Qui n’a pas entendu parler des vertus thérapeutiques du « curcuma » ? Il est vrai que la méfiance reste le premier sentiment de bon nombre d’entre nous. Les patients eux-mêmes proposent le recours à ce genre de traitement pour le moins « alternatif ». Quelles sont les données objectives sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour proposer ou exclure cette thérapeutique ?
L’article cité ici réalise une revue sérieuse, systématique, des articles recensés dans Medline, et concernant l’utilisation du curcuma dans le traitement du lichen plan buccal (LPB).
L’engouement, récent en Europe, pour son utilisation dans le cadre de cette pathologie vient certainement de son caractère chronique, des complications possibles de la corticothérapie locale au long cours et, au contraire, de la « non-toxicité » supposée du curcuma.
Les auteurs ont réalisé une revue systématique dans la banque Medline, avec les mots clés suivants : “turmeric” OR “curcumin” OR “curcuma” AND “oral lichen planus”, de 1997 jusqu’à décembre 2018. Ils ont relevé plusieurs paramètres tels que le type d’étude, le nombre de sujets pour chaque étude, la substance à laquelle était comparé le curcuma, le pays d’origine de l’étude.
Sept essais et une étude observationnelle ont été analysés. L’application de curcuma (pâte, gel, huile…) a été comparée à l’application de corticostéroïdes en topiques. D’autres études proposent d’évaluer l’action du curcuma ingéré versus placebo. Certaines études ont été menées en double aveugle, avec randomisation, avec des effectifs de patients variant de 20 à 33. Les résultats sont contradictoires. L’efficacité du curcuma n’est donc pas démontrée.
Il n’est pas possible de nier le fait que des revues internationales, avec comité de lecture, publient ce genre d’étude. Cet article a au moins le mérite de présenter objectivement les études publiées sur l’efficacité du curcuma dans le traitement du LPB. Plusieurs critiques peuvent être apportées : aucune documentation histologique sur le diagnostic des cas de LPB inclus dans les études, grande variabilité des formes cliniques et des critères de jugement retenus, hétérogénéité des protocoles d’administration du curcuma (préparations, concentrations…). En l’état actuel des connaissances, il n’est donc pas possible de proposer ce genre de thérapeutique aux patients.
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