Voyage au fil des mots

Azami,
Aki Shimazaki
Éditions Actes Sud

Mitsuo Kawana rencontre par hasard Gorô Kida, un ancien camarade de classe devenu président d’une importante compagnie d’alcools et spiritueux. Il est fort surpris lorsque celui-ci l’invite dans un club très select où travaille une autre amie d’enfance, la belle Mitsuko. Quant à lui, Mitsuo, il mène une carrière de rédacteur en espérant fonder sa propre revue d’Histoire. Il vit des jours heureux avec Atsuko, son épouse, mère de ses deux enfants. Mais ces récentes retrouvailles raviveront ses rêves et ses désirs d’adolescent.
Avec sa prose intimiste, Aki Shimazaki, Japonaise qui écrit directement en français, explore ce que l’on croit discerner derrière le mur des apparences.
L’œuvre d’Aki Shimazaki s’articule autour de séries de cinq romans bien distincts, mais où l’on retrouve quelques personnages. Après Le Poids des secrets et Au cœur du Yamato, elle vient de commencer un nouveau cycle avec Azami suivi de Hozuki, qui traite, lui, de l’amour maternel où l’héroïne est la mystérieuse Mitsuko.

Tout dort paisiblement sauf l’amour,
Claude Pujade Renaud
Éditions Actes Sud

En 1855, aux Antilles danoises, dont son époux est le gouverneur, Régine Olsen apprend la disparition de Søren Kierkegaard qui l’aima avec ferveur et rompit leurs fiançailles. Séparée de ces événements par un océan et quinze années, bien que mariée et heureuse, elle ne cesse de s’interroger : de quelle difficulté à vivre Kierkegaard souffrait-il, pourquoi une étrange malédiction semble-t-elle peser sur sa famille ? Au fil des ans, des décennies, de retour à Copenhague, Régine poursuit sa quête dans ses lectures, ses souvenirs, ses échanges avec un neveu et une nièce du disparu, cependant que grandit la renommée de ce dernier.
Nourri notamment des journaux et de la correspondance de Kierkegaard, ce roman à plusieurs voix explore les dimensions à la fois poétiques et tragiques d’un penseur qui ne se voulait pas philosophe et chérissait les arbres, les chevaux, les oiseaux et Mozart. Un personnage énigmatique qui, tour à tour, se révèle et se dérobe à travers ce tissage entre l’existence et l’œuvre. Un grand livre de Claude Pujade Renaud.

La Jeune Épouse,
Alessandro Baricco
Éditions Gallimard

L’auteur de Soie, revient sur la scène littéraire avec un récit mi-philosophique mi-libertin plein de délicatesse et de virtuosité.
Au début du XXe siècle, en Italie, la Jeune Épouse (elle n’est jamais nommée, ni les autres personnages du roman à l’exception de Modesto, le valet) fait son apparition devant la Famille, qui n’est pas sans nous rappeler celle de Fabrizio Salina du Guépard. Elle a dix-huit ans et débarque d’Argentine, car elle doit épouser le Fils. En attendant qu’il rentre d’Angleterre, la Jeune Épouse vit une véritable initiation sexuelle : la Fille la séduit et fait son éducation, dûment complétée par la Mère, et le Père la conduit dans une Maison de Rendez-vous où elle écoutera un récit dévoilant les mystères de cette famille aux rituels aussi insolites que sophistiqués. Mais le Fils ne revient toujours pas, il se contente d’expédier toutes sortes d’objets insolites, qui semblent annoncer son retour. Quand la Famille part en villégiature d’été, la Jeune Épouse décide de l’attendre seule, une attente qui sera émaillée de surprises…

Escalier 3,
Eduard von Keyserling
Éditions Jacqueline Chambon

Considéré comme un maître par Thomas Mann, le comte Eduard von Keyserling (1855-1918) est incontestablement l’écrivain le plus représentatif de l’impressionnisme allemand et l’exemple parfait de l’esprit “fin de siècle”. Ses grands romans de maturité sont regroupés dans le cycle Histoires de château. Aujourd’hui, l’éditrice Jacqueline Chambon, aussi sa traductrice, nous offre à lire Escalier trois, son second roman datant de 1892.
Lothar von Brückmann, double de l’écrivain, quitte le château familial pour découvrir les plaisirs de la vie viennoise. Trahissant sa classe sociale, il devient le rédacteur du journal social-démocrate L’Avenir. Mais son idéalisme va voler en éclats après une série d’attentats qui plonge la Vienne de Strauss, joyeuse et insouciante, dans la tragédie.
Issu d’une lignée de barons baltes de langue allemande, installés aux confins de la Prusse Orientale dont dépendait la Courlande (l’actuelle Lettonie) jusqu’au début du XXe siècle, Keyserling dépeint, dans une langue élégante et ironique, le crépuscule d’une société encore somptueuse, mais irrévocablement poussée vers sa fin.

Le grand marin,
Catherine Poulain
Éditions de l’Olivier

Né à Manosque en 1960, Lily (Catherine Poulain) quitte à vingt ans sa Provence natale pour courir le monde et devenir employée d’une conserverie en Islande, travailleuse agricole au Canada ou barmaid à Hong Kong.
Puis c’estle grand départ vers l’Alaska pour accomplir son rêve le plus fou : aller pêcher la morue sur un chalutier, elle qui n’a jamais pêché de sa vie. C’est au cœur de l’Alaska qu’elle décide de le réaliser.
Sur Le Rebel, bateau qui l’adopte pour sa première pêche, elle va faire l’expérience de la vie de marin. Au milieu de ces hommes rudes pour qui elle est « Moineau » ou « la petite Française », Lily est touchée par chacun d’eux, leur violence, leur souffrance et surtout leur volonté. À terre, elle traîne avec eux de bar en bar. C’est là qu’elle va rencontrer le grand marin. Ce grand marin, exemple parfait du pêcheur absolu, la bouleverse sans jamais lui faire abandonner son idéal de liberté.
Porté par un style magnifique et séduisant, Le grand marin est un fabuleux roman d’initiation et d’aventures. Les jurés du festival Étonnants Voyageurs de Saint Malo ne se sont pas trompés en lui décernant le prix Joseph Kessel 2016.