Dans un avis publié le 30 mars, la Haute autorité de santé (HAS) lève l’obligation de vaccination contre la Covid-19, mais aussi contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Pour entrer dans les faits, cette levée de l’obligation doit être actée par décret. Le ministre de la Santé, François Braun, a indiqué qu’il suivrait l’avis de la HAS non sans une concertation avec les fédérations hospitalières et les Ordres des professions de santé pour définir les modalités de mise en œuvre de cette décision, car la levée de l’obligation vaccinale ouvre la voie à la réintégration des professionnels non vaccinés. Si l’obligation disparaît, la vaccination demeure « fortement recommandée » pour les professionnels de santé, précise la HAS qui insiste pour que soient respectées « les recommandations sur les gestes barrières en milieu de soins ».
Dans le même avis, la HAS maintient l’obligation de vaccination contre l’hépatite B et cite nommément les chirurgiens-dentistes et les assistant(e)s parmi les professionnels les plus susceptibles d’être exposés. En revanche, les vaccinations contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ne sont plus obligatoires (sauf à Mayotte), mais également « fortement recommandées ». Pour prendre cette décision, la HAS a notamment pris en compte les données épidémiologiques, la couverture vaccinale de la population générale et des professionnels de santé, la disponibilité des vaccins et les dernières données d’efficacité et de sécurité.
La Haute autorité publiera en juillet prochain de nouvelles recommandations à l’attention des professionnels de santé concernant les vaccins contre la coqueluche, la grippe, l’hépatite A, la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle.
Une décision critiquée
L’Académie de médecine, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), mais aussi les Libéraux de santé (LDS) s’inquiètent de la décision de la HAS. « Le métier de soignant n’est pas un métier comme un autre, il impose un engagement moral respectueux du principe Primum non nocere, rappelle l’Académie de médecine le 31 mars. La vaccination des soignants contre certaines maladies infectieuses permet de réduire deux risques liés à leurs activités de soin : celui d’être infecté par les patients et, inversement, celui d’infecter les patients. » L’institution, constatant que l’épidémie de Covid-19 n’est pas terminée, recommande que les vaccinations annuelles contre la grippe et contre la Covid-19 soient incluses dans les obligations vaccinales des professionnels de santé.
Dans la même veine, les LDS estiment, le 5 avril, que, « dans un contexte où le mouvement « antivax » a pris une ampleur alarmante au sein de notre société, y compris chez les soignants, la levée de cette obligation constitue un risque pour la santé des patients ». Pour l’intersyndicale des professionnels de santé libéraux (incluant Les CDF mais pas la FSDL), c’est « comme un non-sens. Les virus circulent rapidement dans les lieux de soins. Les soignants doivent non seulement protéger leurs patients, mais aussi se protéger entre eux ».
Enfin, le Covars rappelle le 3 avril dans un « avis » qu’il est « important, pour les professionnels de santé, qu’un schéma vaccinal à jour contre la COVID-19, le port du masque et le respect des gestes barrière soient maintenus ». Même si le taux d’incidence « reste relativement faible par rapport à ce qu’on a déjà connu avec Omicron, écrit-il, 2 808 patients ont été admis à l’hôpital pour la semaine du 22 au 28 mars, dont 54 % hospitalisés pour Covid ».
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