Au lendemain de la première Guerre mondiale, face à la montée en puissance d’Hitler
et de Mussolini, la France décide d’adopter une stratégie de défense. En 1927, André Maginot (1877-1932), ministre de la Guerre, présente le projet d’une série d’ouvrages fortifiés, du nord au sud, sur plus de 700 kilomètres le long des frontières françaises. Stratégiquement, le but de cette défense est de retarder l’ennemi en l’empêchant de passer, en le fixant sur place pendant quelques jours, le temps qu’à l’arrière la défense puisse organiser une riposte.
Le fort du Cap Martin
Le fort du Cap Martin est construit de 1931 à 1933 (fig. 1). Cet ouvrage mixte, servant à l’infanterie et à l’artillerie avec ses trois blocs d’artillerie équipés de mortiers de 81 mm et de canons de 75 mm, est enterré en puits sur trois niveaux. Il comporte des blocs d’artillerie bétonnés reliés entre eux par un réseau de galeries souterraines. Celles-ci abritent une importante caserne souterraine avec ses logements, sa cuisine, sa centrale électrique (fig. 2), sa centrale d’aération, son unité sanitaire, son unité de commandement, son armement, ses munitions, sa réserve d’eau. Le fort est conçu pour un « équipage » de 340 hommes et de 11 officiers et sous-officiers capables de vivre en autarcie complète pendant plusieurs jours.
Placé à proximité de la frontière italienne, le fort est attaqué dès juin 1940 et résiste du 11 au 25 juin à une redoutable offensive des troupes d’élite du Duce, les empêchant de forcer le passage pour s’emparer de Nice.
Si, sur la frontière allemande, la ligne Maginot fut complètement dépassée, c’est tout le contraire dans le secteur des Alpes du Sud où elle résista en jouant un rôle décisif pour la suite des hostilités. Ses équipages appartiennent à la seule armée invaincue, l’Armée des Alpes.
Réhabilitation du fort
Depuis 1993, l’AMI de la Commission d’Organisation des Régions Fortifiées (AMICORF) est à l’origine de la réhabilitation de l’ouvrage fortifié du Cap-Martin. Cette remarquable association de bénévoles, très motivés, a pour but de restaurer, d’entretenir, de faire visiter et connaître le patrimoine historique de ces ouvrages. Grâce au dynamisme de l’AMICORF, à la suite de la réhabilitation d’une infirmerie (fig. 3) et d’un bloc opératoire (fig. 4), il a été décidé de reconstituer un cabinet dentaire avec l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Art Dentaire (ASPAD), comme ce fut réalisé dans d’autres sites de la ligne Maginot, tels que Hackenberg, Feste de Guentrange ou Simserhof en Moselle.
Reconstitution d’un cabinet dentaire
En 2018, l’ASPAD fait don du matériel d’un cabinet dentaire Ritter complet (Strasbourg décennie 1930, modèle acajou) (fig. 5a-c). Il est composé d’un équipement unit Ritter et fauteuil à pompe avec son éclairage quatre boules, remis en fonction par l’AMICORF, avec son spot à focalisation, son moteur électrique bras Doriot, équipé de son ventilateur, assisté d’un compresseur Ritter avec sa cloche verre 1935.
Tout cet équipement est accompagné d’un générateur de radiographie Ritter (décennie 1930) avec son volumineux double transformateur à bain d’huile pouvant produire des courants de 40 000 à 50 000 V, sous 10 à 20 mnA. Il alimente un tube RX de Coolidge, derrière sa grille de protection. Destiné aux radiographies buccales, il peut servir éventuellement pour des radios de la tête, d’une main, d’un thorax ou d’un pied (fig. 6a-b). Naturellement, toute une petite instrumentation est fournie en même temps, avec son lot de daviers et un stérilisateur Poupinel 1934. L’ASPAD est heureuse d’avoir pu participer à cette reconstitution de matériel rigoureusement d’époque avec l’AMICORF de Roquebrune-Cap-Martin qui continue à réaliser un travail gigantesque. Nous recommandons tout spécialement la visite très intéressante de ce site mémorable peu connu.
Les visites
Le fort est généralement visitable tous les samedis à 14 h 30.
Prévoir deux heures et demie de visite.
Renseignements et réservations préalables obligatoires auprès de l’Office de tourisme de Roquebrune-Cap-Martin (Alpes Maritimes) : 04 93 35 62 87, otroquebrunecm@live.fr
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