Les enquêtes passent, le mal-être persiste. Quand on demande aux étudiants en odontologie quel est, selon eux, le mot qui qualifie le mieux leur état d’esprit vis-à-vis de leurs études, c’est le stress qui arrive en première position (38 %), selon une enquête de l’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD) publiée le 28 janvier. Tout comme en 2018 (38 %) et en… 2016 (34 %). En six ans rien à changer !
Pire selon l’association estudiantine, 35 % des 1 898 répondants à cette édition 2021 sont considérés en état dépressif au moment de leur réponse (5,5 % sont même en dépression sévère) et 42,5 % montrent un trouble d’anxiété généralisée.
Et comme en 2018, près de 15 % des étudiants affirment avoir déjà eu recours à des stupéfiants (cocaïne, cannabis, amphétamines, etc.) ou à des psychotropes (antidépresseurs, hypnotiques, anxiolytiques, etc.) à cause de leurs études. « La fréquence de consommation de ces substances est grandissante avec une multiplication par 6 de la consommation hebdomadaire », s’inquiète l’UNECD.
A l’inverse tout de même, l’enthousiasme (20 %), la satisfaction (16 %) et même le bonheur (3 %) sont au rendez-vous en proportions équivalentes aux précédentes enquêtes « bien être ». En 1er cycle 71,7% des étudiants se disent satisfaits par leurs études et 53,6 % en deuxième et troisième cycle.
A la faculté, sur une échelle de 0 à 10, les étudiants estiment en moyenne leur bien-être à 5,70 contre 5,72 en 2018 et 6,83 en 2016. Ce qui impact le plus leur moral : la crainte du redoublement, la qualité des formations et le sentiment de ne pas être écouté ou pris au sérieux.
Au centre de soins, pour les stages cliniques, la note du bien-être baisse à 5,21 ( contre 4,97 en 2018 et 6,08 en 2106). En cause, les quotas cliniques, c’est-à-dire le nombre d’actes à réaliser pour pouvoir valider son année, le risque de redoublement et le ratio personnel enseignant-étudiants. « Près de la moitié des étudiants considèrent que les TP ne préparent pas suffisamment aux actes à réaliser en clinique et 57,2 % jugent que les enseignements précliniques ne permettent pas d’aborder sereinement la relation patient-praticien », relève l’UNECD.
La qualité des relations avec les enseignants a été en moyenne évaluée à 5,55 sur 10 à la faculté (5,38 en 2018) et à 5,79 au centre de soins(vs 5,54). Enfin, environ 70 % des étudiants disent avoir été victimes ou témoins de dévalorisation ou de situation d’infériorisation au centre de soins et 808 étudiants ont été victimes ou témoins de sexisme à la faculté.
« Est-ce bien normal qu’autant de futurs soignants se sentent aussi mal pendant leurs études ? s’interroge l’UNECD. Malgré la crise de la Covid-19 qui a impacté le déroulement de la formation, nous ne pouvons pas assimiler l’ensemble de ce ressenti à cet unique élément. De plus, force est de constater que les résultats restent similaires à ceux de notre précédente enquête ».
L’organisation étudiante formule donc douze propositions qu’elle portera « auprès des acteurs des études d’odontologie qu’ils soient du monde universitaire, hospitalier, associatif et politique » : augmenter les moyens humains et matériels, créer des cellules d’écoute (réunions, formations au dépistage des signes de souffrance mentale, lieux d’écoute…), nommer des médiateurs en capacité de signaler des comportements déplacés, mettre en place un système d’évaluation des enseignements par les étudiants ou encore diffuser un calendrier annuel précis et détaillé en début d’année universitaire.
« En six ans, rien à changer! » Si tout est à changer, mais rien n’a changé…