Logiciel de modélisation en ligne
Le 22 mars se tenait au salon Gustave Eiffel la soirée de lancement du logiciel Lucy, de la société Biotech Dental. Philippe Véran, son président, le décrit comme une innovation majeure dans le milieu de la dentisterie et de la prothèse dentaire, permettant le « sur-mesure » grâce à la modélisation en ligne et la conception de tout type de prothèse.
Pour François Faure, Normalien, agrégé de mécanique, professeur des Universités en informatique et cofondateur d’Anatoscope, qui a participé au développement de ce nouvel outil, la numérisation de la médecine dentaire permet de mettre en place des protocoles précis de fabrication et de les rendre accessibles à toute une profession. C’est l’objectif affiché de Lucy.
Le traitement des informations, donc de la CAO (Conception Assistée par Ordinateur), serait optimisé grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle qui se baseraient sur les informations fournies par les praticiens et les prothésistes, pour leur proposer une prothèse adaptée à la morphologie du patient.
En effet, la simulation biomécanique tirée d’Anatoscope (logiciel) permettrait la création d’une maquette biomécanique du patient, dont l’objectif est de personnaliser le traitement et d’en anticiper les résultats. Pour ce faire, un scan de la face du patient et une imagerie intrabuccale sont nécessaires.
Le second aspect novateur de ce logiciel est la possibilité de concevoir des prothèses amovibles, qu’elles soient partielles ou complètes, entièrement par ordinateur. Ceci a été présenté par Christophe Sireix, prothésiste et responsable de la partie recherche et développement de Circle (centre de fabrication de Biotech Dental). La modélisation de la prothèse peut se faire de n’importe où, du fait de la disponibilité du logiciel sur le web (gratuité et aucune maintenance). Des moules imprimés, dans lesquels viennent se positionner les dents et le châssis, pour ensuite injecter la résine, réinventent la mise en moufle. De plus, les dents seraient usinées en résine PMMA, zircone ou céramique, et adaptées à la morphologie et au visage du patient. On aboutirait alors à une modélisation automatique par « intelligence artificielle », où le savoir-faire artisanal serait retranscrit numériquement. Le gain de temps serait considérable puisque l’on pourrait s’affranchir des nombreuses phases d’essayage qui caractérisent la prothèse amovible.
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Le Dr Jalal Fattouh a conclu la soirée en évoquant la chirurgie guidée, les facettes et les aligneurs, trois nouvelles applications de Lucy pour lesquelles l’automatisation optimiserait la précision et diminuerait le risque d’erreur. D’autre part, le logiciel permettrait de faire une première proposition thérapeutique au patient, améliorant la communication entre patients, chirurgiens-dentistes et prothésistes. Celles-ci sont encore en phase de recherche et de développement, pour être présentées lors de l’IDS 2019. En conclusion, Lucy pourrait acquérir un savoir-faire grâce à cette manne d’informations numériques et le retransmettre aux praticiens et prothésistes sous forme de proposition de traitement.
« Le monde 4.0, où la technologie connecte les humains et rend la perfection possible ? » C’est la digitalisation totale des métiers de chirurgien-dentiste et de prothésiste, un nouveau paradigme. Cependant deux questions se posent : qu’en est-il de la protection des données, donc du secret médical ? Dans quelle mesure prothésiste et chirurgien-dentiste restent-ils maîtres de leur travail ?
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