La fin de la rotation continue ?

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°34 - 7 octobre 2020
Information dentaire
Largement plébiscitée depuis plusieurs années, la rotation continue a sensiblement évolué au cours de son histoire, toute jeune et pourtant assez dense. Conception et métallurgie ont évolué de concert pour calmer les appréhensions, légitimes dans les premiers temps, de praticiens aguerris et habitués des clean-grips foisonnants d’instruments aux manches colorés… C’était avant le CBCT et les localisateurs d’apex commençaient à peine à apparaître dans les cabinets français.
Depuis, formations continues et initiale aidant, son utilisation s’est tellement répandue qu’il devient passéiste de reprendre à la main le moindre instrument, gage de perte de temps et donc de rentabilité.
Dans ce doux ronron, un acteur récent mais non dénué d’atouts, Komet, présente une solution alternative, dans tous les sens du terme, censée pallier les insuffisances des techniques de mise en forme en rotation continue et diminuer encore le temps de traitement sans rien sacrifier à la qualité du travail obtenu. Qu’en penser ?

VRAI/FAUX

1 / Les instruments mécanisés de mise en forme en rotation continue comme en mouvements alternés sont conçus selon les mêmes principes.

2 / La rotation continue a significativement amélioré le pronostic des dents traitées endodontiquement au cours des vingt dernières années.

3/ La mise en forme endodontique par mouvements alternatifs est une innovation du XXIe siècle issue d’un Think Tank endodontique international.

1/ Vrai et faux

Les paramètres de conception d’un instrument endodontique sont nombreux et s’influencent entre eux ; un instrument donné n’est que le compromis, à un instant T, entre ces différents paramètres afin d’obtenir le résultat escompté en termes d’efficience et de sécurité. En fonction de la dynamique instrumentale préconisée, les impératifs mécaniques sont différents et un comportement différent sera aussi attendu de l’instrument. Néanmoins, la conception de ces deux catégories d’instruments ne diffère pas significativement, qu’il s’agisse du dessin de la pointe, de la géométrie globale (profil et section) ou, plus récemment, des traitements, thermiques pour la plupart, conçus pour améliorer souplesse et résistance aux contraintes de travail rencontrées.

Avec le Procodile, Komet a conservé les paramètres fondamentaux qui font le succès de ses instruments en rotation continue : deux spires seulement pour favoriser la flexibilité à travers une âme centrale réduite et des angles de coupe positifs afin de faciliter l’évacuation des débris en direction coronaire. La recette fonctionne aussi bien en rotation continue qu’avec le mouvement ReFlex, spécifique au moteur EndoPilot, lui-même dédié au Procodile.

Sans entrer dans les détails, retenons simplement que ce mouvement alternatif est couplé avec un capteur de contraintes intégré au moteur qui déclenche, à un niveau prédéterminé, une rotation inverse censée dégager l’instrument de son engainement. La mise en forme obtenue, avec un mouvement beaucoup plus doux que la réciprocité proposée par ailleurs, correspond aux standards, pour peu que l’on intègre l’outil dans une véritable séquence endodontique : mise en forme de la cavité d’accès pour éviter toute interférence, exploration avec une lime manuelle de petit diamètre, irrigation abondante… et protocole de désinfection final restent indispensables pour tirer le meilleur parti de cette mise en forme obtenue en un temps record !

2/ Faux, mais peut-être plus pour longtemps…

Ce sera probablement une question difficile à trancher scientifiquement, tant les paramètres du succès sont nombreux et les causes d’échec tout aussi fréquentes ! En simplifiant à peine, si le diagnostic est correct et que la procédure correspondante est menée dans des conditions d’asepsie/antisepsie satisfaisantes, le succès doit être au rendez-vous pour peu que la restauration coronaire assure une protection correcte contre toute pénétration bactérienne. Difficile d’attribuer une part de ce succès au seul système de mise en forme endodontique. D’autant que la plus grande majorité d’entre eux repose sur le même paradigme en termes de diamètre et de conicité « idéaux ».

Il n’en reste pas moins que plusieurs signaux sont positifs : l’intérêt de plus en plus de praticiens pour la formation continue en endodontie et celui de nombreux étudiants en quête d’une spécialité aussi médicale que technique, exigeante mais valorisante.

L’investissement de Komet dans le secteur ne doit rien au hasard : en maîtrisant de longue date toutes les subtilités de l’usinage de métaux divers et variés, mais pas que, le fabricant allemand a su recueillir les attentes d’un public friand de nouveautés, pour peu qu’elles soient opérationnelles rapidement et représentent un gain tangible, en efficacité et/ou en confort de travail. Chaque ressenti est personnel : peu pourront nier le niveau de confort atteint avec le couplage du localisateur d’apex (ou de constriction apicale, plus exactement) au moteur entraînant l’instrument de mise en forme. S’il ne dispense pas d’une (ou plusieurs…) mesure préalable à l’aide d’un instrument manuel, il apporte un niveau de sécurité intéressant pour une mise en forme apicale précautionneuse et efficace.

3/ Faux

Les prémices des mouvements alternatifs remontent aux calendes grecques ! Plus exactement au mitan des années 80, lorsque Roane décrit le mouvement des forces équilibrées et Morgan la technique de préparation corono-apicale sans pression. Tout à la main, certes, avec une débauche d’instruments conventionnels éventuellement modifiés, certaines de ces modifications étant devenues standard, avec le temps, comme le Safety Tip, pointe émoussée non travaillante devenue incontournable sur la plupart des instruments actuels.

Puis vint le temps de la mécanisation, depuis ses balbutiements, qui ont fait dire à certains que l’on réinventait le Lentulo, jusqu’aux derniers développements d’alliages au comportement parfaitement contrôlé et adapté aux morphologies endodontiques les plus complexes.

Il restait à faire le lien entre ces deux paramètres, reproduire mécaniquement la dynamique instrumentale originale et diablement efficace présentée par les précurseurs. À ma connaissance, c’est le Pr Yared de Toronto qui remet au goût du jour le mouvement des forces équilibrées en l’appliquant à des Protaper grâce à un moteur programmable que les amateurs s’arrachent encore. Les instruments tournaient dans le bon sens à l’époque, la rotation majoritairement anti-horaire n’ayant été introduite que pour tenter de contrôler leur utilisation, uniquement possible avec les moteurs spécialement développés.

Là aussi, un pas a été franchi grâce à l’intégration d’une électronique de gestion complexe. Le moteur EndoPilot mérite son nom, on peut l’assimiler à une centrale de navigation sur un bateau ! En rotation continue, le couple diminue à l’approche de la zone apicale pour une finition délicate, puis s’arrête pour redémarrer en douceur afin de finir d’évacuer les débris. En mode ReFlex, la mesure quasi instantanée des contraintes subies par l’instrument déclenche le mouvement inverse en cas d’atteinte d’un seuil prédéfini. D’après ce que l’on peut en déduire, les valeurs d’angle ne seraient pas fixes mais définies par les difficultés rencontrées (ou pas) par l’instrument lors de sa progression.

4/ AMHA…

Difficile de trancher sur cette question, tant les paramètres, nouveautés et innovations se succèdent à un rythme effréné ! La rotation continue est devenue le gold standard de la mise en forme endodontique, à ce jour… Nul doute que les mouvements alternatifs, intelligemment mis au goût du jour et des attentes, ont leur carte à jouer. Le mouvement ReFlex, impulsé par le moteur EndoPilot pour entraîner les nouveaux instruments Procodile, présente une alternative intéressante à la réciprocité, pour ceux qui apprécient une plus grande douceur de maniement en conservant une efficacité radiologiquement objectivable.

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