Localisation des fractures radiculaires en fonction de la longueur du tenon

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Information dentaire

Loin devant les lésions carieuses (7 %) et les maladies parodontales (5 %), la fracture radiculaire est la première cause de perte de la dent (62 %). Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de l’affaiblissement des parois radiculaires tels ceux impliqués lors du traitement endodontique comme les solutions d’irrigation et les médications intra-canalaires, la mise en forme instrumentale et la compaction lors de l’obturation. Cependant, les ancrages radiculaires coulés, très répandus, sont également un facteur fragilisant la structure radiculaire, diminuant sa résistance mécanique, et favorisant le développement de fractures. Le but de cet article est de déterminer, parmi les fractures radiculaires relevées, s’il existe une corrélation entre leur localisation et la longueur de leur éventuel tenon radiculaire. Pour ce faire, une équipe japonaise a réalisé une étude in vivo rétrospective sur 8 ans et sur 304 dents diagnostiquées comme étant fracturées. La localisation axiale et le site de la fracture ont été relevés lors de l’examen clinique et radiographique. Les aides optiques ont été utilisées lors des étapes qui se révélaient nécessaires au diagnostic comme la dépose de tenon, la désobturation, la coloration et l’élargissement canalaire. Les fractures qui ont été relevées comme incomplètes ont été classées en trois groupes correspondant à leur localisation (tiers coronaire, moyen ou apical). Les tenons ont été classés en fonction de leur nature et du ratio longueur par rapport à la longueur radiculaire en 5 groupes (0, ≤ 2/10, ≤ 4/10, ≤ 6/10 et > 6/10).
Il en résulte que les fractures verticales sont le plus fréquemment retrouvées pour les deuxièmes prémolaires maxillaires (33,1 %), puis les premières molaires mandibulaires (26,8 %) et les deuxièmes prémolaires mandibulaires (22,1 %). La fréquence la plus faible intéresse les incisives médiales mandibulaires (0 %), suivies par les troisièmes molaires mandibulaires (0 %), puis les troisièmes molaires maxillaires (0,6 %) et les incisives latérales mandibulaires (0,8 %). Les fractures ayant pour origine le tiers cervical sont beaucoup plus fréquentes que les fractures d’origine apicale pour les incisives et les canines maxillaires (de 5 à 10 fois plus). Pour les autres dents, on retrouve autant de fractures situées dans la région cervicale ou apicale. Les fractures ayant pour origine le tiers médian sont extrêmement rares (5 sur 304 cas) et uniquement localisées au maxillaire. Aucune dent ayant des fractures à la fois cervicales et apicales n’a été retrouvée. La majorité des fractures de la région apicale est située en lingual ou en vestibulaire. Cela pourrait être lié à la forme ovalaire de la racine. En revanche, les fractures originaires du tiers cervical ne présentent pas de site préférentiel. Enfin, les fractures sont davantage retrouvées chez les patients âgés de 50 à 59 ans.
Concernant les tenons, sur les 87 dents ayant perdu leur tenon, on retrouve beaucoup plus de fractures d’origine cervicale qu’apicale. Il n’est pas possible de savoir si le descellement du tenon a précédé la fracture ou si c’est la situation inverse qui s’est produite. Cependant pour certains auteurs, le descellement initial du tenon pourrait favoriser la fracture. Il n’y a pas de corrélation entre le ratio longueur du tenon/longueur de la racine et la fréquence des fractures d’origine cervicales. Les fractures d’origine apicale sont le plus souvent retrouvées sur des dents sans tenon. Plus le ratio longueur du tenon/longueur de la racine est élevé, moins on observe de fracture apicale. Enfin, plus le ratio est élevé, plus on note de fractures cervicales comparées aux fractures apicales.

Les techniques actuelles ne permettent pas de relever toutes les fractures existantes, c’est le cas des fractures intéressant localement l’apex. Dans notre exercice quotidien, nous pouvons détecter des fractures radiculaires après extraction, mais elles peuvent être la conséquence des forces exercées lors de l’avulsion. La dépose des tenons peut également agrandir le trait de fracture, cependant sans interférer sur sa localisation et son orientation. D’autres facteurs restaurateurs entrent en compte comme la présence d’une férule ou la nature du tenon.
Ainsi, les fractures cervicales sont aussi bien localisées en vestibulaire/lingual qu’en mésial/distal, contrairement aux fractures apicales qui sont plutôt localisées en vestibulaire/lingual. Il n’existe pas d’association entre la longueur du tenon et l’apparition d’une fracture cervicale. En revanche, on peut dire que plus le tenon radiculaire est long par rapport à la longueur radiculaire, moins on retrouve de fractures apicales.

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