Depuis dimanche soir c’est l’émoi dans la profession. Lors de sa conférence de presse, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé un déstockage de 5 millions de masques, en listant les soignants auxquels ils étaient destinés : ambulanciers, préparateurs en pharmacie, sages-femmes, manipulateurs radios, etc… mais a aucun moment il n’a cité les chirurgiens-dentistes et leurs assistantes.
Sur les réseaux sociaux la colère gronde, les messages pleuvent par centaines. « On a donc la confirmation que nous ne sommes toujours pas considérés comme des soignants… Merci Mr Le Ministre des solidarités et de la Santé », cingle un confrère sur Facebook. « Masques chirurgicaux ou FFP2 : encore une fois les chirurgiens-dentistes n’existent pas à vos yeux. La profession a pris ses responsabilités en organisant ses urgences à SES frais. Votre attitude envers la profession est insultante ! », s’emporte une consoeur sur Twitter.
« Donc les sages-femmes, les manipulateurs radio etc.. auront le droit à la distribution de masques mais pas les chirurgiens-dentistes… Doit-on rappeler que l’on bosse à 30 cm du patient, et qu’il s’agit du métier le plus exposé notamment avec l’utilisation de nos rotatifs ? », souligne une autre. « Rien pour les chirurgiens-dentistes, pourtant LA profession la plus exposée. Pas de FFP2 ni d’EPI pour eux. Les consultations gratuites par téléphone pèsent lourd dans le budget de nos TPE libérales. Je suis pessimiste. La cessation de paiement est proche », s’alarme une troisième.
« On n’est rien ? Arrêtons de bosser gratos ! »
Christian Moussally, praticien à Paris et membre du laboratoire de recherche de biomatériaux à Paris V, adresse une « Lettre ouverte » au ministre de la Santé. « Mr Véran, je suis Docteur en chirurgie-dentaire et je suis très étonné et choqué de ne pas avoir entendu le nom de ma profession dans la liste des professionnels de santé qui auront droit aux masques FFP2, écrit-il. (…) Depuis le 16 mars, nous avons mis en place les mesures nécessaires pour gérer les urgences dentaires afin de ne pas surcharger le 15 et les services hospitaliers (…). Mr Véran, toute notre profession attend de vous que vous nous donniez les moyens de rouvrir nos cabinets avec le matériel nous permettant de recevoir nos patients sans faire courir de risque à notre personnel, sans faire courir de risque à nos patients et sans nous faire courir de risque en tant que soignants. Il nous est indispensable d’avoir accès aux masques FFP2 au même titre que tous les autres professionnels de santé. Monsieur le Ministre, nous vous saurions donc reconnaissant de prendre en compte notre requête pour nous permettre d’assurer notre rôle au sein du système de santé de notre pays. »
Les assistantes dentaires ne sont pas en reste. « Monsieur le Ministre à l’heure ou les chirurgiens-dentistes aspirent simplement, légitimement, à retrouver la place qui leur revient au cœur du parcours de santé des Français, qu’on leur en donne les moyens, écrit la page Facebook « Club assistante dentaire ». Et donnons leur les moyens aussi de protéger leur personnel. Il est temps de penser aussi aux assistantes dentaires et au conséquence de la fermeture des cabinets ».
Pour être factuel, hier le ministre faisait référence aux masques chirurgicaux et non aux FFP2 lorsqu’il a listé les professions qui seraient servies. Masques chirurgicaux peu utiles à la profession dans ces circonstances. Pour les FFP2, il a reconnu « des tensions d’approvisionnement », qui empêchent « de les distribuer dans des larges proportions ». Il n’empêche, en oubliant de citer la profession, Olivier Véran, a attisé une colère légitime. « On n’est rien ? Arrêtons de bosser gratos ! Transférons les 7000 appels quotidiens des urgences au ministère de la Santé ! », twitte un confrère rageur.
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