Un confrère nous livre une histoire vietnamienne

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Premier roman de Patrick Taisne Nguyên, paru chez Ella éditions, Dòn gánh est une traversée du Vietnam, de l’après-guerre à nos jours. Sur fond d’Histoire se dessinent les vies de Hoa, Khanh, Kiêu, Liên et Xuân, personnages d’une tragédie amoureuse et familiale qui se débattent avec leurs destins.
Depuis les années 1980, Patrick Taisne partage sa vie entre la France et le Vietnam. Chirurgien-dentiste, admirateur depuis son plus jeune âge de Pearl Buck (La terre chinoise) et de Jean Hougron (La nuit indochinoise, La gueule pleine de dents), il s’est lancé dans l’écriture récemment avec l’envie de raconter le Saigon qu’il aime tant.

L’histoire débute avec la Révolution communiste. Pour survivre dans ce monde nouveau qu’il refuse, Khanh enchaîne les combines. De son côté, Kiêu est une révolutionnaire obstinée. Malgré leurs différends politiques, ils vont vivre une histoire passionnelle et conflictuelle. Dans la deuxième partie, l’auteur entraîne le lecteur dans les pas de Xuân, le fils de Khanh, qui tente de s’affranchir de l’héritage paternel, et de Liên, la femme qu’il aime. En arrière-plan, Huong, la marchande de soupe, « promène sa palanche [« dòn gánh » en vietnamien], semblant peser les âmes, se révélant la messagère du destin ». Les personnages se retrouvent dans une situation exceptionnelle, résumée par l’adage que l’auteur aime à citer : « Rassasié on devient Bouddha, affamé on devient un diable malfaisant. »

Patrick Taisne a voulu que Dòn gánh soit « le plus vietnamien possible ». Il connaît tous les lieux dont il parle : il s’y est baladé, il y a dîné, il y a écrit… Les couleurs, les bruits, les parfums et les goûts sont restitués par une écriture sensible. Les personnages sont « issus d’une galerie de portraits amassés au fil de trente-cinq années de séjour au Vietnam » et les anecdotes sont « presque toutes authentiques ». Mais la particularité du roman réside dans les « bizarreries de style», dans ces expressions vietnamiennes traduites littéralement dont le but était de faire croire que le roman avait été écrit en vietnamien puis traduit en français.

Dòn gánh fait voyager, donne à voir un pays qui finit par sembler familier et lointain en même temps, il dépayse. À cela s’ajoutent un rythme soutenu et une intrigue captivante, à découvrir.

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