« Comme la plante est liée au sol par des prolongements qui lui apportent les éléments nécessaires à son essor, l’homme est fixé à son terroir et à sa culture par des racines qui se façonnent tout au long des générations et qui lui confèrent son identité. Si d’aventure elles se brisent, elles ne cicatrisent jamais. Pour moi, enfant d’immigrés ballotté de villes en villages, de lycées en pensionnats, recréant après chaque bouleversement un nouvel environnement et de nouveaux liens, m’adaptant à des paysages inhabituels et à des accents insolites, j’ai rompu, à de nombreuses reprises, ces fils ténus. Chaque fois que la bouture émettait de frêles radicules, de nouveaux bouleversements les cassaient net. »
Dans ses Chroniques des temps de guerre, notre confrère Germain Zeilig pleure ses racines disparues. De Petrograd et de Kiev, il y raconte le parcours d’enfants de deux familles juives qui se rencontrent à Paris et fondent une famille. La guerre et l’occupation bouleverseront leur vie. Intégrés et assimilés dans la République française, ils se sentiront rejetés par leur nouvelle patrie et vivront dans l’angoisse. De Cannes à Pau, passant par Grenoble, ils fuiront devant la chasse qui leur est donnée et s’adapteront, tant bien que mal, aux conditions de leur vie errante. « Personne ne soupçonne cette plaie souterraine et incurable. Telle une plante aquatique flottant au gré des courants, je suis sans racine et sans terre et ne me suis jamais senti “chez moi”. » Un sentiment que les lecteurs toucheront du doigt en se plongeant dans son récit.
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