Commission scientifique et de la recherche
L’intensité de la douleur comme la souffrance morale qu’elle entraîne peuvent être mesurées, le plus souvent avec des échelles d’auto-évaluation. D’autres composantes de la douleur sont également observables. L’une des plus importantes est la composante comportementale, dont l’un des marqueurs le plus fiable et spécifique est l’expression faciale. Cette dernière permet d’évaluer à la fois la composante sensorielle et émotionnelle désagréable de la douleur. Elle possède deux grandes finalités, permettre de transmettre un signal d’avertissement de menace et de générer chez l’autre un comportement altruiste d’aide et de compassion.
Les humains sont des experts pour reconnaître la signification des traits du visage, qu’elles soient variables (émotions) ou immuables (genre). En raison de sa grande valeur communicative, la douleur peut être détectée plus rapidement sur les visages que les caractéristiques immuables. Sur la base de cette hypothèse, les auteurs de cette étude française ont cherché à détecter un temps de présentation qui permet la discrimination subliminale de l’expression faciale de la douleur sans permettre la discrimination entre les sexes. Chez 80 personnes, ils ont comparé le temps nécessaire (50, 100, 150 ou 200 millisecondes) pour distinguer les visages statiques de douleur, de colère et neutres avec le temps nécessaire pour distinguer le genre (homme versus femme).
Les résultats montrent que, à 100 millisecondes, 75 % des participants discriminent la douleur alors que seulement 20 % des participants ont réussi à discriminer le genre. De plus, cette discrimination de la douleur semble être subliminale. Cela confirme la théorie de l’évolution relative à la nécessité de lire rapidement les émotions aversives pour assurer la survie, mais pourrait également être à la base des comportements altruistes tels que l’aide et la compassion. Nous n’avons plus aucune excuse de ne pas avoir vu (rapidement) que nos patients avaient mal…
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