La pose de la digue lors de la mise en place du tenon a une influence sur le succès endodontique

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Information dentaire

La contamination bactérienne de l’espace endodontique par les bactéries de la cavité buccale est reconnue comme la cause principale d’échec endodontique. Ces bactéries, véhiculées par la salive, peuvent passer la barrière de l’obturation canalaire si celle-ci est exposée sur une période de quelques jours. Une exposition de l’obturation canalaire au cours des procédures de restauration coronaire est donc susceptible de favoriser un échec endodontique ; particulièrement si un tenon doit être mis en place. Si la pose de la digue a été reconnue comme un élément incontournable pour prévenir la contamination bactérienne au cours du traitement endodontique, ce facteur n’a jamais fait l’objet de recherches scientifiques pour les étapes de restauration corono-radiculaires après traitement.

L’objectif de l’étude rétrospective décrite ici est d’examiner l’impact de la présence du champ opératoire lors de la mise en place du tenon sur le succès endodontique. 185 dossiers de patients ayant reçu un traitement endodontique entre 2008 et 2011, suivi de la mise en place d’une restauration corono-radiculaire, contrôlés sur une période d’au moins six mois, ont été sélectionnés et étudiés dans ce but. Les soins endodontiques et prothétiques ont été réalisés soit par des étudiants en formation initiale (Tufts university, Etats-Unis), soit par des praticiens spécialisés en cliniques privées. En ce qui concerne l’instrumentation et la technique d’obturation mise en œuvre : avant 2010, les praticiens ont eu recours à la technique du step-back manuel suivie d’une technique de condensation latérale à froid ; après 2010, en revanche, c’est l’association instrumentation rotative et condensation verticale à chaud qui a été utilisée. Les dents incluses au sein de l’étude ont été sélectionnées sur la base de leur Peri Apical Index (PAI) et en fonction de la qualité du traitement réalisé. Seules les dents avec un PAI de 1 ou 2 (sans image apicale initiale ou avec épaississement ligamentaire plus de 2 fois supérieur à celui de la dent adjacente) et les cas de traitements endodontiques jugés de bonne qualité (pour lesquels tous les canaux avaient été obturés, sans vide apparent en regard de l’obturation, et dont la longueur se situe entre 0 et 2 mm de l’apex radiographique) ont été retenus. De plus, la présence dans le dossier d’une radiographie tenon en place pour vérifier ou non la pose du champ opératoire, et la présence de clichés de contrôle montrant l’état péri-apical à au moins à six mois de distance ont été requis. Après collecte des données, les examinateurs ont procédé à l’évaluation de l’incidence de nouvelles lésions péri-apicales et à l’analyse de l’influence de la pose du champ opératoire pendant la mise en place du tenon sur les résultats obtenus. Les évaluations postopératoires lors des rendez-vous de contrôle ont été menées en aveugle quant à l’utilisation du champ opératoire pour la phase de mise en place du tenon. Les critères d’échec utilisés sont les suivants : présence d’un PAI > 2 ou dent extraite au moment du rendez-vous de rappel. Les patients traités ont été répartis en deux groupes. Un premier comprenant 159 patients (174 dents) et pour lesquels la digue n’a pas été placée. Un deuxième regroupant 26 patients (30 dents) et pour lesquels la mise en place d’au moins un tenon a été réalisée sous champ opératoire. Pour le groupe sans pose de la digue, 73,6 % des traitements réalisés ont été considérés comme des succès au moment du dernier rappel contre 93,3 % pour le groupe avec pose de la digue.

Cette étude montre que la mise en place du champ opératoire lors des étapes de restauration corono-radiculaire a une influence sur le taux de succès du traitement endodontique. Malgré la présence de quelques biais dans le montage de l’étude, notamment la disproportion en termes de taille d’échantillon entre les deux groupes, ces résultats incitent à intégrer cette pratique aux phases prothétiques qui suivent la réalisation d’un traitement endodontique.

D’autres essais cliniques mieux contrôlés et avec de plus grands échantillons seront toutefois nécessaires pour valider ces résultats et aider au changement des règles de bonne pratique.

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