« On peut chuter, mais il faut se relever et repartir au combat »

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
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Attention légende ! Double champion du monde du 110 m haies et du relais 4 x 100m en 2005, double champion d’Europe en salle en 2005 et 2009, quintuple champion de France… Voici, Ladji Doucouré ! Il est votre coach pour vous aider à préparer le Dental Run Care. Il courra avec vous le 30 novembre à l’ADF. Rencontre.

L’Information Dentaire : Vous avez quitté la piste il y a tout juste un an, à 35 ans. Pas trop le blues ?
Ladji Doucouré : Le blues ? Parfois, lorsque je regarde une compétition. Mais je n’ai pas de regret. Ma carrière a été longue, il fallait que ça s’arrête. Et puis je vais retrouver les pistes. Je viens de passer mes diplômes d’entraîneur. Je vais transmettre ce que j’ai appris aux plus jeunes.

I.D. : Justement, vous parlez souvent de « passer le témoin », de partager votre expérience…
L.D. : C’est en partageant que l’on progresse. J’ai eu la chance de faire quelques rencontres déterminantes. Par exemple, Guy Drut, qui fait référence dans ma discipline. Je le connaissais, comme tout le monde, en tant que champion et ministre. Et puis je l’ai croisé en 2003 à Paris lors des championnats du monde. J’étais encore un espoir de ce sport. Nous avons longuement échangé et il m’a conseillé d’aller me confronter directement avec les meilleurs du monde. À ce moment-là c’était les Américains. Je l’ai écouté et je suis parti un mois et demi aux États-Unis pour apprendre comment ils voyaient la discipline et m’imprégner de leur culture de la gagne. J’ai eu un gain de progression important.
 
I.D. : Avec cette idée de transmission, vous avez créé il y a quatre ans les Golden Blocks. Parlez-nous de cette aventure.
L.D. : C’est un peu mon histoire, tout simplement. J’ai appris à aimer la course dans la rue et à l’école. Comme tous les enfants, je jouais à qui est le meilleur à la course, au saut, au lancer. Et puis en grandissant, au collège, au lycée, les choses deviennent moins naturelles. J’ai voulu que cet esprit de liberté et de compétition perdure. Nous organisons donc partout en France des compétitions de rue pour les 8-16 ans. Du sprint, du demi-fond et du saut en hauteur. Les vainqueurs se retrouvent pour une finale à Paris. Beaucoup se sont pris au jeu et se sont inscrits dans des clubs ou font des études en direction des métiers du sport. Certains ont même été détectés.
 
I.D. : Une chose surprend lorsqu’on regarde votre parcours, c’est votre faculté à vous remettre en selle. Par exemple, lors de la finale Olympique de 2004, vous êtes assuré de la médaille l’argent, mais en tentant de revenir sur le premier, vous heurtez la dernière haie et vous finissez dernier. Pas facile de s’en remettre ?
L.D. : Je n’ai pas regardé les autres. Nous sommes huit au départ, il faut arriver le premier, c’est tout. Ce qui est important, c’est que j’ai été jusqu’au bout de moi-même.
Ensuite, on a fait un débriefing de l’ensemble de la compétition, le positif, le négatif. Et on s’est demandé ce qu’il fallait en plus pour aller chercher la victoire. La volonté de vaincre, je l’ai en moi. On a le droit de chuter, mais il faut se relever et repartir au combat. Toujours.
 
I.D. : De la même manière, en 2005, vous êtes champion du monde du 110 m haies et le lendemain sacré champion du 4 x 100 mètres. Là aussi, il faut se motiver.
L.D. : Oui et en plus je n’avais pas beaucoup dormi ! Helsinki se prête à la fête (rires). Mais ce sont deux courses différentes dans l’approche. L’une où je suis le pilote, l’autre où je dois me fondre dans une équipe. En fait, je ne pouvais pas me louper. Je n’intégrais l’équipe du 4 x 100 que pour la finale et les gars avaient réalisé une super perf en demi-finale.
 
I.D. : Et les blessures. À partir de 2006, vous avez des ennuis physiques à répétition qui vous contraignent à faire l’impasse sur de nombreuses compétitions. Là aussi, c’est un combat ?
L.D. : C’est compliqué, mais cela fait partie des règles du jeu. La blessure cohabite avec la performance. Un jour tu gagnes, un jour tu perds. Certains gagnent longtemps, d’autres jamais. J’ai eu la chance de gagner, j’ai été souvent blessé. Bon, j’ai accepté mon parcours. Il faut faire les bons choix ou pas. C’est le destin.
 
I.D. : Avec vos blessures à répétition, vous êtes forcément passé dans de nombreuses mains : médecins, diététiciens, kinés,… et chirurgiens-dentistes !
L.D. : Plus jeune, les petites blessures ne sont pas un problème. On est fort, on revient vite. Et puis en prenant de l’âge, on doit faire plus attention. Vers 26 ans, je suis rentré dans une spirale de blessures à répétition. Je ne m’en sortais pas. On m’a donc proposé de faire un check-up. Surprise, mes ennuis de santé, essentiellement des inflammations ligamentaires, provenaient d’une malocclusion. On m’a montré comment la malposition de ma mâchoire influait sur le positionnement de mon cou et de ma tête et finalement de mon corps entier. Il était sous tension permanente. Retrouver une stature équilibrée est capital dans ma spécialité, les haies, où les mouvements sont asymétriques. On m’a posé des cales, fabriqué une gouttière et la plupart de mes problèmes était réglée. Je dors toujours avec une gouttière aujourd’hui.
 
I.D : Vous avez accepté de devenir le coach pour l’opération Dental Run Care deuxième édition. Comment abordez-vous votre rôle ?

L.D. : Je me sens concerné par ces sujets de santé bucco-­dentaire, et lorsque Pierre Fabre Oral Care m’a proposé de devenir coach, cela m’a intéressé. Il y a une course ? Bon, je vais aller partager mon expérience et profiter de celle des autres. ■

« Le frottement sur la latte »

L’auriez-vous deviné ? Le bruit de la jambe frottant le haut de la haie à son passage est le son préféré de Ladji Doucouré. Sa drogue favorite ? Le Yassa cuisiné par sa mère !
Nous avons soumis Ladji Doucouré au questionnaire que Bernard Pivot proposait à ses invités à la fin de l’émission « Bouillon de culture ». Toutes les réponses, à brûle-pourpoint et sans filet, sont sur www.dentalruncare.fr

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