Neuf orateurs internationaux – Victor Clavijo, Florin Cofar, Galip Gürel, Paulo Kano, Jordi Manauta, Gianfranco Politano, Anna Salat, Gil Tirlet et Eric Van Dooren – ont parcouru, à travers des présentations d’une très grande qualité, toutes les facettes de la dentisterie adhésive et esthétique.
Galip Gürel, diplômé de l’Université d’Istanbul et président fondateur de l’EDAD (Turkish Academy of Aesthetic Dentistry), a abordé l’importance de la communication digitale ainsi que la personnalisation du sourire, essentielle à la réhabilitation de ce dernier. En partant du concept du visagisme qui intègre le côté émotionnel au design du sourire, le Docteur Gürel définit le « visagismile ». Ce nouveau concept permet, à travers un protocole en trois étapes clés, de restituer au patient un sourire en adéquation avec son identité propre. Une analyse géométrique du visage permet tout d’abord de définir la structure globale du sourire. Puis l’entretien oral met en évidence le caractère du patient qui, dans un 3e temps, choisira les détails du sourire. Un logiciel appliquant ce concept a été mis au point et présenté par le conférencier.
Eric Van Dooren, chirurgien-dentiste belge, spécialisé en implantologie, a décrit les implants V3 du laboratoire MIS. L’innovation vient de leur forme triangulaire qui permet de réduire la compression des tissus lors de la pose, en particulier de l’os cortical en vestibulaire en secteur antérieur et ainsi de limiter la résorption osseuse post-extractionelle. Des cas cliniques ont permis aux congressistes d’apprécier la mise en œuvre chirurgicale et prothétique. Une greffe trilaminaire tubérositaire (os – tissu conjonctif – épithélium) a également illustré son intervention.
Gil Tirlet, enseignant à l’Université Paris Descartes et membre de l’équipe internationale de Bio-Emulation, fidèle aux concepts actuels de la dentisterie adhésive, a présenté une solution thérapeutique : le bridge cantilever collé tout céramique. En se fondant sur le constat que des implants posés en secteur antérieur chez des patients jeunes en traitement d’agénésies ou d’antécédents de traumatisme se retrouvent quelques années plus tard en infraposition du fait de la continuité de croissance, il propose la réalisation de bridge collé cantilever comme solution thérapeutique pérenne. Ce traitement est parfaitement réalisable grâce aux moyens de collage actuels : un seul appui dentaire avec un inter en porte-à-faux, un matériau céramique bien choisi en fonction des propriétés mécaniques et esthétiques recherchées, une occlusion minutieusement réglée. Le protocole de mise en œuvre a été décrit en détail et les indications cliniques clairement identifiées. Cette solution conservatrice, répondant au principe de dentisterie a minima, ne compromet en rien la pose d’un implant à long terme.
Florin Cofar, spécialisé en dentisterie esthétique en Roumanie et membre du groupe DSD, a abordé l’importance de la communication visuelle dans la prise en charge du patient. Pour lui, le sourire étant une émotion liée à la perception que la personne a d’elle-même, seule la vidéo permet de mettre en évidence cette émotion.
Paulo Kano, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie et en esthétique, fondateur du Paulo Kano Institute, a présenté le Skyn Concept. À partir d’un mock-up, conçu directement en bouche à l’aide d’une base de modèles préformés aux dimensions variables, qu’il soumet à une analyse DSD-Skyn concept, il réalise un mock-up final. Il peut alors élaborer les préparations des dents et, après une double numérisation (des dents préparées et des mock-up), exécuter les facettes par CFAO ou par technique pressée.
Victor Clavijo, chirurgien-dentiste brésilien, spécialisé en dentisterie restauratrice et en implantologie, a développé le concept très actuel, et pourtant très peu présent dans la littérature scientifique, des restaurations adhésives en céramique sans préparation. Il a rappelé les difficultés techniques de la mise en place de facettes d’épaisseur très fine (0,3 mm) et la gestion du profil d’émergence ainsi que le joint céramique-dent dans le cas de réalisation de facette « prepless ». À travers une multitude de cas cliniques, le Docteur Clavijo a fait part de ses échecs et de ses réussites.
Anna Salat et Jordi Manauta, membres de l’équipe italienne Style Italiano, ont mis en place un protocole de restauration des dents antérieures en technique directe dans le respect des concepts de biomimétique et de dentisterie a minima. Tous deux ont voulu que ce concept soit réalisable, enseignable et reproductible, le rendant ainsi accessible à un grand nombre de praticiens. Toutes les étapes cliniques ont été décrites en détail : la prise de teinte, l’isolation, la réalisation des clés en silicone, la gestion des points de contact et des diastèmes.
Gianfranco Politano, universitaire et ayant un exercice privé en Italie, cofondateur du groupe Bio-émulation, a clos ces deux belles journées. Il a rappelé les rapports entre les propriétés mécaniques de la dent et la quantité de tissu perdu. Le Docteur Politano a présenté une nouvelle technique de stratification des composites dans les cas de restaurations postérieures : la technique trilaminaire simulant la morphologie naturelle de la dent. Elle consiste à déposer une première couche concave de composite teinte dentine, puis une fine couche mimant la jonction amélodentinaire et, enfin, à sculpter, au niveau des cuspides, des lobes de composite teinte émail. Il s’agit d’une technique simple et applicable par tous.
Ces deux jours de conférences intenses et passionnantes se sont terminés par une soirée de gala dans la magnifique salle du théâtre du Vaudeville (au sein de la galerie de la reine) dans une excellente ambiance, à l’image de cette manifestation.
Une nouvelle fois, ce congrès a pleinement satisfait les attentes de chacun. La programmation et la qualité des présentations ont été remarquables. Alain Perceval et l’ensemble de son équipe ont assuré une formidable organisation. Vivement 2017 !
De gauche à droite : Jean-Pierre Attal, Gil Tirlet et Victor Clavijo.
Commentaires