Ce travail, réalisé par une équipe chinoise, est un article original sur l’analyse des modifications microbiologiques observées chez des patients ayant eu un traitement orthodontique.
Le traitement orthodontique fixe est utilisé pour traiter les mal-occlusions, mais peut présenter le risque potentiel de complications parodontales. Une étude prospective en 2014 a montré que les dispositifs orthodontiques fixes avaient un impact négatif sur les indices parodontaux. De plus, les changements au niveau du parodonte étaient partiellement réversibles après dépose de la thérapeutique orthodontique. Parallèlement, il a été rapporté dans la littérature que le biofilm infragingival, et plus particulièrement les bactéries anaérobies, était responsable de l’initiation et de la progression de la maladie parodontale. Les changements microbiologiques ont été peu décrits chez les adolescents après un traitement orthodontique.
L’objectif de cette étude a été d’analyser les modifications du parodonte en se fondant sur des indices parodontaux (profondeur de poche (PD), indice gingival (GI), indice de saignement (SBI)) et sur la quantification par PCR en temps réel de 4 bactéries parodontopathogènes et de la charge bactérienne totale retrouvée au niveau des prélèvements (Aggregatibacter actinomycetemcomitans, Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia, Tannerella forsythia).
Le matériel et les méthodes sont clairement explicités avec un groupe cas : 20 adolescents (8 hommes, 12 femmes, âge moyen : 14,4 ans) ayant un traitement orthodontique, et un groupe témoin : 19 adolescents (9 hommes, 10 femmes, âge moyen : 14,24 ans). Les auteurs ont analysé l’état parodontal et effectué des prélèvements par cônes papier insérés 30 secondes dans le sulcus des incisives mandibulaires des deux groupes à trois temps différents : T0 : juste avant la dépose du dispositif orthodontique fixe, T1 : 1 mois après la dépose, T2 : 3 mois après la dépose.
Les résultats ont permis de montrer que les paramètres cliniques pris en compte (GI, PD, SBI) à T0 étaient significativement plus élevés dans le groupe cas. À 3 mois (T2), aucune différence n’a été observée pour l’indice gingival et l’indice de saignement gingival entre les deux groupes. Même si la prévalence et la quantification des bactéries parodontopathogènes diminuent, la profondeur de poche ainsi que les concentrations de Prevotella intermedia étaient encore significativement plus élevées par rapport à celles du groupe témoin (P < 0,05 ou P < 0,01).
Les auteurs ont souhaité appâter les lecteurs en parlant de microbiote dans le titre de leur article, alors que leur étude se limite à l’analyse de 4 espèces bactériennes parodontopathogènes. « On ne trouve que ce que l’on cherche. On ne cherche que ce que l’on connaît. » Or on pouvait s’attendre à une analyse métataxonomique du microbiote avec les méthodes de séquençage de nouvelle génération.
En conclusion, cette étude, certes bien menée, montre bien que des modifications cliniques et bactériennes (limitées à l’analyse de 4 espèces bactériennes) sont retrouvées après un changement environnemental (pose d’un dispositif orthodontique fixe) et que ces modifications tant cliniques que bactériologiques sont partiellement réversibles.
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