Si le thème de cette journée de conférences concernait la « chirurgie ortho-faciale », le Dr Cocconi nous a montré, lors de son intervention sur les classes II, qu’il savait parfaitement utiliser toutes les cordes de son arc. Orthopédie, orthodontie, chirurgie, extractions, il s’est amusé à laisser l’assistance deviner les thérapeutiques réalisées chez ses patients, présentés après traitement.
Quels que soient les moyens mis en œuvre, Renato Cocconi est guidé par des objectifs thérapeutiques reposant sur l’esthétique faciale, ce qui l’amène à réaliser plutôt une chirurgie orthognathique que des compensations alvéolaires. Son analyse repose sur un positionnement des incisives garantissant un soutien labial harmonieux : le bord libre de l’incisive maxillaire doit être à l’aplomb de l’épine nasale antérieure d’une part et du point B cutané d’autre part. Le bord libre de l’incisive mandibulaire doit être situé à l’aplomb du pogonion osseux.
Dans l’après-midi, le Dr Cocconi a longuement discuté des différentes possibilités thérapeutiques face à une insuffisance maxillaire transversale. S’appuyant sur un tableau décisionnel très exhaustif, il a passé en revue les différentes formes cliniques et leur traitement chez l’adulte : extractions, distraction maxillaire de type SARPE, disjonction associée à un Lefort I, ostéotomies segmentaires, corticotomies. Là encore, nous avons pu apprécier une philosophie plus volontiers chirurgicale que compensatrice.
Plutôt que de chirurgie ortho-faciale, c’est une véritable démonstration de profiloplastie à laquelle s’est livré Mirco Raffaini. Dans des sessions dignes des « Extreme Makeover » américains, il a impressionné par les transformations esthétiques obtenues chez une patientèle presque entièrement féminine. Le Dr Raffaini nous a décrit sa technique de Lefort I : deux incisions latérales au bistouri électrique et un geste presque a minima, par tunnelisation, cherchant à respecter les insertions musculaires et l’épine nasale antérieure, isolée par une section triangulaire. C’est pour lui la clé de la réussite lorsque l’on souhaite éviter l’effet d’épatement narinaire et d’ascension de la pointe nasale. Le nez semble être une part importante de ses traitements chirurgicaux et les rhinoplasties étaient presque systématiquement associées aux chirurgies bimaxillaires. Si les gestes mandibulaires ont été peu évoqués, des traitements de féminisation ont été présentés par recontourage mandibulaire, en particulier des angles goniaques.
Mais le centre de cette conception « ortho-faciale » (et qui a le plus marqué l’assistance) est le lipofilling. Après présentation des désastres des injections d’acide hyaluronique ou de greffes siliconées dans les lèvres, le Dr Raffaini nous a montré qu’il était possible d’obtenir un beau galbe de la lèvre supérieure, lorsque le cadre squelettique et dentaire avait été correctement traité, par injection de graisse prélevée sur la cuisse, centrifugée et réinjectée en excès. L’effet « duck face » des débuts s’atténue rapidement avec la fonte graisseuse physiologique, les résultats obtenus sont ensuite stables sur le long terme. Ce comblement graisseux remplace avec bonheur les greffes malaires dans les aplasies de la face moyenne et peut combler également des joues trop creuses dans les traitements de masculinisation.
Les participants, orthodontistes, chirurgiens ou internes venus en masse, sont donc ressortis ravis de cette journée, tous très reconnaissants des efforts réalisés par la SFODF pour nous montrer chaque année cette orthodontie d’excellence dans une ambiance très conviviale. C’est le cœur lourd que nous nous sommes dit Arrivederci, en attendant la venue de James McNamara en 2016.
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