Objectif de cette coopération : sensibiliser les chirurgiens-dentistes et les conseillers ordinaux aux risques de dérives sectaires dans le domaine de la santé, en particulier dans l’exercice de la dentisterie où certaines méthodes non éprouvées, ni validées scientifiquement, peuvent conduire à des dérives. « Le nombre de pseudo-praticiens ou de marchands de bonheur, de dérives thérapeutiques dues à des pratiques commerciales trompeuses et de formations débouchant sur des qualifications non reconnues par l’État offre un marché inquiétant, largement ouvert et concurrentiel du parcours de soins conventionnels », dénoncent les deux institutions. Plus de 400 pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique sont aujourd’hui recensées en France. Il existerait 1 800 structures d’enseignement ou de formation « à risques » de dérives sectaires, 4 000 « psychothérapeutes » autoproclamés qui n’ont suivi aucune formation et 3 000 médecins seraient en lien avec la mouvance sectaire. Dans un guide pratique intitulé « Santé et dérives sectaires » publié en 2012, la Miviludes décrypte les mécanismes par lesquels les mouvements sectaires sévissent dans le champ sanitaire et rappelle les méthodes les plus répandues : programmation neurolinguistique, faux souvenirs induits, énnéagramme, kinésiologie, énergiologie…
Diastème et solitude…
Dans le domaine dentaire, elle liste les pratiques « les plus couramment rencontrées » pouvant conduire à une dérive sectaire :
– le décodage dentaire. Il permettrait « la lecture des informations portées par les dents, dans l’intention de permettre au patient une prise de conscience d’un problème relationnel traumatisant, conflictuel ». Exemple : si les incisives centrales supérieures sont séparées des latérales, l’enfant se sent seul dans sa famille. Si ce sont les inférieures, il se sent seul dans l’existence… ;
– les constellations dentaires. La pratique se fonde sur une théorie similaire à la première. « La dent, en tant que partie de soi, est un lieu de stockage, en lien avec les mémoires appartenant au système familial. À partir d’une dent se retrouvent des séquences de notre vécu, de celui de nos parents ou aïeux, voire de notre entourage. » L’acte thérapeutique consiste à réparer ses fondements ;
– la dentisterie holistique. Cette technique veut traiter le patient dans sa totalité. Elle englobe le soin de la dent, les aspects psychologiques et « les blocages émotionnels ».
Autant de méthodes qui « peuvent être d’une efficacité redoutable dans le processus d’emprise mentale pouvant conduire certains patients à l’arrêt de leur traitement conventionnel et à des ruptures familiales ». Au chirurgien-dentiste, confronté à un mouvement sectaire, un confrère ou un patient sous l’emprise d’une secte, le guide conseille d’alerter son conseil départemental de l’Ordre ou son Agence Régionale de Santé (ARS). Les dérives sectaires dans le domaine de la santé représentent plus de 25 % de l’ensemble des signalements reçus par la Miviludes.
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