Un projet de loi, dit « projet de loi 29 », en cours d’examen à l’Assemblée de la « Belle Province » et visant à modifier les codes de plusieurs professions, notamment du secteur bucco-dentaire, provoque de nombreuses levées de boucliers.
Ainsi, une partie des chirurgiens-dentistes s’émeut que les hygiénistes dentaires voient leurs missions renforcées. Si ce texte était adopté en l’état, ces derniers disposeraient d’une plus grande autonomie en pouvant définir eux-mêmes le plan de soins d’hygiène dentaire, le mettre en application et en assurer le suivi tout en se voyant attribuer de nouvelles compétences comme le droit de poser des scellants ou de réaliser une obturation temporaire sans préparation de cavité.
« L’accessibilité aux soins bucco-dentaires est essentielle, mais ce n’est certainement pas en évitant l’examen médical du chirurgien-dentiste, comme le permettrait le projet de loi, que nous allons y parvenir, a réagi le 28 août Serge Langlois, président de l’Association des Chirurgiens-Dentistes du Québec (ACDQ). Cela sous-entend que les soins d’hygiène ou d’esthétique suffisent pour avoir une bonne santé bucco-dentaire, ce qui est faux. L’accessibilité à des soins bucco-dentaires de qualité repose en tout premier lieu sur l’accès au chirurgien-dentiste. »
Ajoutant : « Si on permet aux hygiénistes d’appliquer du scellant par exemple, comment vont-elles s’assurer qu’elles n’en appliquent pas sur une carie ? » À l’inverse, l’Ordre des chirurgiens-dentistes du Québec « réitère » dans un communiqué du 28 août également son « appui à l’autonomie des hygiénistes dentaires ». Ambiance…
Autre controverse, cette fois avec les médecins spécialistes. Car le même projet de loi revisite la définition de l’exercice de la médecine dentaire. Elle consiste « à évaluer et à diagnostiquer toute déficience de la santé des dents, de la bouche, des maxillaires et des tissus avoisinants ainsi qu’à en prévenir et à en traiter les maladies dans le but de maintenir ou de rétablir la santé bucco-dentaire chez l’être humain ».
Les termes « tissus avoisinants » n’a pas échappé à la Fédération des Médecins Spécialistes du Québec (FMSQ). Il ouvre, selon elle, la voie à des traitements de parties du corps situées à proximité de la bouche, laissant « la possibilité pour les dentistes de faire de la médecine spécialisée, c’est-à-dire soigner les patients qui ont des cancers de la bouche et de la langue, soutient la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, dans un entretien à Radio-Canada. Les dentistes sont efficaces et performants, mais quand on parle de cas de cancers, qui nécessitent une chirurgie extrêmement mutilante, on veut que ces chirurgies-là soient faites par les équipes qui sont exposées au plus grand nombre de cas critiques par année ».
Enfin, last but not least, les denturologistes (l’équivalent des prothésistes en France) font également feu de tout bois pour que la réforme leur permette de réaliser des prothèses sur implants, prothèses qu’ils estiment amovibles puisque dévissables, contrairement aux chirurgiens-dentistes qui soutiennent le contraire. Aujourd’hui, sans ordonnance d’un chirurgien-dentiste, les denturologistes ne peuvent faire autre chose que des prothèses amovibles.
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