Au cours de leur carrière professionnelle, un quart des soignants ont déjà eu des idées suicidaires en raison de leur travail, montre une enquête de l’association Soins aux professionnels de santé (SPS) dévoilée le 6 décembre pour son troisième colloque annuel. Cette proportion est la même quelle que soit la profession de santé exercée, l’âge ou le sexe. En revanche, ils sont plus nombreux en milieu rural, selon cette étude réalisée auprès d’un peu plus de 700 professionnels de santé (60 % de médecins) entre le 15 octobre et le 20 novembre 2017. Seulement 42 % de ceux qui ont eu des pensées suicidaires en ont parlé à quelqu’un.
Pour la moitié d’entre eux, ils se sont adressés à un membre de leur famille, pour plus d’un tiers à un psychiatre en consultation, pour un tiers à un confrère ou un ami. « La majorité n’en avait donc parlé à personne, relève l’association. Ce constat révèle l’importance, pour les soignants, d’avoir désormais à disposition une plateforme d’appel dédiée, qui permet d’être écouté 24 heures/24 et 7 jours/7 et, si besoin, d’être orienté vers des soins adaptés. » 40 % des sondés disent connaître un confrère ou une consœur qui a fait une tentative de suicide et, pire, chaque professionnel rapporte, en moyenne, près de 2,5 tentatives dans son entourage, dont la moitié a abouti à un décès… Ceux qui ont été confrontés au suicide rapportent majoritairement une remise en question de leur confiance en eux et de la qualité de leurs soins.
Privation de sommeil
Une seconde étude du réseau Morphée, consacrée à la prise en charge des troubles du sommeil, portant sur 1 000 soignants et publiée le même jour, montre que très majoritairement, les jours où ils travaillent, le temps de sommeil des soignants est significativement plus court : 6 heures contre 6,45 pour les non-soignants. Autre différence significative : les soignants sont 60 % à dormir moins de 6 heures en semaine contre 44,8 % des non-soignants. Une majorité des professionnels de santé se plaint d’insomnie : 62 % ont un trouble d’endormissement, 80 % un trouble de continuité du sommeil, 71 % des éveils précoces et 67 % un sommeil non récupérateur. La somnolence touche 32 % d’entre eux et la fatigue diurne 80 %. Par ailleurs, 37 % se plaignent d’endormissement au volant…
Un numéro vert pour trouver de l’aide
Depuis le 28 novembre 2016, date de son ouverture, la plateforme d’appels SPS (un numéro vert – 0 805 23 23 36 – et disponible 24h/24 et 7j/7) a enregistré plus de 1 800 appels, en majorité des femmes (les trois quarts). Une moitié est salariée, un tiers travaille en libéral. Au palmarès des professions les plus représentées : infirmiers (33 %), médecins (30 %), aides-soignants (15 %), pharmaciens (7 %), chirurgiens-dentistes (5 %). Parmi les motifs d’appels, l’épuisement professionnel arrive en tête (un quart des appelants) suivi par les demandes d’informations, les conflits avec la hiérarchie, les dénonciations des conditions de travail, les problèmes
de santé (troubles musculo-squelettiques…), la démotivation, les conflits avec un collègue, les ressentis de harcèlement.
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