Pour la Faculté de Garancière, pour ses disciples, la disparition du Professeur Lejoyeux a causé tristesse et émotion.
Joseph Lejoyeux était un maître et un patron charismatique. Pour certains d’entre nous, « Jo », comme nous aimions le dire affectueusement, était également un père spirituel. Joseph Lejoyeux était un homme d’exception.
Exceptionnel d’abord par son côté fédérateur : ce grand patron a su être le créateur d’une brillante équipe d’enseignants qui a contribué largement au rayonnement de la Faculté de Paris 7- Garancière.
Notre département de Prothèses a connu avec lui un essor continu et a atteint son apogée dans les années 1980/1990, devenant ainsi l’un des plus prestigieux et des plus convoités départements de toutes les facultés dentaires de France.
Il régnait au sein de son service une effervescence dans la recherche et une émulation constante dans la créativité, grâce à son impulsion et sous le contrôle de ses « barons » : Alain Trévelo, Richard Ogolnick, Samuel Kleinfinger, Roger Goumy, Richard Marguelles, Gérard Krief et Fernand Sebbah. Puis les enseignants de la génération suivante, Olivier Hüe, Serge Le Texier, Philippe Monsénégo, Lucien Bismuth, Jean-Yves Doukhan ont repris le flambeau.
Exceptionnel également par sa contribution scientifique. Joseph Lejoyeux a développé notamment les protocoles de mise en condition tissulaire et occlusale en prothèse complète. Il a donné ses lettres de noblesse à cette discipline en la plaçant au centre de problématiques aussi variées que l’occlusion ou la psychologie.
Il a été l’un des premiers à pressentir l’intérêt majeur de l’implantologie chez les édentés partiels et totaux.
Ses livres ont été la bible de la prothèse complète et ont été lus dans le monde entier.
Joseph Lejoyeux a fondé une véritable école française d’enseignement avec les deux autres mousquetaires de la prothèse complète en France, Pierre Buchard et Raymond Sanguiolo : il était le dernier des trois…
Enfin, Joseph Lejoyeux était un homme d’influence doté d’une incroyable vitalité, d’une énergie inépuisable : il courait dans la rue plus qu’il ne marchait ; sa montre était toujours réglée vingt minutes en avance, comme pour aller plus vite que le temps…
Il a été l’un des derniers grands mandarins de médecine, un homme doté d’une intelligence, d’un dynamisme et d’un charisme exceptionnels.
Quand Joseph Lejoyeux dialoguait, il savait organiser une relation magnétique avec son interlocuteur : il aimait bien deviner ses pensées secrètes, ses aspirations les plus cachées, les plus refoulées. Sa parole était quasi divinatoire, et il lisait le caractère des patients sur leur visage, dans leur attitude, sur leurs mains, dans leur voix.
Monsieur Lejoyeux, sans le savoir sans doute, même les plus jeunes étudiants ont bénéficié de votre enseignement. Ces futurs praticiens auront toujours en eux « quelque chose de Lejoyeux » dans leur façon d’appréhender la psychologie et le traitement du patient édenté.
Monsieur Lejoyeux, nous vous devons tous beaucoup, et vous serez toujours présent dans nos esprits et dans nos cœurs.
En notre nom, au nom de la Direction et de tous les enseignants de la Faculté de Garancière, au nom du Collège des Enseignants en Prothèse, au nom de tous ses disciples, nous présentons aux quatre enfants du Professeur Joseph Lejoyeux et à sa famille nos condoléances attristées.
Philippe Monsénégo,
Vice-Doyen de la Faculté de Paris 7 Garancière
Olivier Hüe,
Professeur des Universités
Bruno Tavernier,
Président du Collège National des Enseignants en Prothèse
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