Depuis plusieurs années, de nombreux auteurs ont rapporté une forte association entre HPV et carcinome épidermoïde oral, plus particulièrement en regard de l’anneau de Waldeyer. Certaines études ont montré que HPV16 représentait 85 % de tous les carcinomes épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures (VADS) positifs pour le HPV. Une mauvaise hygiène bucco-dentaire combinée à un système immunitaire défaillant réduit la capacité à combattre les bactéries orales potentiellement pathogènes, les virus et champignons présents. Le vaccin contre HPV, disponible pour la première fois en 2006, a été le vaccin prophylactique de choix, tout sexe confondu, et les études expérimentales ont montré, d’une part que le vaccin peut prévenir 90 % des infections HPV et, d’autre part, que la prévalence du HPV16/18/6/11 était significativement plus faible chez les individus vaccinés par rapport aux non vaccinés. Cependant, personne n’a évalué si la présence d’une parodontite pouvait modifier la prévalence orale du HPV16/18/6/11.
Le but de cette étude a été d’examiner les différences de prévalence du virus chez les adultes en fonction du statut de vaccination contre HPV et du statut de la parodontite.
Des données de 2011 à 2012 et de 2013 à 2014 ont été récupérées pour les enquêtes nationales (n = 822) dans le but de prédire la prévalence orale du HPV dans 24 groupes démographiques distincts (âge par sexe et par race) sur la base des caractéristiques suivantes : statut de vaccination contre HPV et statut de la parodontite. Un modèle de régression logistique multiple, contrôlant le sexe, l’âge, la race, le tabagisme, la consommation d’alcool ainsi que les partenaires sexuels, a été calculé afin de générer des estimations de prévalence.
Que ce soit sur les données 2011-2012 ou 2013-2014, les taux médians de prévalence du HPV au niveau oral étaient les plus élevés chez les individus non vaccinés atteints de parodontite suivis des individus non vaccinés sans parodontite puis chez les individus vaccinés atteints de parodontite et enfin chez les individus vaccinés sans parodontite.
Cette étude met en exergue l’importance de la transversalité entre les différentes équipes médico-chirurgicales. En effet, les mesures préventives vis-à-vis des parodontites et le recours à la vaccination contre le HPV peuvent entraîner une diminution de la prévalence orale du HPV et le développement ultérieur de carcinome épidermoïde des VDS.
Les praticiens de santé orale doivent envisager de discuter de la nécessité de vaccinations contre le HPV chez tous les enfants âgés de 10 à 13 ans avec leurs représentants légaux et de leur fournir des informations sur la nécessité d’un bon état parodontal et dentaire au long cours, ceci afin de réaliser une prévention active pour limiter les carcinomes épidermoïdes associés au HPV. Ces soins primaires sont nécessaires, compte tenu du risque accru du HPV oral chez les personnes non vaccinées atteintes de parodontite.
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