Commission scientifique et de la recherche
L’infection par papillomavirus humain (ou HPV pour human papillomavirus) est un sujet d’actualité en oncologie orale. En effet, plus de 5,2% des cancers humains seraient imputables à une infection par HPV. Mais si la part de cette infection est reconnue dans les cancers anaux et génitaux, aucune donnée fiable n’existe en revanche en ce qui concerne les cancers buccaux. Cette hypothèse est pourtant soulevée, voire affirmée régulièrement dans la genèse des carcinomes épidermoïdes buccaux. L’infection buccale par HPV est considérée comme transmise sexuellement, en particulier dans la population jeune.
Cette étude prospective longitudinale a été réalisée chez 310 jeunes patients âgés de 18 à 30 ans n’ayant bénéficié d’aucune vaccination anti-HPV et n’ayant aucun antécédent de cancer. Les caractéristiques démographiques (âge, sexe), de même que les consommations tabagique et alcoolique ainsi que les antécédents familiaux de cancer ont été enregistrés. L’étude repose sur un questionnaire de pratiques sexuelles (type et nombre de rapports bucco-génitaux, âge de début de ces rapports) et sur un prélèvement de la muqueuse orale par frottis. Cette étude a concerné 138 femmes et 172 hommes pour un âge moyen de 26,5 ans (sans différence significative entre les deux sexes). En fonction du sexe concerné, entre 67,1 et 74,5 % rapportaient une pratique sexuelle oro-génitale occasionnelle, de 12,9 à 23,2 % assez régulière et de 9,7 à 11,3 % fréquente. Dans 18,1 % de la population de cette Étude, la présence d’HPV a été diagnostiquée. En fonction des niveaux de détection virale, deux catégories sont distinguées, les patients à haut risque et ceux à risque faible. La fréquence de cette infection était corrélée positivement avec l’addiction tabagique ainsi qu’avec la fréquence des rapports sexuels oro-génitaux. Plus l’addiction tabagique ou ces rapports sexuels sont importants, plus la corrélation avec l’infection buccale par HPV est forte. Ces corrélations sont majorées chez les patients à haut risque d’infection par HPV. En revanche, aucune corrélation significative n’est retrouvée concernant le sexe et une infection buccale par HPV, même si cette dernière est légèrement plus élevée chez les hommes. Aucune différence significative n’a été enregistrée entre les deux sexes concernant les consommations tabagique et alcoolique ainsi que le nombre de rapports sexuels oro-génitaux.
Cette étude souligne pour la première fois l’importance de l’infection buccale par HPV liée aux pratiques sexuelles oro-génitales et le rôle significatif joué par les addictions tabagique et alcoolique.
Cette étude est une première dans le domaine de l’infection buccale par HPV. Elle établit le rôle de certains facteurs comme réellement significatifs. En revanche, aucune donnée oncologique n’est générée par cette étude. Le suivi à plus long terme sera nécessaire. Une étude complémentaire intéressante serait de démontrer l’effet éventuellement préventif de la vaccination anti-HPV dans ce domaine également.
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