Trucs et astuces : racines sensibles, les solutions actuelles efficaces

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire
Cette séance avait pour objectif de permettre aux participants d’acquérir les données actuellement fondamentales et cliniques dans le traitement restaurateur et/ou chirurgical des lésions cervicales.

Séance du jeudi 26 novembre - Responsable scientifique : Eric Maujean

L’hyperesthésie
Conférence de Marika Gadeau
L’hyperesthésie dentinaire peut se définir simplement comme une douleur aiguë sur une partie de dentine à nu. Deux théories sont avancées pour expliquer le mécanisme, l’une étant la théorie hydrodynamique, l’autre la théorie nerveuse.
L’hyperesthésie peut être liée soit à une récession gingivale (on parlera alors de sensibilités radiculaires), soit à des lésions non carieuses. Dans ces dernières, on distingue l’abrasion, l’érosion, l’attrition et l’abfraction.
Le diagnostic différentiel doit tenir compte des lésions carieuses, des fissures, des restaurations fracturées, des pulpites, du bruxisme et des sensibilités post-thérapeutiques (blanchiment, détartrage…).
L’arsenal thérapeutique est large et passe par une étape de prévention (réévaluation des techniques de brossage, évaluation alimentaire…). Trouver la ou les étiologies est essentiel au succès thérapeutique.
A son domicile, le patient peut adapter, si nécessaire, le dentifrice et le bain bouche. De nombreuses molécules sont à notre disposition et, à ce jour, la littérature ne montre aucune supériorité entre ces produits.
Au cabinet, on peut utiliser en plus :
– des agents topiques en une seule fois ;
– des vernis ou des agents adhésifs ;
– le laser : certains vont scléroser les tubulis pendant que d’autres agiront sur les terminaisons nerveuses ;
– l’ionophorèse : efficace, mais difficile à mettre en œuvre.
Enfin, dans les cas de défauts cervicaux ou de récessions gingivales, il faudra passer par des thérapeutiques dites invasives.

Les composites et classe V
Conférence de Hugues de Belenet
Face à des lésions cervicales profondes, les contraintes occlusales ne se transmettent plus de manière harmonieuse au sein de la dent. Elles vont se concentrer au fond de la lésion et accélérer le processus de destruction. La restauration de ces lésions avec un composite, associée au collage, va jouer un rôle « d’amortisseur de contraintes ».
Nombreux sont les échecs de composite de classe V, car cette zone anatomique est défavorable à l’établissement d’une couche hybride. Au collet, les tubulis dentinaires sont peu nombreux avec un diamètre réduit, et l’émail est extrêmement mince et fragile. Sur des lésions cervicales plus anciennes, la présence de dentine sclérotique avec une couche sus-jacente (de quelques microns) rend la zone totalement réfractaire au collage. Composée d’une couche bactérienne et d’une couche hyperminéralisée protégeant la dent des attaques acides, cette couche est à éliminer impérativement avant tout collage.
Aujourd’hui, il n’existe pas de matériau idéal pour ces lésions. Le clinicien doit faire son choix en fonction du cas clinique et du cahier des charges du matériau.
L’isolation est essentielle au succès à long terme des restaurations. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les systèmes M&R sont moins sensibles à la technique et à l’opérateur que les systèmes SAM.
Enfin, la technique de stratification « en berceau » de petites masses composites répond à différents objectifs : intégration esthétique, limitation du stress de polymérisation et reproduction du bombé cervical.

Recouvrement radiculaire : les techniques innovantes
Conférence de Jean-Marc Glise
Le recouvrement radiculaire pour traiter l’hypersensibilité a été étudié dans neuf études. L’hypersensibilité y est rapportée, mais malheureusement pas quantifiée. Outre cela, avec cette thérapeutique, sa diminution est généralement observée.
Il existe différentes techniques de recouvrement radiculaire. Les lambeaux de positionnement coronaire ne sont pas considérés comme l’idéal. Une étude montre en effet qu’au bout de huit ans, une diminution du recouvrement est observée. À l’inverse, quand celui-ci est utilisé avec un conjonctif enfoui, les résultats sont nettement plus satisfaisants.
La mise en évidence de la jonction émail-cément dans les lésions va être essentielle pour envisager ce type de chirurgie plastique parodontale. Elle va permettre de déterminer la ligne de recouvrement radiculaire maximale. Ce sont des équipes italiennes (Cairo et al, P. Prato) qui mettent en avant le fait que cette ligne a un rôle de prévisibilité du résultat attendu. La hauteur de la récession et le niveau d’attache interproximal sont également à considérer pour la déterminer. En fonction du résultat, il sera possible de déterminer si oui ou non un recouvrement total peut être attendu.
Dans les cas défavorables (recouvrement seulement partiel), une technique restauratrice doit être associée à celui-ci.

La microchirurgie plastique parodontale
Conférence d’Alexandre Sarfati
L’intérêt de la microchirurgie est de limiter l’étendue de l’intervention. Les avantages sont :
– une cicatrisation moins longue ;
– une diminution du risque de morbidité ;
– une diminution des éventuelles traces d’intervention post-chirurgicale.
La classification « Early wound-Healing Index » est intéressante pour définir le type de cicatrisation auquel nous avons affaire.
La microchirurgie nécessite des outils spécifiques comme des moyens de grossissement (loupes) ou des lames étroites. Pour ce qui est des fils de suture, il faut comprendre que la difficulté se trouve dans la revascularisation des tissus. Des fils de petit diamètre, non résorbables, sont alors préférés. Le monofilament présente l’avantage de ne pas retenir la plaque, contrairement à la soie.
La littérature montre bien que le lambeau de positionnement coronaire (LPC) associé à un conjonctif est supérieur au LPC seul.
Dans les « nouveautés », les protéines de l’émail tel que l’Emdogain® n’ont pas encore fait l’objet d’études lorsqu’elles sont utilisées seules pour un recouvrement radiculaire. Par contre, il a été montré que lorsqu’elles sont associées à un LPC, les résultats en termes de recouvrement sont supérieurs au LPC seul.
Les substituts de tissus comme les membranes collagéniques n’améliorent pas les résultats.
Enfin, les facteurs de croissance retrouvés dans le ligament parodontal sont aujourd’hui synthétisés, mais non commercialisés en France. Cela reste une voie prometteuse pour l’avenir.
Aude Ménard

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