Seconde partie
La prédésinfection, un acte essentiel
Florica Oros, Assistante dentaire
La stérilisation ne se limite pas à placer des dispositifs médicaux (DM) dans un stérilisateur. C’est l’application adéquate, scientifique, de l’ensemble des procédures de stérilisation qui permet d’obtenir des dispositifs stériles.
Un micro-organisme se multipliant toutes les vingt minutes donne naissance, en un jour, dans des conditions de nourriture suffisantes, à 4 700 milliards de milliards de micro-organismes (MO). Cela indique à quel point il est nécessaire d’immerger rapidement les DM dans le bac de prédésinfection après traitement, d’ouvrir les dispositifs articulés, d’irriguer les instruments creux et d’essuyer les instruments chirurgicaux ensanglantés, afin de réduire le nombre de MO initiaux. Nous savons, depuis quelques années, que les MO en se multipliant adhèrent à la surface, s’agglutinent rapidement et synthétisent une matrice protectrice dans une barrière visqueuse protéinique qui les lie fortement à la surface, formant ainsi un biofilm résistant. La barrière du biofilm protège les MO contre les menaces externes (antibiotiques, antiseptiques et désinfectants).
Leur organisation est sensible aux enzymes protéolytiques ; les solutions de prédésinfection contiendront donc des enzymes. Ceux-ci étant sensibles à la chaleur, l’eau de dilution ne sera jamais à une température supérieure à 35 °C. Le biofilm se développant dans les espaces où il y a de l’eau, tels que les canalisations, recoins et rebord humides des surfaces, il n’est pas conseillé de conserver les porte-instruments dynamiques dans une boîte métallique entourée de compresses imbibées d’eau pour remettre à plus tard leur désinfection et leur nettoyage, comme cela fut conseillé. Ceci ne fera que fixer et augmenter le biofilm ! Nous analyserons ainsi toute la procédure de prédésinfection (mode de dilution, type de bac, durée d’immersion, méthode de transport, etc.) durant cette demi-heure qui nous est impartie.
Se former pour former les autres
Marilyn Michel, Assistante dentaire
Comme beaucoup d’assistantes dentaires, je suis issue d’une reconversion professionnelle. La passion est un moteur formidable ! À mesure que mon quotidien professionnel prend de l’intérêt et du sens, je décide qu’il m’en faudra plus pour assouvir ma soif de connaissances. Et je décide d’élargir mon horizon en envisageant d’autres métiers dans le même secteur. Je crée aussi une page Facebook qui s’appelle « Club Assistante Dentaire » via laquelle je rencontre des personnes extraordinaires, du monde entier. Elle réunit vraiment des personnes aussi différentes les unes des autres que complémentaires dans la vie professionnelle.
Une manière d’unir par l’encouragement, la compréhension et la tolérance.
Lors de la première JNAD, je rencontre Jacqueline Fesneau, désormais ma directrice. J’ai pris les fonctions de secrétaire de centre CNQAOS en 2016, ce qui consiste à encadrer les stagiaires assistantes dentaires.
Aujourd’hui, je me réalise pleinement en formant mes pairs. La plupart des gens associent la formation professionnelle adulte à l’école et à tout ce qui va avec : devoirs, examens, notes, cours à apprendre par cœur. Cependant, l’école ne représente qu’un type d’apprentissage. Il existe de nombreuses autres manières de se former, de développer de nouvelles compétences et ce, tout au long de sa vie.
Il faut beaucoup se former pour former les autres, mais c’est en formant les autres que l’on comprend qu’il faut se former soi-même ! J’ai donc recherché ce qui pourrait me permettre de compléter mon enseignement initial de base. Mon choix s’est orienté vers les méthodes et les normes et la traçabilité.
À Bordeaux, nous avons la chance d’avoir le seul diplôme universitaire (DU) de France axé sur la démarche qualité en odontologie. Poussée par ma directrice, qui a cru en ma capacité à y arriver et m’a encouragée, j’ai postulé.
L’utilité de développer ses capacités intellectuelles en approfondissant les disciplines de base, mais aussi sa culture technique et professionnelle, m’ont permis d’envisager le futur et le devenir de mon métier d’assistant dentaire.
En novembre 2017, j’étais conférencière lors de l’ADF. Aujourd’hui, je le suis lors de la JNAD. J’espère que mon expérience donnera envie aussi à des assistantes dentaires de devenir actrices de leur parcours professionnel et de retrouver confiance en elles.
Les patients avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA)
Mounya Santou, Assistante dentaire
Beaucoup de personnes avec autisme paraissant physiquement en bonne santé, certaines personnes, y compris les professionnels de santé comme les chirurgiens-dentistes, croient que les formes « légères » d’autisme ne sont pas un véritable handicap. Et de ce fait, elles pensent que la pathologie n’excuse pas un comportement qui, pour eux, peut paraître inapproprié, allant jusqu’à blâmer le patient (voire ses parents) qui ne se contrôle pas lors des soins dentaires. Cette attitude est regrettable. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de traiter ce sujet dans mon mémoire pour mon diplôme universitaire (DU) de prise en charge de la santé orale des patients en situation de handicap.
Tout au long de cette année de formation, j’ai remarqué que les soins dentaires des patients avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA) représentaient une réelle difficulté, autant pour les patients que pour les chirurgiens-dentistes, et j’ai pris conscience de l’importance de mon rôle d’assistante dentaire. Que savons-nous vraiment, du ressenti des patients avec autisme lorsqu’ils franchissent la porte du cabinet dentaire ?
Une assistante sait que la peur est une réaction de fuite face à une situation perçue comme menaçante. En matière de soins dentaires, cette fuite résulte de multiples angoisses (la douleur, la perte de contrôle dans le déroulement des soins, de l’intrusion dans la cavité buccale). Le rôle de l’assistante dentaire sera de rassurer le patient et de le mettre en confiance. Pour un patient avec autisme, son rôle sera le même, à la seule différence que le patient ne pourra verbaliser ses craintes.
Cette situation entraîne un renversement des rôles, mettant l’assistante dentaire en situation de « handicap » face à la difficulté de trouver le mode de communication adapté. C’est ce paradoxe qui a attisé ma curiosité et mon désir d’évoluer auprès de ces patients.
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