Cet article, réalisé par une équipe iranienne en 2016 et publié dans une revue impactée, est une revue de la littérature portant sur les liens existant entre microbiote oral et carcinome épidermoïde de la cavité orale accompagnée de schémas pédagogiques proposant des modèles expliquant les liens entre parodontite chronique et cancer tête et cou et/ou entre inflammation chronique et modifications cellulaires.
La cavité orale comprend un écosystème complexe en équilibre comptant une communauté microbienne de plus de 700 espèces bactériennes commensales et opportunistes, champignons et virus vivant en symbiose avec le système immunitaire de l’hôte. Une compétition inter-bactérienne est retrouvée. Certaines d’entre elles ont un rôle clé dans le développement des maladies bucco-dentaires. Les relations entre microbiome oral (correspondant au microbiote et à son environnement) et les conditions systémiques telles que le cancer de la tête et du cou sont des sujets d’actualité. Des preuves émergentes suggèrent également un lien entre la maladie parodontale et le cancer oral. En effet, une dérégulation du système immunitaire (diabète, obésité, stress, âge…) et/ou une dysbiose de ce microbiote oral (parodontite) peuvent générer inflammation chronique et cancer.
Tezal et al. avaient déjà rapporté en 2009 que la parodontite chronique était un facteur de risque élevé pour les lésions précancéreuses et le cancer de la cavité orale. Magger et al. ont suggéré que des concentrations salivaires élevées de Prevotella melaninogenica, Streptococcus mitis et Porphyromonas gingivalis pouvaient constituer des biomarqueurs dans la cancérisation. De plus, l’implication de Porphyromonas gingivalis et Fusobacterium nucleatum comme des bactéries pro-inflammatoires est clairement détaillée. La détection de ces bactéries en grande quantité est un facteur de mauvais pronostic. Il existe moins de preuves sur les liens entre les Candida et la cancérisation. Quant aux virus, les auteurs mettent en avant le papillomavirus (HPV) et rapportent qu’une inflammation chronique en lien avec une parodontite chronique non traitée peut faire le lit du HPV.
L’absence de microbiologiste dans cet article est mise en avant par quelques erreurs qui se retrouvent dans la lecture. De plus, les auteurs ne donnent pas de solution pour quantifier de façon reproductible les bactéries potentiellement impliquées dans la cancérisation. Il n’en reste pas moins que cet article fait un point sur la littérature et sur les liens entre le microbiote oral et le développement de carcinome épidermoïde au niveau de la cavité orale. Les études sont encore limitées et nous pouvons espérer lire prochainement des études complémentaires renforçant ce concept de 6e organe et d’équilibre fragile entre notre système immunitaire et le microbiote que nous hébergeons.
Après l’antibiothérapie, la chimiothérapie, l’immunothérapie, la microbiothérapie est en pleine démocratisation ; preuve en est : la première journée scientifique du Groupe Français de Transplantation Fécale a eu lieu le 16 juin 2017 à l’hôpital Cochin-Paris.
Une étude sur le lien entre microbiote oral et carcinome épidermoïde de la cavité orale
- Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
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