En 2013, près de 2 400 signalements en lien avec des dérives sectaires ont été enregistrés par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), selon le rapport 2014 que la mission publie le 30 avril (www.derives-sectes.gouv.fr). Et 39 % de ces signalements concernent le domaine de la santé. « Le nombre croissant de pseudo-praticiens, de méthodes thérapeutiques illusoires proposées, de dérives thérapeutiques dues à des pratiques commerciales trompeuses et de formations débouchant sur des qualifications non reconnues par l’État inquiète les pouvoirs publics, souligne le rapport. Les thérapies complémentaires sont en plein essor, tant au plan de l’offre que de la demande de la part des patients. Or il est de plus en plus fréquent de constater que les promesses et les recettes de guérison, de bien-être et de développement personnel peuvent être au cœur de pratiques dangereuses pour la santé. » Dans un précédent rapport, dédié à la santé, publié en 2012, la Miviludes estimait que plus de 400 pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique sont aujourd’hui recensées en France. Quatre Français sur 10 ont recours aux médecines dites alternatives ou complémentaires, dont 60 % parmi les malades du cancer. Il existerait 1 800 structures d’enseignement ou de formation « à risque » de dérives sectaires, 4 000 « psychothérapeutes » autoproclamés qui n’ont suivi aucune formation et 3 000 médecins seraient en lien avec la mouvance sectaire.
Dans le domaine dentaire, la Miviludes liste les pratiques « les plus couramment rencontrées » pouvant conduire à une dérive sectaire :
– le décodage dentaire. Il permettrait « la lecture des informations portées par les dents, dans l’intention de permettre au patient une prise de conscience d’un problème relationnel traumatisant, conflictuel ». Exemples : « Si les incisives centrales supérieures sont séparées des latérales, l’enfant se sent seul dans sa famille. Si ce sont les inférieures, il se sent seul dans l’existence » ;
– les constellations dentaires. La pratique se fonde sur une théorie similaire à la première. « La dent, en tant que partie de soi, est un lieu de stockage, en lien avec les mémoires appartenant au système familial. À partir d’une dent, se retrouvent des séquences de notre vécu, de celui de nos parents ou aïeux, voire de notre entourage. » L’acte thérapeutique consiste à réparer ses fondements ;
– la dentisterie holistique. Cette technique veut traiter le patient dans sa totalité. Elle englobe le soin de la dent, les aspects psychologiques et « les blocages émotionnels ».
La Lettre du Conseil de l’Ordre du mois de mai fait d’ailleurs état de la condamnation à un an de prison avec sursis et 22 000 € d’amende pour exercice illégal de la chirurgie dentaire, « d’une ancienne consœur » condamnée « pour avoir proposé des consultations et des analyses payantes en médecine dentaire holistique ».
La santé toujours en tête des dérives sectaires
- Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
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