Alain Lautrou, Professeur émérite
C’est bien sûr la rencontre de tous les acteurs de l’orthodontie qui permet chaque année de faire le point sur les avancées et l’évolution de cette spécialité, que ce soit sur le plan médical, scientifique ou technique. Cette grande manifestation qui fédère les sociétés scientifiques françaises de l’orthodontie est aussi le rassemblement de la francophonie orthodontique qui réunit à Paris les orthodontistes français et leurs collaborateurs, mais aussi nombre de leurs confrères étrangers de langue française. Enfin, n’oublions pas que c’est aussi le grand rendez-vous des praticiens avec leurs fournisseurs.
Après une longue carrière de clinicien et d’enseignant, je retrouve chaque année, avec un grand plaisir, des séances plus discrètes et non institutionnelles qui, hors de tout effet de mode, témoignent de la vitalité de la spécialité médicale qu’est l’orthodontie en donnant la parole aux internes en formation, aux cliniciens (10 minutes pour convaincre), aux jeunes chercheurs (séance recherche) ou aux collaborateurs des cabinets (assistantes, orthésistes…). Ces rencontres sont toujours riches et méritent une attention particulière car elles contribuent au succès des J.O et concrétisent l’ambition qu’a la Fédération de réunir tous les acteurs de cette spécialité médicale.
Sandrine Gros Spécialiste qualifiée en ODF – AHU
Les J.O représentent pour moi une belle occasion de faire le point sur un grand nombre de sujets d’actualité en orthodontie. Retrouver ce que l’on a pu découvrir au fil des articles de l’année et l’approfondir avec l’opportunité d’échanges avec les auteurs et avec les confrères : nouvelles techniques, nouvelles stratégies, bilan de connaissances.
C’est aussi le grand regroupement orthodontique de l’année, regroupement à facettes multiples où la discipline ouvre largement ses portes vers les disciplines complémentaires dentaires et médicales. Les thématiques abordées sont riches et variées, avec des points de vue venus d’horizons différents permettant de balayer amplement les sujets. Cette intrication pluridisciplinaire qui rejoint l’évolution de nos pratiques quotidiennes offre un intérêt majeur pour enrichir nos exercices.
Chaque lieu de conférence a sa thématique déclinée en plusieurs interventions ce qui permet de suivre un axe ou de puiser à différentes sources, contentant ainsi des envies diverses.
La richesse du forum des exposants est aussi une des caractéristiques très appréciables de ce rassemblement. Là encore, nous pouvons découvrir, toucher voire suivre des démonstrations sur des nouveautés techniques tout en ayant la possibilité de comparer d’un fournisseur à l’autre.
C’est aussi un des vecteurs de la convivialité car nombre de discussions entre confrères et avec nos partenaires se déroulent sur les stands où l’accueil est toujours attentionné.
Les journées de l’orthodontie sont une des meilleures opportunités d’échanges à larges horizons, centrée sur notre discipline.
Pour ces 18e rencontres, j’ai tout particulièrement apprécié le soin apporté à l’accès à toutes les conférences affranchissant le congressiste des limites horaires (conférences simultanées) grâce à la possibilité offerte de revoir en différé les interventions précédentes.
Malgré l’importance accordée aux nombreux sujets novateurs, entendre de grandes idées ayant trait à la philosophie et l’histoire de notre discipline permet aussi de garder un cap essentiel à rappeler au fil des générations. La séance consacrée aux orthèses dans la gestion des SAHOS, soulevant de nombreuses questions et réactions quant à l’intervention de l’orthodontiste m’a paru tout particulièrement s’inscrire dans cette réflexion pluridisciplinaire où les rôles se complètent et où notre discipline doit prendre sa place, dès le plus jeune âge des patients. Nous sommes tous sortis conscients des difficultés actuelles et de l’importance que peuvent représenter nos interventions dont nous devons défendre la légitimité.
Margaux Montigny Interne en 2e année de DES
Les Journées de l’Orthodontie, rassemblement international d’orthodontistes francophones, sont l’occasion d’écouter et de rencontrer de nombreux conférenciers de renom.
La diversité des sujets abordés rend ce congrès très enrichissant et accessible à tous, des internes en 1re année aux praticiens aguerris.
La présence des représentants des différentes sociétés de matériel orthodontique nous permet de découvrir les dernières innovations en orthodontie et d’échanger nos expériences avec nos co-internes et des confrères installés dans une ambiance décontractée.
Les conférences se déroulant dans des salles différentes aux mêmes moments, il est parfois difficile de choisir.
Les connaissances reçues au sein de nos facultés nous permettent de profiter pleinement des présentations des nouvelles techniques que nous avons pu écouter en développant notre analyse critique. Nous avons été surpris du grand nombre de praticiens non spécialistes dans ces séances techniques.
J’ai particulièrement été intéressée par les séances « La parole est aux internes » et « Graine de conférenciers » qui permettent aux plus jeunes de présenter, en quelques minutes, des sujets variés, devant un jury formé de grands orthodontistes et de concourir pour le prix du meilleur conférencier.
La séance « Collaboration orthodontie et chirurgie » m’a éclairée sur de nombreuses notions me permettant d’améliorer la prise en charge de mes patients orthodontico-chirurgicaux et la collaboration avec notre chirurgien.
Traditionnellement, les CECSMO profitaient des Journées de l’Orthodontie pour présenter les posters de leurs mémoires de fin d’études apportant une dimension innovante dans la recherche clinique. Aux internes de prendre le relais !
Du côté des assistantes
par Nicolas Fontenelle
Comme chaque année, les Journées de l’Orthodontie consacrent plusieurs sessions de formation aux assistantes dentaires et nous en avons retenu une particulièrement intéressante sur la mise en place des protocoles.
Pourquoi et comment mettre en place des protocoles ?
Les protocoles n’ont plus de secret pour elle. Sandrine Féty assistante dentaire depuis 20 ans, désormais assistante coordinatrice dans un cabinet d’orthodontie de l’Hérault a partagé son expérience le 9 novembre à l’occasion des 18e Journées de l’Orthodontie à Paris. Son principe : s’organiser pour ne pas subir. Son arme : le protocole. « Un protocole c’est une recette. Si vous voulez réussir une bonne tarte au citron, vous devez suivre la recette à la lettre. C’est pareil dans le cabinet », affirme-t-elle. Les protocoles sont applicables à beaucoup d’aspects du travail quotidien : asepsie, stérilisation, prise de rendez-vous téléphonique, gestion du stock, des commandes, relation avec les laboratoires, gestion postopératoire des patients, préparation des plateaux techniques, etc. « Cela peut paraître puéril, infantilisant, je vous l’accorde, mais soyez-en convaincu, une procédure c’est d’abord un gain de temps et de stress, insiste Sandrine Féty. Un scénario établit à l’avance, permet de faire face à l’imprévu : vous saurez comment agir, quoi dire, dans telle ou telle situation. Vous serez sereine. Et vos patients aussi ». Exemple : comment anticiper et gérer les retards des patients au cabinet ? « Dans notre cabinet, nous avons mis en place une procédure simple : appeler le patient si nous constatons 5 minutes de retard pour lui demander s’il pourra être là dans l’instant. Si non, nous fixons un rendez-vous dans les 10 jours à venir. Si nous n’arrivons pas le joindre nous lui envoyons un SMS ou un mail. C’est carré et les patients savent à quoi s’en tenir. »
Écrire ce que l’on fait puis faire ce qui est écrit
Reste à établir ces protocoles. Ils devront s’adapter au praticien et à l’équipe. « La définition d’un protocole est avant tout un exercice de groupe, et il n’y a pas de recettes toutes prêtes, prévient Sandrine Féty. Les meilleures procédures sont celles qui conviennent à votre équipe et votre cabinet ». Elles doivent avoir du sens pour tout le monde. « L’équipe doit comprendre pourquoi on effectue telle tâche de telle manière et quel en est l’intérêt. Le protocole doit être simple et compréhensible, sinon à terme il sera délaissé car source de travail supplémentaire ». Enfin, les protocoles seront évolutifs. Ils devront changer à la suite d’erreurs ou de difficultés rencontrées au cours de leur exécution. Il faudra donc demander à l’équipe d’acquérir une culture du retour d’expérience. « Pour vous lancer vous ne pourrez pas faire l’impasse sur de multiples réunions. Tout le monde peut et doit participer, proposer des éléments de ces protocoles car toute l’équipe va devoir se les approprier. Au début vous allez tâtonner, c’est normal. Ce qu’il faut, c’est écrire ce que l’on fait puis faire ce qui est écrit. L’objectif est de figer les choses pour qu’elles soient reproductibles en cas d’absence de la personne chargée habituellement de telle ou telle tâche. Cela peut paraître lourd mais tout ce travail permet de structurer les cabinets, d’apporter de la cohésion à l’équipe, assure Sandrine Féty. Osez faire l’expérience ».
La Fédération Française d’Orthodontie (FFO)
« Donnez de l’information aux patients »
Souvent les patients ont plus de facilités à s’adresser aux assistantes qu’aux praticiens pour s’informer sur leurs traitements d’orthodontie à venir ou en cours. La commission de communication de la Fédération Française d’Orthodontie qui travaille depuis près de 10 ans à faire connaître l’orthodontie au grand public rappelle que le site internet www.orthodontie-et-vous.fr regorge d’informations pour le grand public. Les assistantes peuvent donc s’appuyer sur ce site pour répondre aux questions des patients ou inviter ces derniers à le consulter.
On y trouve notamment de nombreuses vidéos explicatives : comment constituer une trousse de secours orthodontique à emmener en vacances ou en week-end ? Quelles sont les chirurgies possibles avant le traitement ? Pourquoi utilise-t-on des mini-vis en orthodontie ? Quelles précautions en cas de grossesse, etc.
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