Les chirurgiens-dentistes sont à l’origine de 12 % des prescriptions d’antibiotiques en médecine de ville, correspondant à 42 millions d’euros pris en charge par l’Assurance maladie en 2021, or « 66 % des prescriptions en odontologie ne sont pas indiquées car elles ne répondent pas à une infection avérée ou à une situation nécessitant une antibioprophylaxie et 19 % des prescriptions sont des molécules peu recommandées en odontologie et génératrices d’antibiorésistance (pristinamycine, doxycycline, spiramycine-métronidazole) », indique la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) dans son rapport « Charges et produits 2023 » publié le 13 juillet.
Si le premier antibiotique prescrit par les chirurgiens-dentistes est l’amoxicilline, on trouve en deuxième et troisième positions les associations spiramycine-métronidazole et amoxicilline-acide clavulanique, alors qu’elles ne sont recommandées qu’en seconde intention. « Une analyse des prescriptions montre que les durées de traitement varient beaucoup selon les prescripteurs, alors que les recommandations préconisent 7 jours (sauf pour l’azithromycine) », souligne également le rapport.
L’Assurance maladie, avec le soutien des représentants de la profession (Ordre et ADF notamment) va lancer ce mois-ci une campagne spécifique s’adressant aux praticiens pour promouvoir la pertinence des prescriptions d’antibiotiques en odontologie. En parallèle, elle enverra à chaque praticien son profil individuel de prescription. « Ce profil permet d’analyser sa propre pratique et de mettre en œuvre les corrections nécessaires pour se rapprocher le plus possible des pratiques recommandées par l’ANSM », explique le rapport. L’envoi sera reconduit en 2023. Les confrères « ayant un profil atypique » seront accompagnés par un chirurgien-dentiste conseil. À l’issue de cette campagne, les praticiens se verront proposer une offre de formation et différents outils (aide à la prescription, ordonnance avec délivrance différée, affiche pour salle d’attente, etc.).
Cette campagne nationale est la généralisation d’une expérimentation déployée dans le Grand Est depuis 2020. « Les premiers résultats de l’expérimentation sont encourageants : les chirurgiens-dentistes se sentent extrêmement concernés, certains découvrant l’impact de l’antibiorésistance, tous sont unanimes et s’engagent à faire mieux, se félicite le rapport. Après l’envoi des profils individuels en juin 2021, on constate une évolution favorable des comportements. En comparaison avec les autres régions françaises, dans le Grand Est, l’usage de l’amoxicilline progresse et la part des antibiotiques peu recommandés en odontologie diminue. » L’Assurance maladie estime pouvoir réaliser 7 millions d’euros d’économie en améliorant les prescriptions.
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