Sous la présidence du Dr Pierre Cherfane, le Cercle a donné la parole au Pr Bernard Iung (cardiologue) et au Dr Sarah Millot (chirurgien-dentiste) qui ont pu réactualiser la prise en charge des patients à risque d’endocardite en chirurgie dentaire. L’endocardite infectieuse (EI), complication rare mais gravissime des valvulopathies natives ou opérées, implique une prolifération bactérienne sur une valve le plus souvent lésée. La porte d’entrée apparaît bucco-dentaire dans 29 % des cas (et principalement liés à la présence de foyers infectieux plus qu’à des soins dentaires). Les recommandations concernant la conduite à tenir selon les soins envisagés ont évolué en fonction des pays et au cours du temps. Les indications d’antibioprophylaxie se sont restreintes pour se limiter aux cas de risque élevé d’EI sans pour autant augmenter l’incidence des EI à streptocoques oraux mais en appliquant des mesures de prophylaxie non spécifiques en cas de risque intermédiaire. Si les positions ont évolué concernant l’indication implantaire, autorisant ainsi la mise en place d’implants dentaires pour les patients à risque intermédiaire et à haut risque (en tenant compte des facteurs de risque additionnels et en concertation avec le cardiologue référent), l’implantologie demeure contre-indiquée chez les patients présentant des antécédents d’EI.
En deuxième partie de soirée, le Dr Philippe Khayat a souligné la rigueur scientifique des équipes multidisciplinaires œuvrant pour fournir des recommandations précises concernant les procédures bucco-dentaires réalisables ou contre-indiquées en prévention des EI (en fonction de l’analyse des bactériémies engendrées). Depuis plusieurs années, un nombre croissant de publications scientifiques alertent sur l’élévation de la prévalence de la péri-implantite et identifient des facteurs de risque sans parvenir à établir un schéma étiopathogénique strict de cette maladie. Sur la base de revues de littérature et de son expérience, le Dr Khayat isole un facteur clé sur lequel le clinicien peut influer : le choix d’un état de surface d’implant plus propice à préserver les tissus péri-implantaires. Il relève une hausse nette de la prévalence de la péri-implantite dont la progression s’infléchit à partir des années 2000 (constat dressé par de nombreux leaders d’opinion, issu de leur expérience clinique personnelle et correspondant à l’extension de la diffusion d’implants à état de surface rugueux). Sur cette base et celle du rappel du principe de précaution, le Dr Khayat interroge sur la pertinence d’un retour aux surfaces brutes d’usinage ou d’une orientation vers des états de surface hybrides (mixtes : rugueuse sur une partie du corps de l’implant, usinée sur celle proche du col). La question reste ouverte mais, d’ores et déjà, l’industrie s’est emparée de la question et planche sur le développement de caractéristiques limitant la survenue des atteintes péri-implantaires.
Pour sa première conférence de l’année le CFLIP avait invité le Dr Elie Attali à traiter une thématique d’actualité : la nouvelle convention dentaire dix jours avant son lancement. Malgré un titre inquiétant : « Nouvelle convention, comment s’adapter et survivre ? », une assistance fournie a suivi l’analyse et les recommandations du Dr Attali.
Trois conférences, trois perspectives du risque débattues avec la sérénité et la rigueur qui offrent les principales assurances de relever les défis médicaux (et administratifs) d’aujourd’hui et demain.
Prochaines soirées du CFLIP (www.cflip.fr) :
• Dr Nadim Abou Jaoudé (Beyrouth, Liban),
12 juin 2019 : La dynamique du sourire
et son traitement interdisciplinaire.
• Dr Pierre Keller (Strasbourg), 2 octobre 2019 : De la reconstruction simple à la reconstruction complexe, les clés de la stabilité de l’os autogène.
• Dr Philippe Bidault (Paris), 11 décembre 2019 : Repousser les limites de la parodontologie : « conserver quand on voudrait extraire ».
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