Réseaux sociaux : quel intérêt pour le professionnel de santé pressé ?

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Information dentaire
Demandez à un professionnel de santé ce qu’il pense des réseaux sociaux et il peut répondre qu’il n’a pas le temps de s’y intéresser. Et pourtant, très nombreux sont les praticiens qui se connectent à ces réseaux, y compris en France. Qu’y trouvent-ils ? Quelles sont les fonctionnalités adaptées à leur métier ?

Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram, WhatsApp, les principaux réseaux sociaux, figurent parmi les sites et applications les plus fréquentés par les internautes. Ils permettent la publication de contenus générés par l’utilisateur et la constitution d’un réseau de contacts.

Quel est l’intérêt spécifique pour les professionnels de santé de s’inscrire sur ces réseaux ouverts ? L’intérêt est que le professionnel peut participer à un échange d’informations sur tout thème à tout moment, entre professionnels, voire avec les patients. Il peut communiquer des messages de santé publique, faire part de ses réflexions, contribuer à la circulation d’informations de qualité.

Il peut relayer des informations concernant ses publications, découvrir ou suivre des congrès et événements, identifier des partenaires de recherche, poser des questions moyennant la fonctionnalité « sondage » sur Facebook ou Twitter, discuter de bibliographie et de techniques entre professionnels au sein de groupes privés modérés par un confrère, recommander des pages d’établissement, d’associations de patients, suivre l’actualité des congrès.

Relayer des informations de qualité aux professionnels, voire au grand public, a une deuxième vertu, en plus de celle de renforcer les messages de santé publique. Il s’agit de renforcer sa propre empreinte numérique. Nous avons tous une empreinte numérique, qui résulte de la somme des mentions de notre nom. Il existe trois sources de mentions : celles que nous rédigeons nous-mêmes, celles qui sont publiées avec notre accord, comme c’est le cas pour les intervenants d’un programme scientifique publié sur internet, et, enfin, celles qui sont produites par des tiers sans autorisation préalable. C’est le cas des avis sur Google, Yelp, et d’autres sites. Le professionnel qui ne produit aucun contenu propre sur les réseaux laisse plus de visibilité aux commentaires des autres sur lui.

Certains praticiens deviennent, grâce à leurs contributions de contenus en ligne, des leaders d’opinion digital ou DOL, au sein de leur spécialité. Ces contenus peuvent être textuels, sous format vidéo, ou encore des podcasts audio. L’acronyme DOL vient rejoindre le KOL, ou Key Opinion Leader.

Sur Facebook fleurissent de nombreux groupes d’échange entre professionnels de santé français administrés par l’un des leurs.

LinkedIn, le réseau professionnel le plus cité par les professionnels, permet d’identifier et d’entrer en relation avec d’autres professionnels de santé, grâce à :

  1. un moteur de recherches interne multi-critère ;
  2.  l’existence de nombreux groupes spécialisés ;
  3.  des hashtags ou mots clé insérés dans les « posts ».

Twitter est utilisé par les professionnels individuellement, mais aussi par les sociétés savantes, les congrès médicaux, les institutions pour informer et générer des échanges par l’intermédiaire de hashtags [1]. 14 000 hashtags de congrès dans le monde sont répertoriés sur Twitter en juin 2020. Dans le domaine dentaire, le hashtag #ChirurgienDentiste est couramment utilisé pour attirer l’attention des chirurgiens-dentistes.

Les professions médicales écrivent souvent sous pseudonyme sur Twitter, ce qui n’est pas sans inconvénient. L’utilisation d’un pseudonyme rend le professionnel plus vulnérable à l’usurpation d’identité. Elle incite à un style d’écriture moins professionnel, et ne permet pas au praticien de renforcer sa réputation en ligne. Les organisations professionnelles recommandent l’usage de son nom propre.

Contribuer aux avis en lignes à propos de livres professionnels ou grand public dédiés à la santé constitue encore une façon de participer aux réseaux sociaux.

Réseaux sociaux et Professionnels de santé [2]
Exemples de groupes Facebook
pour médecins et chirurgiens-dentistes
Médecins Anesthésistes Réanimateurs
Urgences de cardiologie
Plaisir de travailler en psychiatrie
Divan des médecins
Dentistes de France (en exercice et étudiants)
 

 

11500
7000
2300
14400
23000

Nombre estimé d’abonnés en France à LinkedIn
Médecins
Dentistes
75 000
12000

 

En 2016, le Professeur Shafi Ahmed, chirurgien digestif à Londres et déjà KOL (key opinion leader), met des lunettes Snapchat alors qu’il est dans sa salle d’opérations et diffuse son intervention chirurgicale en live avec l’autorisation du patient [3]. La vidéo de l’enregistrement aura 2 millions de vue sur YouTube, 56 millions de personnes en parlent sur Twitter.

Les Hôpitaux Universitaires de Génève (HUG), établissement public, développent de façon exemplaire leur présence sur YouTube, Facebook, Twitter et Instagram depuis une décennie. Grâce à un programme de formation interne, les professionnels de santé participent de façon tournante à la gestion des comptes. Ces nombreux comptes spécifiques facilitent le dialogue avec les internautes. Avec 90 000 abonnés sur YouTube et plus de 1000 vidéos en ligne avant Covid-19, certaines vidéos avaient atteint entre 1 et 2 millions de vues, ce qui est exceptionnel dans l’univers hospitalier en Europe. Cette présence des HUG sur les réseaux et leur maîtrise des canaux ont été particulièrement utiles lorsqu’un patient psychiatrique a commis le meurtre d’une psychologue il y a plusieurs années, et que toute la Suisse s’en est émue. Dès le début de la crise du Covid-19, les HUG ont commencé à produire des séances régulières sur Facebook live avec des experts hospitaliers qui répondaient très simplement aux questions des internautes. Les HUG ont également ajouté sur YouTube de courtes vidéos d’information concernant l’épidémie, d’exercice physique et d’autres solutions permettant de réduire l’impact du confinement.

Avant le lancement de ces plateformes de masse, il existait déjà des communautés nationales et internationales de professionnels en ligne, créées par leurs structures, voire par des entreprises dédiées. En 1998, un médecin anglais crée la société Doctors.Net qui compte toujours la presque totalité des médecins britanniques parmi ses abonnés, même si elle a, entretemps, été acquise par une entreprise internationale. Des réseaux équivalents ont été lancés dans de nombreux pays en Europe, aux Etats-Unis, et ailleurs.

La communauté médicale mondiale G-Med.com [4], créée par une start-up en Israël, compte un million d’abonnés vérifiés, de 60 spécialités dans 50 pays, dont 120 000 Français. C’est le seul réseau multi-spécialité, à notre connaissance, à avoir été lancé avec une vision internationale. Les professionnels peuvent échanger autour d’un cas par une connexion vidéo un à un ou à plusieurs et communiquent entre pays grâce à une traduction automatisée vers la langue de leur choix. Les professionnels ont accès à des journaux scientifiques, à des résumés de congrès et à des outils de soumission de publication. Divers groupes portant sur le coronavirus sont en cours dans cette communauté.

L’application mobile Bipper [5], plateforme d’échange collaborative entre soignants français, créée par 360 Medics, avait, dès le début de la pandémie, ouvert un espace « Covid-19 Urgences » afin de mieux coordonner les pratiques et de retrouver les recommandations des ministères, agences, et sociétés savantes.

Retenons que plusieurs raisons incitent le professionnel connecté à participer à l’un ou plusieurs des réseaux sociaux. Contribuer aux réseaux sociaux permet de participer aux messages de santé publique ainsi qu’à l’enrichissement de ses propres connaissances scientifiques, d’élargir son réseau de contacts, et enfin de renforcer son empreinte numérique.


[1] https://www.symplur.com/healthcare-hashtags/conferences/

[2] Chiffres relevés le 26 juin 2020

[3] https://twitter.com/ShafiAhmed5/status/939493972631834624?s=20

[4] https://www.medgadget.com/2018/07/g-med-an-international-social-media-platform-for-physicians-interview-with-ceo-ilan-ben-ezri.html

[5] https://apps.apple.com/fr/app/bipper-360/id1493921704

 

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