L’Evidenced Based Medicine (EBM), aux multiples traductions françaises (médecine factuelle, médecine fondée sur les faits, médecine fondée sur les données probantes/sur des preuves, etc.), a changé l’approche médicale au cours des dernières années, depuis les travaux fondateurs de Sackett, Rosenberg, Haynes et Richardson [1]. Cette approche vise à intégrer et formaliser l’expertise du clinicien (compétence et jugement, capacités diagnostiques, etc.), le patient (droits demande, vécu, etc.), ainsi que la prise en compte des « meilleures données cliniques externes ». Il s’agit des recherches pertinentes sur un plan clinique, souvent issues de la recherche médicale fondamentale, mais surtout des recherches cliniques sur les tests diagnostiques centrés sur le patient (y compris les examens cliniques) les plus exacts et précis, sur la puissance des marqueurs pronostiques, et enfin sur l’efficacité et l’innocuité des schémas thérapeutiques, de réadaptation et de prévention (fig. 1).
Schématiquement, cette dernière partie consiste à mettre en œuvre le processus PICO :
– P (patient, problem or population) : formuler une question clinique claire et précise à partir d’un problème clinique posé ;
– I (intervention) : rechercher dans la littérature des articles cliniques pertinents et appropriés sur le problème ;
– C (comparison/control/comparator) : évaluer de façon critique la validité et l’utilité des résultats trouvés et notamment identifier le « niveau de preuve » des sources (fig. 2) ;
– O (outcomes) : issue clinique recherchée ; mise en application des résultats de l’évaluation dans la pratique clinique pour une prise en charge personnalisée de chaque patient.
Cette approche est également appliquée dans le champ de la médecine dentaire.
Projet eC-EBD
À la suite d’un premier travail initié par plusieurs universités européennes, un projet transnational a été lancé et financé par l’Union européenne. Intitulé eC-EBD (Undergraduate curriculum and e-course on evidence based dentistry project), son but est de définir et de proposer des objectifs pédagogiques à l’intention des étudiants de second cycle, d’intégrer l’EBD dès la formation initiale afin de former les étudiants le plus tôt possible à l’évolution des connaissances.
Le groupe de travail comprend les universités de Tromso, Nijmegen, Gazi, Leuven et Paris Diderot, incluant les Professeurs Asbjorn Jokstad, Philippe Bouchard, Katleen Vandamme, Nico Creugers, Yves Boucher, Ignace Naert, Cansu et Gökhan Alpaslan, et les Docteurs Anne Gussard, Nikola Damyakov et Frederique Niesten.
La situation initiale de l’enseignement de l’EBD a été appréciée dans les facultés participant au projet lors de la première réunion du groupe d’étude Erasmus+.
Plusieurs réunions ont eu lieu afin d’élaborer le référentiel, qui doit être finalisé en juin 2016, lors de la dernière réunion du groupe. Le document final (e-course) sera alors publié en ligne, sur un site dédié qui sera ensuite en accès public, en langue anglaise. Il sera présenté au meeting annuel de l’Association for Dental Education in Europe (ADEE).
Ce document définissant un référentiel de l’enseignement EBD pour les étudiants de second cycle sera mis à disposition de la communauté universitaire et pourra être utilisé par toutes les Facultés dentaires. Il pourra être traduit et adapté aux réalités nationales et régionales.
Référence
Sackett DL et al. Evidence based medicine : what it is and what it isn’t, BMJ 1996 ; 312 (7023) : 71-72.
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