Rencontre avec Gil Tirlet

  • Publié le . Paru dans Biomatériaux Cliniques n°1 - 15 mars 2017
Information dentaire
Bientôt une nouvelle rubrique « Bioteam »
BMC : Une nouvelle rubrique « Bioteam » va naître dans le prochain numéro de BMC, en septembre.
Pouvez-vous nous dire ce qu’est une bioteam ?

Gil Tirlet : La bioémulation, dans le domaine scientifique et médical, implique la reproduction de la nature en utilisant une approche histo-anatomique. Le terme biomimétique qui lui est souvent associé représente une démarche médicale en plein essor depuis environ une dizaine d’années (Janine M. Benyus).

Dans notre exercice, c’est la dent naturelle qui est notre « maître modèle ». La nature est notre professeur.

En effet, la capacité biomécanique et optique des matériaux céramiques et composites actuels assemblés à l’aide des stratégies adhésives les plus récentes nous autorise cette approche. La caractéristique de cet assemblage est de pouvoir mimer au plus près la dent naturelle dans un souci de longévité de cette dernière sur l’arcade.

Ainsi, au cœur de la dentisterie contemporaine, elle fixe le cap de la conservation tissulaire et au front de cette dernière, la préservation de l’émail dans son épaisseur.

Une bioteam est une équipe de jeunes praticiens très motivés et extrêmement bien formés à l’ensemble des thérapeutiques les plus contemporaines. Ils sont en quelque sorte les ambassadeurs de ce concept de bioémulation.

En 2009, avec mes jeunes amis Emilie Vialon et Alex Dagba, j’avais créé, dans le cadre de mes fonctions de MCU-PH au sein du service d’odontologie de l’hôpital Charles Foix à Ivry-sur-Seine, une consultation d’esthétique. Nous animions tous les trois cette consultation chaque mardi matin. Puis en 2013 cette consultation est devenue la « Bioteam Paris » sous l’impulsion du groupe international « Bioémulation » que j’ai eu la chance d’intégrer en 2011 en tant que représentant pour mon pays.

Ce groupe a été fondé par les Drs Panos Bazos, Gianfranco Politano et Javier Tapia Guadix sur les propositions de l’un de mes deux mentors, le Pr Pascal Magne.

La Bioteam Paris fonctionne à ce jour à l’extérieur de la structure hospitalo-universitaire.

Comment fonctionne une bioteam en pratique ? Quel est votre rôle ?

L’esprit de notre bioteam est de fonctionner sur un mode de structure totalement ouverte vers les autres, en partageant les connaissances sur la biomimétique. Nos réunions, extrêmement structurées, ont lieu chaque mardi matin et un plan organisationnel de travail, nommé « Bio Parts », permet d’aborder tout à la fois des situations cliniques sous la forme de diaporamas, des step by step cliniques et pédagogiques, des temps de bibliographie, de vidéos, mais aussi l’avancement du travail de chaque bioteamer sur son topic, etc. Nos présentations se font en anglais une semaine sur deux pour l’exposé du cas clinique de la semaine ainsi que la discussion qui suit. Chaque bioteamer a un rôle et une fonction précise dans cette organisation. Personne ne fait rien…

Je vais plagier une phrase que nous disait souvent mon patron le Pr Michel Degrange au sein de son laboratoire : « Ne vous demandez pas ce que l’équipe peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour l’équipe. » J’en ajouterai une autre qui m’est chère : « Tout seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin. » Nous travaillons exactement dans cet état d’esprit au sein de la Bioteam Paris.

Le rôle et les spécificités de cette bioteam sont multiples :

– elle sert d’unité de formation (aux étudiants de 6e année de 2009 à fin 2016…) et aux encadrants formateurs, tous jeunes et en quête de connaissances les plus actuelles s’agissant des réponses à apporter en termes de thérapeutiques esthétiques ;

– elle représente un formidable moteur en ce qui concerne la tenue de conférences, la publication d’articles et d’ouvrages et la participation à des structures de formation nationales mais aussi à des grands congrès nationaux et internationaux ;

– elle est avant tout une sorte de pépinière pour les futurs conférenciers et leaders d’opinion. Mon rôle de coach est de préparer ces jeunes à ce futur exercice pédagogique exigeant et difficile. Mais c’est tous ensemble que nous nous écoutons les uns les autres, afin de progresser ;

– elle permet aussi la participation et des échanges avec d’autres équipes nationales (bioteam régionales) et internationales par l’intermédiaire de journées de formation à l’étranger (Bruxelles, 2015) ;

– elle fonctionne en totale transversalité avec l’un des plus grands laboratoires de recherches en odontologie, le laboratoire URB2i de l’Université Paris Descartes, dirigé par mon ami le Dr Jean-Pierre Attal, pour des travaux de recherches ciblés sur les biomatériaux, l’adhésion et le numérique. Jean-Pierre a d’ailleurs ouvert depuis le début de l’année une place d’accueil au sein de son laboratoire pour un bioteamer, hors contexte de Master. C’est une chance formidable pour celui qui le souhaite ;

– elle intègre en son sein toutes les grandes composantes cliniques de l’Odontologie moderne (endodontie, parodontologie, implantologie, odontologie pédiatrique, orthodontie) ;

– elle intègre aussi un pôle de prothésistes piloté par Hélène et Didier Crescenzo (laboratoire Esthetic Oral) pour un véritable échange et travail en équipe devenu totalement et tellement indispensable dans le cadre de notre exercice actuel.

Combien y a-t-il de bioteams en France aujourd’hui ? Comment un praticien doit-il faire s’il veut en intégrer une ?

Notre équipe est depuis quelques années à l’initiative de la formation d’autres pôles régionaux comme celui créé en 2015 par l’équipe marseillaise avec la Bioteam Marseille (Drs Jean Meyer et Gilles Laborde). Mais également depuis quelques mois avec la Bioteam Grand Est (Olivier Etienne, Ali Saheli), la Bioteam Centre Auvergne (Marion Bulidon), la Bioteam BZH (Anne-Sophie De Mezière), la Bioteam Nice (Romain Ruitort), dans un souci de convivialité et d’échanges à travers l’Hexagone.

Ces différentes bioteams, qui vont se multiplier en étoile sur le territoire national dans les prochains mois, ont un rôle fédérateur pour un très grand nombre de praticiens motivés qui se sentent isolés dans leur structure de travail et souhaitent se retrouver en équipe pour échanger, apprendre, mais aussi publier sur les supports de presse conventionnels ou sur les réseaux sociaux (Facebook).

Chaque bioteam propose une page Facebook pour son équipe. Cette dernière est le plus souvent « ouverte ».

Pour entrer dans une bioteam, il suffit à celui qui le souhaite de se rapprocher, via Facebook, du responsable de sa bioteam régionale la plus proche.

Nous allons organiser dès 2018 des journées de rencontres baptisées « Les Bio Battles » entre bioteams dans une ambiance de travail et de convivialité permettant à tous d’échanger, de partager, mais aussi de faire la fête ! De mon point de vue, c’est un élément devenu tellement indispensable dans le monde dans lequel nous vivons.

Notre bioteam parisienne, en dépit des très nombreuses demandes nationales et internationales que nous recevons régulièrement, est désormais complète et n’autorise malheureusement plus de nouvelle intégration, afin de pouvoir répondre avec la plus grande efficacité aux principaux objectifs cités plus haut. Des places s’ouvriront bien entendu dans les prochaines années.

Quelle est la place des biomatériaux dans les thématiques sur lesquelles travaillent les bioteamers ? Quels seront les objectifs de votre rubrique dans BMC ?

La place des biomatériaux est bien entendu centrale au sein de notre bioteam. Les matériaux dans leur ensemble sont régulièrement mis en avant d’un point de vue pédagogique par un ensemble de petites vidéos ou de temps par temps photographiques sur leurs aspects pratiques (« Tip and Trick »).

Ce sera d’ailleurs l’objet de ma présentation au prochain congrès de la SFBD les 6 et 7 juillet à Paris, qui se fera intégralement autour de trois matériaux contemporains au cœur des thérapeutiques modernes, à l’aide de séquences vidéos.

Au sein de BMC, dans chaque numéro, nous essaierons avec l’ensemble des jeunes de mon équipe et des autres bioteams, bien entendu, d’aborder la place des biomatériaux selon deux axes totalement complémentaires et transversaux : scientifique et clinique. L’outil vidéo permis par BMC permettra de rendre encore plus attrayante leur utilisation en pratique quotidienne.


Constitution de la Bioteam Paris

Coach : Gil Tirlet

Bioteamers : Emilie Vialon, Maud Denis, Solène Marniquet, Mathilde Jalladaud, Céline Herry, Carole Caillon, Mailan Tran, Eleonore Demozay, Sabrina Flitti, Jessica Essayag, Aurélie Brami, Alexandra Fauque, Chloé Plassart Geneste, Romain Cheron, Anthony Atlan, Maxime Drossart, Thibault Drouhet,
Marin Pomperski, Alex Dagba, Gary Finelle, Alex Sarfati, Guillaume Jouanny, Olivier Leroux

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