Près d’un milliard de personnes sont obèses dans le monde, soit un individu sur huit, s’alarme l’OMS le 1er mars, au lendemain de la publication d’une étude dans The Lancet. À partir des données d’environ 220 millions de personnes dans plus de 190 pays, compilées dans 3 663 études, ces travaux estiment qu’environ 880 millions d’adultes vivaient en 2022 en situation d’obésité (IMC supérieur à 30), soit 504 millions de femmes et 374 millions d’hommes. Depuis 1990, le taux d’obésité a quasiment triplé chez les hommes (de 4,8 % en 1990 à 14 % en 2022) et plus que doublé chez les femmes (de 8,8 % à 18,5 %).
Pire, près de 160 millions d’enfants et d’adolescents (94 millions de garçons et 65 millions de filles) sont également touchés. Ils n’étaient que 31 millions en 1990. En trente ans, la carte des pays touchés par l’obésité a largement évolué. Ce n’est plus seulement un problème de riches. La Polynésie, les Caraïbes, le Moyen-Orient ou encore l’Afrique du nord, affichent désormais des taux d’obésité supérieurs à ceux de beaucoup de pays industrialisés, notamment d’Europe, selon l’étude, montrant une « transformation rapide des systèmes d’alimentation dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires ».
Autre fait notable : le croisement des courbes entre obésité et dénutrition. Si le sous-poids (IMC inférieur à 18,5) reste un problème majeur dans certaines régions du monde, comme l’Asie du sud ou l’Afrique subsaharienne, il a diminué depuis 1990 et, désormais, « dans la plupart des pays, un plus grand nombre de personnes sont touchées par l’obésité que par l’insuffisance pondérale », indiquent les auteurs. « Cette nouvelle étude souligne qu’il importe de prévenir et de prendre en charge l’obésité de la naissance à l’âge adulte, par l’alimentation, l’activité physique et des soins adéquats, en fonction des besoins », souligne Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans un communiqué.
Taxes sur les produits trop gras et salés, sur les boissons sucrées, étiquetage nutritionnel, politiques éducatives, promotion d’une alimentation saine et du sport ou encore intégration de la prise en charge de l’obésité dans les soins de santé primaires, l’OMS appelle les gouvernements « à agir » et le secteur privé « à coopérer, car il doit rendre compte des effets de ses produits sur la santé » . En France, 17 % des adultes et 4 % des enfants et adolescents sont obèses, selon des données de l’Inserm datant de 2023.
Obésité : le dentiste, acteur oublié
Alors qu’à l’occasion de la journée mondiale contre l’obésité du 4 mars, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié des mises à jour de ses guides « parcours de soins du surpoids et de l’obésité » chez l’adulte, l’adolescent et l’enfant, le Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (SFCD) rappelle « que la santé globale comprend bien évidemment la santé bucco-dentaire ». En effet, dans ces travaux, la HAS n’évoque pas le rôle du chirurgien-dentiste. Or, le syndicat souligne que ce dernier intervient dans la prise en charge médicale de cette maladie auprès des patients et des autres professionnels de santé en termes de coopération et d’amélioration des parcours de soins. « Si l’obésité ne saurait être réduite à l’alimentation, les troubles qu’elle induit passent en tout premier lieu… par la bouche ! », insiste le SFCD.
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