Commission scientifique et de la recherche
Il s’agit d’une étude observationnelle rétrospective portant sur 7 patients (4 femmes et 3 hommes âgés de 53 à 68 ans) traités pour un cancer (tumeur solide avec métastases osseuses et myélome multiple) par des médicaments antirésorbeurs (bisphosphonates, denosumab, sunitinib) ayant déclaré une ostéochimionécrose des maxillaires (ONM) au cours de leur traitement. Trois patients ont présenté une ONM de stade 3, trois patients une ONM de stade 2 et un patient une ONM de stade 0.
Une approche conservatrice, non chirurgicale, dénommée PENT-E, basée sur la co-administration de pentoxiphylline (400 mg, deux fois par jour) et de tocophérol (400 UI, deux fois par jour) a été proposée à l’ensemble des patients pour une durée moyenne de traitement de 16,8 mois en plus de la prise en charge médicale classique recommandée. Durant la période de suivi, des séquestres osseux mobiles ont été retirés chez deux patients.
À la fin de la période d’observation, les 7 patients présentaient une disparition complète des symptômes (douleur et suppuration) ainsi qu’une amélioration des signes radiologiques. Pour 2 d’entre eux, la cicatrisation osseuse (avec un comblement total du défaut osseux initial) a été complète, pour 4 elle n’a été que partielle, et aucune modification radiologique n’est observée dans un cas. Aucun effet indésirable majeur n’est rapporté.
Commentaire
Différents traitements médicaux et chirurgicaux ont été proposés dans la prise en charge des ONM. De nombreux protocoles (optimisation de l’hygiène bucco-dentaire, bain de bouche antiseptique, traitement antibiotique et antalgique, biostimulation à l’aide de laser de faible intensité, tériparatide…), utilisés seuls ou combinés, existent dans la littérature. La thérapeutique médicale évaluée dans cette étude est fondée sur l’action bénéfique et synergique de la pentoxifylline et de la vitamine E sur la trophicité et la cicatrisation tissulaire. Cette association semble donc prometteuse. Elle a déjà démontré son efficacité dans le traitement des ostéoradionécroses (ORN) des maxillaires et dans le traitement des ulcères veineux et la claudication intermittente des membres inférieurs. Les résultats de cette étude montrent une efficacité relative de cette association. Si une amélioration clinique est notée chez les 7 patients, une amélioration radiologique ne l’est que pour 2 d’entre eux. Les limites de cette étude sont nombreuses (taille réduite de l’effectif, choix de la panoramique dentaire comme outil de mesure de la cicatrisation osseuse, absence de groupe contrôle témoin positif avec la prise uniquement d’antibiotique et d’antalgique et témoin négatif avec prise de placebo…). De futurs essais cliniques seront nécessaires pour valider l’efficacité thérapeutique de cette association dans le traitement des ONM et le fait qu’elle constitue une bonne alternative aux traitements conservateurs existants déjà validés.
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