« Le diagnostic fonctionnel : un impératif pour la restauration des dentures usées »
Par Francesca Vailati (Italie), Département de prothèse fixée et occlusion auprès du Dr Urs Belser à l’Université de Genève et pratique privée à Genève (Suisse)
Accompagnée des Drs Christine Muller (France), orthodontiste, et Jean-Pierre Attal (France)
Cette master class a permis de commencer le congrès en le recentrant sur la fonction qui est l’un des buts premiers de nos traitements. Francesca Vailati, au travers de cas cliniques, a défini les notions de mastications verticales et horizontales. Celles-ci permettent de réaliser un diagnostic fonctionnel initial sur lequel les praticiens peuvent se baser pour envisager leurs restaurations. Le point de vue de la conférencière nourrit de discussions avec d’autres professionnels de santé comme des ostéopathes, apporte une vision plus générale sur la bouche et l’impact des traitements bucco-dentaires.
« Restaurations partielles en céramique dans la région antérieure, comment éviter les échecs »
Par Marco Gresnigt (Pays-Bas), Université de Groningen et pratique privée (Pays-Bas), président du groupe Bio-emulation
Marco Gresnigt s’efforce de faire passer le message qu’un apprentissage positif peut surgir de chaque expérience négative. Il a centré sa présentation sur les facettes en céramique stratifiée. L’analyse rigoureuse de son activité en cabinet privé, et plus particulièrement de ses échecs, lui a permis de présenter plusieurs protocoles visant à les limiter. Les principales causes d’échec des restaurations partielles antérieures en céramique stratifiée sont le décollement et la fracture. En analysant ses cas de décollement, il a mis en évidence que l’application d’un protocole Immediat Dentin Sealing (IDS, scellement immédiat de la dentine) sur les parties de dentine exposée lors de la préparation des facettes permet de réduire les risques de décollement en plus de diminuer les douleurs postopératoires et la contamination dentinaire. Les valeurs d’adhésion sur la dentine après IDS sont 5 fois plus importantes que lors d’un scellement différé. Marco Gresnight est aussi arrivé à la conclusion qu’un des facteurs les plus importants dans le succès des techniques de collage est l’opérateur et son équipe.
Il a par ailleurs présenté son concept d’adhésion 2.0 : traitement de l’édentement unitaire antérieur à l’aide d’un bridge collé sur la seule face proximale de la dent adjacente. Il a pour cela exposé le cas d’une 21 collée à la 11 avec un suivi sur 8 ans.
« Composites sur dents antérieures – Quand, pourquoi et comment ? »
Par Thiago Ottoboni (Brésil), pratique privée en dentisterie restauratrice (Brésil)
Ce jeune conférencier s’est appliqué à parler de la durée de vie des composites et de la manière de l’améliorer. Pour chaque restauration en composite réalisée et parfaitement polie, une maintenance est mise en place pour contrôler sa pérennité dans le temps. Il a montré, à travers plusieurs cas cliniques, que la réfection d’un composite par un autre ou par une restauration céramique n’était que le traitement final après les étapes de suivi et d’entretien que sont le repolissage et la réparation, pouvant être réalisées plusieurs fois. Il a ensuite présenté l’outil informatique réalisé en collaboration avec le Dr Florin Cofar, qui permet l’impression 3D de guides pour la réalisation de composites directs.
« Polymères CAD/CAM : une option innovante en temporisation des réhabilitations globales »
Par Daniel Edelhoff (Allemagne), directeur du Département de prothèse de l’Université Ludwig-Maximilians de Munich, président de l’Association of Dental Technology, membre de l’European Academy of Esthetic Dentistry
Avec le temps, les morphologies des défauts dentaires et les moyens de les prendre en charge ont changé. De la carie profonde, nous sommes passés à l’érosion superficielle et à la prothèse conventionnelle s’ajoute l’arsenal numérique. Daniel Edelhoff est venu présenter le Munich Splint Concept. En écho à Francesca Vailati, il rappelle que les lésions érosives peuvent être un phénomène physiologique comme pathologique et que le risque de parafonction associé est important. Un diagnostic complet associé à une maîtrise des outils numériques aboutit à la réalisation de mock up sous forme de gouttières à l’aide de polymères monolythiques CAD/CAM. Le port de ces gouttières par le patient permet de tester cliniquement le projet prothétique final, en termes de fonction et d’esthétique. Des modifications progressives de ces gouttières, testées de nouveau, aboutissent à la validation finale du traitement avant la réalisation des restaurations définitives.
Quelques trucs et astuces :
- pour la réalisation des temporaires, aller de l’antérieur vers le postérieur. C’est l’inverse pour la réalisation des restaurations définitives ;
- la symétrie enlève toute forme de fantaisie ;
- afin de valider la longueur des incisives maxillaires, le son F est le meilleur test ;
- au niveau de l’étage bas de la face, le passage d’un profil concave à un profil plus convexe est recherché. Il permet un certain rajeunissement.
« Composites postérieurs Point de vue sur la limite »
Par Romain Cheron (France), ancien AHU en biomatériaux et prothèse (Paris), pratique privée à Genève (Suisse)
Isolation, préparation, matriçage, stratification, sculpture et polissage. La qualité d’une restauration, et de son joint périphérique, se fait à chaque étape. Son esthétique n’est au final qu’une petite partie de la réussite. Lors d’une conférence claire, précise et didactique, Romain Cheron a donné toutes les clés pour assurer la réalisation d’une restauration physiologique et pérenne.
« La restauration – Interface avec les tissus mous autour des implants dans la zone esthétique : concept et mise en œuvre »
Par Mirela Feraru (Roumanie), pratique privée en prothèse et parodotonlogie, Clinique Bichacho, Tel Aviv (Israël)
L’intégration esthétique de la restauration implantaire dépend en partie de l’interface entre l’implant et les tissus mous environnants. Cette interface est gérée à trois niveaux : grâce à l’enveloppe, c’est-à-dire le parodonte environnant, au pilier et à la limite et au design de la restauration.
La gestion des tissus mous péri-implantaires se fait dès l’étape d’extraction. Plusieurs critères ont été mis en évidence pour valoriser leur qualité et leur quantité :
extraction atraumatique, épaisseur du mur vestibulaire (3 mm en horizontal, peu importe le rapport gencive/os), position verticale de l’implant selon le phénotype parodontal (sous-crestale lorsque l’épaisseur gingivale est inférieure à 2 mm). Certains facteurs restent cependant imprévisibles tels que l’altération des tissus dans le temps et l’apparition d’une mucosite et/ou péri-implantite. L’identification de facteurs compromettants et l’application apportée à chaque étape de traitement permettront de maximiser le taux de réussite.
Le pilier joue aussi un rôle important dans la gestion de l’interface implant/tissus mous. Sa forme, son épaisseur et le type de matériaux utilisés interviennent dans le résultat final. Un pilier concave permettra l’obtention d’un manchon gingival épais au contact osseux assurant une meilleure barrière bactérienne et mécanique et un maintien du contour gingival en superficie. Le design et les contours de la restauration seront le point final de toutes ces étapes de traitement. Pour améliorer encore le résultat esthétique, Mirela Feraru a montré comment créer le design de la prothèse en fonction des lignes gingivales idéales reportées sur le modèle de travail.
« Intégration parodontale et prothétique dans la zone esthétique »
Par Gustavio Giordani (Brésil), chirurgien oral et maxillo-facial, pratique privée en implantologie et chirurgie muco-gingivale (Brésil)
Gustavio Giordani a exposé, à travers un cas clinique traité et iconographié de A à Z, les étapes essentielles à maîtriser lors d’extraction/implantation immédiate avec mise en esthétique. En s’appuyant sur des concepts biologiques, il décrit 9 étapes : extraction atraumatique, chirurgie implantaire guidée, position sous-crestale de l’implant, reconstruction esthétique des tissus environnants par Bio-Oss® et tissus conjonctifs enfouis (TCE), maintien de l’épaisseur des tissus mous, contours idéaux de la provisoire, limitation des connexions/déconnexions du pilier, polissage de la zircone et contrôle de l’espace entre la vis et le ciment. Les concepts développés rejoignent ceux de Mirela Feraru avec une iconographie détaillée et de qualité ainsi qu’une présentation claire et linéaire. Une fois de plus, l’outil digital est utilisé pour faciliter les procédures cliniques et orienter le praticien et le patient dans le choix d’une esthétique adaptée.
« Binôme de dentiste/prothésiste »
Par Stefan Koubi (France), enseignant dans le département de restauration à l’Université de Marseille (France), pratique privée à Marseille et Paris (France) et Hilal Kuday (Turquie), Laboratoire privé, Istanbul (Turquie)
Le duo, Stefan Koubi et Hilal Kuday, le prothésiste avec lequel il travaille, a clôturé le congrès. Ils ont présenté leur quotidien et leurs protocoles, qui sont pour eux la clé pour un résultat prévisible des traitements. Ils ont détaillé 3 types de préparation : No Prep, Prepless et Prep selon les situations cliniques rencontrées. La première correspond à une minuscule fenêtre thérapeutique. Elle nécessite une communication importante avec le prothésiste, est réalisée en céramique monolithique pour rendre son coût abordable et permettre une esthétique à distance sociale satisfaisante. Pour la deuxième, on a souvent de bonnes proportions mais le volume pour la restauration est insuffisant. Dans le 3e cas, la préparation sera faite a minima, toujours à l’aide d’un mock up. Stefan Koubi insiste sur l’importance d’identifier une possible dysfonction, responsable à long terme d’usure prématurée des restaurations, mais aussi, à court terme, d’insatisfaction des patients au niveau fonctionnel.
Le congrès, une fois encore, s’est tenu dans une ambiance amicale, voire familiale, et fut l’occasion de partages entre praticiens de tous horizons. Plusieurs sponsors avaient fait le déplacement, dont L’Information dentaire. Une mention spéciale au laboratoire belge de prothèse, Draily (pour le café et les sourires). Un grand merci également à Alain Perceval ainsi qu’à toutes les petites mains derrière cette belle organisation.
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