, la prise en charge des soins et le confort de chacun.

Premier rendez-vous

Les explications de soins sont données et un enseignement des techniques de brossage est prodigué. La patiente comprend ainsi qu’avant de lui rendre un sourire plus harmonieux, un assainissement de sa cavité buccale doit être réalisé et que le succès dépend aussi de sa motivation à entretenir au quotidien son hygiène bucco-­dentaire. Les photos sont précieuses pour l’explication : voir son sourire sur un grand écran permet de visualiser les zones de rétentions alimentaires, les dysharmonies de formes et de teinte et aide grandement à la compliance du patient.

Pour le soin esthétique antérieur, la technique de la clé de silicone est expliquée. Au préalable, un éclaircissement est toujours proposé car il doit intervenir avant la restauration au composite et se terminer au moins deux semaines avant cet acte pour que la couleur des dents soit stabilisée et permettre une meilleure adhésion.

L’importance de la réhabilitation des secteurs postérieurs est démontrée notamment par la rotation de la 17 et l’égression de la 37. Ces étapes seront vues dans un second temps. Les étapes de traitement acceptées, nous pouvons établir un plan de rendez-vous (fig. 3).

Rendez-vous

Actes

Temps

1

Bilan de soins

Conseils d’hygiène bucco-dentaire

Explication du plan de traitement

1/2h

2

Soins de composite sur 35OD 250D 36V 360M 470M

Polissage soins 17

Détartrage

Empreinte alginate pour gouttière d’éclaircissement

2h

3

Démonstration et pose des gouttières d’éclaircissement

1/4h et 1/2h

4

Contrôle éclaircissement photos

1/4h

5

Contrôle éclaircissement photos empreinte maxillaire silicone

1/4h

6

Composite stratifié 11 Préparation onlay 46 et collage

2h30

 

Deuxième rendez-vous

Grâce à l’anesthésie ostéocentrale, tous les soins sont réalisés en une seule séance.

La première anesthésie se situe au niveau de la papille proximale entre 35 et 36. L’aiguille blanche de diamètre 0,30 mm et de longueur 16 mm est orientée de façon à avoir son repère légèrement décalé de la fenêtre du porte-aiguille (fig. 4). Ainsi, le biseau se pose à plat contre la muqueuse [1]. L’aiguille glisse doucement et de façon indolore dans la papille sur 2 mm et l’injection débute sans surpression sous contrôle électronique. Lorsque la papille montre une vasoconstriction suffisante, elle devient blanche et l’injection peut s’arrêter. La pièce à main s’oriente alors en direction de l’espace apical interdentaire avec un angle de 30 à 45° vestibulolingual (fig. 5). L’aiguille est mise en rotation pour pénétrer la corticale osseuse. Elle arrive ensuite dans la partie trabéculaire de l’os. Lorsque les deux tiers de l’aiguille sont sous la corticale, la rotation doit cesser et l’injection reprend avec une vitesse qui s’adapte électroniquement à la densité de l’os. Une demi-carpule d’articaïne 1/100 000 suffira à la restauration de ce secteur [2]. Le champ opératoire, le crampon, les ligatures sont placés (fig. 6) ; un crampon additionnel permet de descendre la ligature dans le sulcus de la 36 pour réaliser le soin vestibulaire (fig. 7). Les restaurations sont réalisées sans douleur (fig. 8) [3].

Le soin de la 25 est réalisé avec le même protocole d’anesthésie grâce une pénétration dans la papille distale facilitée par l’absence de la 26. La même carpule est utilisée et terminée. Pour anesthésier la 47, une aiguille orange de diamètre 0,40 mm permettra de passer la corticale plus dense de la branche montante de la mandibule (fig. 9). Dans cette zone, l’axe de pénétration de l’aiguille sera le même dans toutes les étapes : injection dans la muqueuse progressivement jusqu’au contact osseux puis mise en rotation pour passer la corticale puis injection d’une demi-carpule contrôlée électroniquement selon la densité de l’os trabéculaire [4].

Pour rendre le détartrage le plus agréable possible, la fin de la carpule sera injectée entre les incisives centrales mandibulaires (fig. 10). Pour passer la corticale, l’axe aura un angle plus petit. Grâce aux anesthésies ostéocentrales, le tonus musculaire est préservé. Les empreintes à l’alginate peuvent être réalisées en fin de séance, la patiente peut se rincer la bouche sans baver.

Rendez-vous suivants

L’éclaircissement se fera au peroxyde de carbamine à 10 % en ambulatoire grâce à des gouttières sur mesure sans réservoir. Les étapes sont expliquées au rendez-vous suivant pendant 15 minutes. La patiente est gardée ensuite au cabinet pendant 30 minutes pour noter la présence d’éventuelles sensibilités précoces.

Toutes les deux semaines, elle reviendra au cabinet pour des photos et pour bénéficier d’un nouveau jeu de seringues de peroxyde carbamine. Au dernier rendez-vous, une empreinte maxillaire au silicone permettra de réaliser un wax up et une clé palatine pour le soin composite stratifié sur 11.

Deux semaines après la fin du traitement d’éclaircissement, la stratification antérieure et un onlay sur la 46 seront réalisés. Dans ces deux secteurs, l’anesthésie ostéocentrale sera à nouveau un allié de choix pour rendre cette séance la plus douce possible.

Conclusion

Établir un plan de traitement de soins peut s’avérer compliqué dans l’organisation des étapes. Cela dit, lorsque l’anesthésie peut être indolore et ne handicape pas le patient pendant plusieurs heures après la fin du rendez-vous, la réflexion est simplifiée [5]. Au cabinet, nous avons pris l’habitude de réaliser tous les soins en une seule séance, même si les quatre secteurs sont concernés ; c’est en plus économique et écologique si on tient compte des consommables et des carpules d’anesthésie. Il suffit d’ajuster le temps du rendez-vous. De cette façon, l’environnement buccal est considéré comme sain et soit le patient passe aux étapes de chirurgie, de prothèse, d’esthétique, soit les soins sont terminés et un rendez-vous de maintenance annuelle est conseillé.

 

bibliographie

  1. Sixou JL. Du bon usage du biseau lors de l’anesthésie. Information Dentaire 2006 ; 37 : 2286-88.
  2. Terrer E, Talbi F, Couderc G, Vialatte L, Tramini  P, Tassery H. Anesthésie ostéo-centrale versus locorégionale du bloc du nerf dentaire inférieur. Information Dentaire 2014 ; 35 : 12-9.
  3. Ferrandino O. Comment éviter la douleur aujourd’hui ? Indépendentaire 2015 ; 132 : 38-42.
  4. Gerdolle D, Mortier E. Dentisterie restauratrice et esthétique et anesthésie intra-osseuse : applications cliniques. Le fil dentaire 2012 ; 71 : 22-8.
  5. Pascal R. Dr Éric Le Guédard : « J’ai appris à relativiser ». Solutions Septembre 2020 : 35-44.

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