Dans notre pratique quotidienne où nous utilisons de petits objets chez des patients en position semi-allongée, l’accident d’inhalation ou d’ingestion peut survenir. Certes rare, il peut être dramatique pour le patient. Il est donc important de le connaître pour mieux le prévenir et le gérer le cas échéant. En effet, les risques inhérents ne sont pas anodins et ne peuvent être négligés tant d’un point de vue socio-économique que médico-légal.
Cet article, à partir d’un cas clinique d’inhalation d’une broche endodontique et de retrait par fibroscopie pulmonaire, reprend de façon étayée et pertinente les différents facteurs de risque, les symptômes et la gestion d’un tel accident iatrogène pour mettre en avant l’importance de la prévention.
Les facteurs de risque d’inhalation ou d’ingestion sont soit liés au patient (enfants de 1 à 3 ans, personnes âgées, en état d’ébriété, souffrant de handicap mental ou présentant un état de conscience altéré, des antécédents neurologiques, une ouverture buccale limitée…), soit liés aux actes opératoires (position allongée, perte du réflexe lingual par anesthésie, détachement d’instrument, petits instruments glissants entre les gants).
Les symptômes de l’inhalation dépendent de la taille et de la forme du corps étranger. La bronche droite étant la plus droite, elle est le siège le plus fréquemment retrouvé. Les symptômes de corps étrangers inhalés sont une toux, une dyspnée, une respiration sifflante, mais ils sont parfois absents, entraînant tardivement des complications (paralysie des cordes vocales, pneumonies, abcès pulmonaires…). Concernant l’ingestion de corps étrangers, aucun symptôme n’est perçu immédiatement, mais différents signes surviennent s’il y a obstruction de l’œsophage ou perforation du tractus gastro-intestinal (vomissements, nausées, hematémèse).
Les techniques de prévention consistent à utiliser la digue en endodontie et à avoir une aspiration performante en chirurgie. L’utilisation de packing est possible.
Enfin, les auteurs abordent la notion juridique en développant les différentes raisons des procédures et la façon d’y remédier. La base éthique pour la qualité des soins est de recommander la meilleure thérapie tout en minimisant les dommages éventuels, et d’éviter d’exposer un patient à un risque déraisonnable. Ainsi, les recommandations principales sont d’instaurer une bonne relation médecin-patient, d’obtenir un consentement éclairé approprié avant de commencer le traitement, c’est-à-dire expliquer le geste, les avantages, les alternatives, les conséquences et les risques associés à ce geste. Si la reconnaissance précoce des facteurs de risque élevé et l’emplacement des corps étrangers avalés au cours d’une intervention chirurgicale ou non chirurgicale est importante, le praticien doit également, lorsque l’accident survient, reconnaître les signes et les symptômes, informer le patient et tout mettre en œuvre pour que soit éliminé le corps étranger inhalé ou ingéré.
Cet article très agréable à lire permet de faire le point sur ces événements certes rares, mais qui, quand ils se présentent, nous confrontent à notre professionnalisme dans leur prise en charge.
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