Refus de soins : un projet de décret renforce les sanctions

  • Publié le .
Information dentaire

Un projet de décret pris en application de l’article 54 de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) votée en 2009 vise à « renforcer la lutte contre les refus de soins et contre les dépassements d’honoraires abusifs ou illégaux ». Il propose des procédures de conciliation et fixe des pénalités. Remis à l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), nous avons pu en prendre connaissance.

Sont particulièrement visés et considérés comme « illégitimes », « l’orientation répétée ou abusive sans justification médicale vers un autre professionnel, centre ou établissement de santé, ainsi que la fixation d’un délai de rendez-vous manifestement excessif au regard des délais habituellement pratiqués par le professionnel » et « le fait de ne pas respecter les tarifs opposables pour les bénéficiaires de protection complémentaire (CMU-C), les limitations d’honoraires ou les plafonds tarifaires, ou encore le refus d’appliquer le tiers payant ou d’élaborer un devis dans les situations où ils sont prévus par la loi ou la voie conventionnelle ».

Des commissions mixtes de conciliation composées de représentants de la caisse locale (CPAM) et de l’Ordre départemental examine les plaintes des patients ou associations. Si une conciliation n’est pas trouvée avec le professionnel de santé, la plainte est portée devant les chambres de discipline.

Différentes sanctions sont prévues en fonction des cas. Pour un refus de soins « avéré », une pénalité financière « équivalant à deux fois le plafond mensuel de sécurité sociale » est prévue. Pour les dépassements abusifs ce serait une pénalité « équivalant à 200 % du montant des dépassements facturés ». La condamnation du professionnel de santé peut être affichée « en zone d’accueil du public » de la CPAM « pour une durée comprise entre un et trois mois » suivant la notification de la sanction. Et « en cas de récidive et après épuisement des voies de recours », le directeur de la CPAM « après avis de la commission », peut « rendre publique cette sanction dans toute publication à diffusion locale, départementale ou régionale ».

Mais qu’elle est la réalité du refus de soins dans la profession ?

« Les refus de soins discriminatoires liés à la vulnérabilité économique sont le fait de 9 % des cabinets dentaires, 11 % pour les gynécologues et 15 % pour les psychiatres », concluait une étude du Défenseur des droits publiée le 22 octobre 2019 (https://bit.ly/2UV0Hot), la plus récente à ce jour.

Elle mesurait les différences de traitement dans l’accès aux soins des patients selon deux critères prohibés par la loi : l’origine (consonance du patronyme) et la situation de vulnérabilité économique (le fait de bénéficier CMU-C ou de l’ACS). Dans ce large testing téléphonique, une prise de rendez-vous avait été sollicitée par trois patientes fictives : une patiente de référence, une patiente révélant par son patronyme une origine africaine, une patiente indiquant bénéficier, une fois sur deux, de la CMU-C ou de l’ACS. 1 500 cabinets des trois professions concernées ont été testés avec 4 500 demandes de rendez-vous.

Résultat : alors que la patiente de référence obtient un rendez-vous avec succès dans 70 % des cas, la personne bénéficiaire d’une aide (CMU-C ou ACS) a un taux de succès de seulement 58 % mais il n’y avait pas de différence significative des délais d’obtention selon l’origine des patients. Si 42 % des patients bénéficiaires de la CMU-C ou de l’ACS n’ont donc pas eu accès à un rendez-vous, ce taux varie de 25 % pour l’accès à une consultation dentaire à 66 % pour l’accès à une consultation par un psychiatre.

Thèmes abordés

Commentaires

Laisser un commentaire

Sur le même sujet

Vie de la profession

Les outils numériques bien ancrés dans le quotidien des soignants

Outils d’aide à la décision médicale, plateformes de téléconsultation, application de suivi de traitement, éducation thérapeutique, etc. 88 % des professionnels...
Vie de la profession

Les 90 ans du SFCD

Pour ses 90 ans d’existence, le Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (SFCD) organise un « congrès anniversaire » du vendredi 11 avril, 9 h, au samedi...
Vie de la profession

Les dirigeants de TPE pessimistes

En ce début d’année, le niveau de pessimisme des dirigeants de TPE relatif au climat général des affaires bat des records, selon le « Baromètre...
Vie de la profession

Une consœur lauréate de la Star Academy

Diplômée de la faculté dentaire de Lille, mais pas encore thésée, notre consœur, Marine Delplace a remporté, le 25 janvier, la Star...
Vie de la profession

La gagnante de la Star Academy est aussi une consoeur

Diplômée de la Faculté dentaire de Lille, mais pas encore thésée, notre consoeur Marine Delplace, a remporté samedi la Star...
Vie de la profession

Le Congrès de l’ADF 2025 s’affiche

Le Congrès de l’ADF 2025 a dévoilé son affiche sur les réseaux sociaux. « Préparez-vous à vivre une édition POPOPOP », lancent les...