Musique et anxiété

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire
Article analysé : Thoma MV et coll. Effects of music listening on pre-treatment anxiety and stress levels in a dental hygiene recall population. Int J Behav Med 2015 ; 22 (4) : 498-505.

Il est toujours surprenant de constater que ce sont très souvent les patients les plus anxieux et les plus craintifs à l’abord de soins dentaires qui présentent par la suite les complications qu’ils ont tant redoutées… Et les praticiens que nous sommes se demandent alors inévitablement, presque désespérés, pourquoi ces complications « tombent » toujours sur ces patients-là ? Différentes études ont montré que de hauts niveaux d’anxiété ressentis par les patients avant les traitements, associés à un stress généré en réponse, conduisent à une perception accrue de la douleur, à davantage de complications après l’intervention, mais aussi à un retard de guérison ou de cicatrisation. Plutôt que d’employer en prémédication des médicaments aux nombreux effets secondaires pour canaliser le stress exacerbé des patients les plus anxieux, des méthodes moins invasives et moins onéreuses ont été recherchées. Parmi elles, les effets apaisants attribués à l’écoute de musique ont été démontrés comme pouvant être aussi efficaces contre l’anxiété que l’administration de benzodiazépines. Les auteurs de cette étude ont donc voulu évaluer les effets de l’écoute de musique sur l’anxiété vis-à-vis des soins dentaires chez une population saine de patients se rendant à un contrôle dentaire de routine régulièrement programmé dans un centre de prévention dentaire de Zürich. 
 
Quatre-vingt-douze patients âgés de plus de 18 ans et engagés dans un programme de suivi préventif régulier ont été inclus dans cette étude dont le but est d’évaluer si l’écoute d’une musique relaxante durant 10 minutes réduit les sentiments d’anxiété et de stress chez les patients concernés. Les participants ont été répartis de manière randomisée soit dans le groupe témoin qui attend la séance clinique dans le silence, soit dans le groupe test qui écoute une musique calme et apaisante produite par une chorale latine (voir QR code). Avant et après cette période de 10 minutes précédant la séance de soins et pendant laquelle les patients des deux groupes sont équipés d’un casque, les participants complètent un questionnaire spécifique sur leur état d’anxiété, leur stress subjectif, la douleur anticipée et sur leur humeur du moment. Après la séance clinique d’hygiène et de prévention, un questionnaire relatif à l’anxiété vis-à-vis des soins dentaires est de nouveau complété. Les résultats montrent une baisse significative de l’anxiété après l’écoute musicale alors qu’elle n’a pas varié dans le groupe témoin. Des résultats similaires sont trouvés sur le stress perçu. En revanche, aucune influence n’a été montrée concernant une réduction de l’anxiété ou de l’appréhension globale des soins dentaires chez les patients du groupe test.
 
Dans leur discussion, les auteurs avancent différentes hypothèses pour expliquer l’effet positif de l’écoute musicale préalable à la séance clinique sur l’état de stress des patients. La première théorie serait que le « rythme corporel » se synchroniserait avec le doux rythme (inférieur à 80 bpm) de la musique écoutée avec pour finalité un soulagement de l’anxiété immédiate. Une autre hypothèse serait que la musique susciterait des émotions positives annulant l’excitation physiologique associée à un stress négatif. L’hypothèse d’un sentiment de meilleur contrôle personnel sur une situation stressante est aussi discutée, dans le cas où le patient pourrait lui-même choisir la musique écoutée, ce qui n’est pas le cas de cette étude. Une notion plus objective également discutée est que les pensées ou stimuli négatifs seraient détournés par l’écoute de la musique. Au final, les auteurs considèrent que l’activation des régions cérébrales de la perception musicale corrélées à d’autres aires du système limbique impliqué dans la gestion des émotions peut être responsable de l’effet bénéfique de la musique sur la réduction de l’anxiété observée dans cette étude. En considérant l’ensemble des mécanismes complexes mis en jeu, il est fort probable qu’une action synergique et concomitante de toutes les hypothèses évoquées soit impliquée

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