Trente ans de télémédecine en France
L’histoire de la télémédecine en France commence véritablement en 1989 lorsque l’Institut européen de télémédecine est créé et connecte l’hôpital Rangueil, à Toulouse, à l’hôpital Combarel, devenu l’hôpital Jacques-Puel, à Rodez. Vingt ans plus tard, l’inclusion de la télémédecine dans la loi française en 2009 marque une nouvelle grande étape. La loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) définit cinq actes : la téléconsultation, le télé-conseil, la télé-expertise, la télésurveillance et la téléassistance. Depuis 2015, plus de 300 articles scientifiques portant sur la télémédecine ont été publiés par des équipes françaises. [1] La loi de financement de la Sécurité sociale de 2018 introduit en son article 51, un dispositif qui encourage l’innovation organisationnelle afin d’améliorer l’accès aux soins, le parcours des patients, la qualité des prescriptions, l’efficience du système. À partir du 15 septembre 2018, le remboursement de la téléconsultation devient effectif mais sous plusieurs conditions.
L’envol de la téléconsultation sous l’impact de la Covid-19
Face à l’épidémie de coronavirus, les conditions du remboursement de la téléconsultation ont été assouplies. De 60 000 téléconsultations les douze premiers mois, la France est passée à 935 746 au cours de la semaine du 30 mars 2020 et à 5,5 millions entre mars et avril 2020. Au 1er avril 2020, le ministère des Solidarités et de la Santé publie sa première liste de fournisseurs de solutions de télémédecine autodéclarés. Cette liste, régulièrement mise à jour, détaille les caractéristiques d’une centaine de fournisseurs.
Doctolib bénéficiait déjà du plus grand nombre de professionnels inscrits sur sa plateforme de gestion en ligne des rendez-vous médicaux. Environ 30 000 praticiens inscrits sur la plateforme de téléconsultation ont assuré 885 000 téléconsultations en 30 jours [2]. Le 24 avril 2020, Doctolib annonçait être passé à 100 000 téléconsultations par jour [3].
En mai 2020, une étude de l’Institut Paris Région montre que le développement de la téléconsultation pourrait entraîner la baisse de 500 000 déplacements quotidiens, majoritairement en voiture, dans la région en Île-de-France, liés à des motifs de santé [4].
Qu’apporte la téléconsultation dans le domaine de la chirurgie dentaire ?
Rappelons d’abord qu’au cours d’une épidémie, optimiser le recours à la téléconsultation est un geste qui protège le patient, ceux qui sont au cabinet, et ceux qu’il aurait croisés lors du trajet. Le rendez-vous à distance peut représenter un moment privilégié d’écoute et d’échange entre chirurgien-dentiste et patient. Divers sujets s’y prêtent : la fourniture de conseils concernant l’hygiène bucco-dentaire, une orientation dans le domaine de l’orthodontie, le suivi après une chirurgie dentaire, de nouvelles explications concernant une problématique particulière. Le praticien peut également établir et communiquer une ordonnance, expliquer un devis, recommander un confrère dans une autre région…
Même hors temps de crise, des initiatives de téléconsultation permettent une prise en charge plus aisée. Citons ainsi le programme Oralien développé par l’UFSB et dédié aux personnes en résidences de type médico-social. Il propose à ces établissements un programme de suivi à distance de la santé orale de leurs résidents. Grâce à un monitoring de la sphère orale des personnes concernées via des vidéos enregistrées sur smartphone, des télé-expertises peuvent être réalisées. Elles permettent d’adapter le protocole d’hygiène de chaque résident et de repérer l’éventuel besoin de soins. Les données sont objectivées par une intelligence algorithmique développée via l’application qui analyse chaque vidéo de la sphère orale. Une équipe de chirurgiens-dentistes rompus à la télé-expertise valide les résultats[v].
De la consultation ponctuelle chez le particulier à l’organisation régulière en établissement, la téléconsultation aura progressé de manière significative en 2020.
[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=Telemedicine+France&filter=simsearch1.fha&filter=ds1.y_5
[2] Rolland S. La Tribune, 8 avril 2020. Coronavirus : explosion des téléconsultations en France, Doctolib grand gagnant. https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/coronavirus-explosiondes-teleconsultations-en-france-doctolib-grand-gagnant-844660.html
[3] Cimino V. Siècle Digital, 24 avril 2020. Doctolib est passé de 1 000 à 100 000 téléconsultations par jour. https://siecledigital.fr/2020/04/24/doctolib-les-chiffres-de-la-teleconsultation-sont-tombes/
[5] https://www.ufsbd.fr/espace-public/formations-medico-social/oralien-innovation-sante-orale-profit-personnes-vulnerables/
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