Selon les Académies de médecine et de pharmacie, « l’état des données scientifiques » et des « méta-analyses rigoureuses » n’ont pas permis de démontrer l’efficacité des préparations homéopathiques qui, par conséquent, ne peuvent être remboursées par l’Assurance maladie « tant que la démonstration d’un service médical rendu suffisant n’en aura pas été apportée ». Pour les mêmes raisons, « aucun diplôme universitaire d’homéopathie ne doit être délivré par les facultés de médecine ni de pharmacie ».
Cependant, les deux institutions ne veulent pas repousser les « données sociétales » que représentent l’engouement des Français et celui des professionnels de santé pour les granules. Selon un sondage Odoxa publié le 31 janvier dernier, 72 % des Français croient aux bienfaits de l’homéopathie, 52 % y ont recours et 43 % des professionnels de santé (médecins, sages-femmes, chirurgiens-dentistes) prescrivent, souvent sans y croire eux-mêmes, des préparations homéopathiques (lire Id du 12/2/2019). « Ces divergences entre l’engouement du public, la rigueur des scientifiques et l’opinion intermédiaire des praticiens peuvent s’expliquer par la connaissance insuffisante et/ou la sous-estimation de l’effet placebo avec attente, seule explication plausible, mais aussi suffisante, des effets de l’homéopathie en l’état actuel de la science », écrivent les Académiciens.
Pour respecter cet effet placebo avec attente dont pourraient bénéficier les patients, « phénomène neurobiologique scientifiquement établi, dont la réalité est attestée par des essais cliniques contrôlés et les mécanismes éclairés par les neurosciences, notamment l’imagerie cérébrale », les Académies ne remettent pas en cause la présence de l’homéopathie dans l’arsenal thérapeutique, mais souhaitent limiter son utilisation à des « situations où son emploi est souhaité [par le patient, ndlr], à condition que celle-ci n’induise pas une perte de chance en retardant la procédure diagnostique et/ou l’établissement d’un traitement reconnu efficace et sous condition que le médecin soit conscient qu’il use d’un placebo avec attente ».
Et pour que les choses soient transparentes, les préparations homéopathiques délivrées en pharmacie devraient porter « la mention de leur composition, de leur dilution en termes compréhensibles et sans revendication thérapeutique ».
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