Comment lutter efficacement contre les fléaux mondiaux que sont les caries et les maladies parodontales ? La Fédération européenne de parodontologie (EFP) propose quelques pistes de réflexion, déjà bien connues, dans un livre blanc publié le 13 février. Quelques données d’abord, livrées dans ce document. Les maladies bucco-dentaires touchent environ 3,5 milliards de personnes dans le monde (2,5 milliards pour les caries et un milliard pour la parodontite sévère), principalement dans les pays en voie de développement et dans populations les plus défavorisées des pays développés.
À titre de comparaison, les cinq maladies non transmissibles (MNT) les plus courantes, le diabète, les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies cardiorespiratoires et les troubles mentaux, concernent « seulement » 2,5 milliards de personnes. Les coûts de prévention et de soins des seules caries s’élèvent à 357 milliards de dollars par an, ce qui représente 4,9 % des dépenses mondiales de santé. Sans compter les pertes de productivité, estimées à 188 milliards de dollars par an.
« Les maladies bucco-dentaires ont dépassé toutes les autres maladies non transmissibles en termes de prévalence mondiale et, pour la majorité des gens, les maladies des gencives et les caries dentaires sont totalement évitables », souligne l’EFP. Pour l’organisation européenne, la clé réside donc dans la prévention qui nécessite un « meilleur alignement entre les politiques, la santé publique, les systèmes de paiement et la pratique clinique. Les dentistes seuls ne peuvent relever le défi de l’instauration de soins préventifs et de la réduction des inégalités ».
Changer les modèles de rémunération
La réponse est donc transdisciplinaire. Il faudrait, en premier lieu, mobiliser, sensibiliser et former à la prévention des maladies bucco-dentaires tous les professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmiers, etc.) susceptibles de faire passer le message, mais aussi les paramédicaux des soins dentaires (assistantes, hygiénistes). Dans le même sens, les pouvoirs publics, le système éducatif, mais aussi le monde associatif, devraient éduquer la population à la santé bucco-dentaire et soutenir les changements de comportement. Le privé doit également être mobilisé selon l’EFP. « L’opinion dominante sur l’impact des entreprises est largement négative et ne reconnaît pas la valeur de plusieurs entreprises qui fournissent des produits de santé bucco-dentaire ou des aliments sains, regrette-t-elle. S’engager dans des partenariats avec de telles sociétés pourrait être bénéfique aux efforts de promotion de la santé bucco-dentaire. »
Autre piste, testée en France notamment, le passage à un modèle de rémunération des dentistes essentiellement axé sur la prévention. « Les traitements curatifs dentaires sont coûteux et souvent dispensés par le secteur privé dans de nombreux pays. Une énorme opportunité en matière de soins préventifs, qui réduirait considérablement le fardeau sanitaire et économique des maladies bucco-dentaires, reste inexploitée, estime l’EFP. Une stratégie de mise à niveau des soins préventifs peut accroître les gains réalisés au sein des populations les plus démunies et réduire l’écart en matière d’accès aux soins et de résultats. » Enfin, le livre blanc plaide pour « approche fondée sur les facteurs de risque communs ».
Objectif : aborder la santé bucco-dentaire simultanément et efficacement avec d’autres MNT puisque les facteurs de risque courants tels que l’alimentation, le tabac et la consommation d’alcool sont les mêmes. « Même si près de la moitié de la population mondiale souffre d’une maladie bucco-dentaire, la santé bucco-dentaire continue de souffrir d’un manque de priorité politique. Il faut que cela change », insiste l’EFP.
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