L’avulsion des dents de sagesse mandibulaires est l’une des chirurgies les plus couramment réalisées, mais elle est responsable de la moitié des complications neurosensorielles retrouvées en odontostomatologie. Les dysesthésies, hypoesthésies ou anesthésies labiomentonnières à la suite de l’avulsion de ces dents sont liées à la proximité des racines avec le nerf alvéolaire inférieur.
L’alternative est la coronectomie, technique qui vise à avulser uniquement la partie coronaire de la dent en laissant ad integrum les racines connexes au nerf alvéolaire inférieur. Cette technique, qui a été rapportée dès les années 2000, est encore peu décrite. Plusieurs études ont montré que la coronectomie de dents de sagesse mandibulaires contiguës au nerf alvéolaire inférieur ne s’accompagnait qu’exceptionnellement de déficit nerveux, contrairement à l’avulsion de ces dents (Renton, Leung).
Mais que deviennent ces racines laissées en place, à proximité du canal mandibulaire ?
L’objectif de cette étude prospective est d’évaluer les complications postopératoires précoces et tardives (entre 1 semaine et 5 années postopératoires) de la coronectomie de dents de sagesse mandibulaires incluses en contiguïté radiologique avec le canal mandibulaire.
Une coronectomie a été réalisée sur 612 dents de sagesse mandibulaires devant être avulsées.
Concernant le risque de lésion nerveuse, qui est l’indication même de la coronectomie, les auteurs ne rapportent qu’un seul cas (0,16 %) présentant une lésion du nerf alvéolaire inférieur ayant provoqué une hypoesthésie labiomentonnière légère, persistante pendant 12 mois. Aucun sujet n’a eu de lésion du nerf lingual.
Concernant la douleur postopératoire, la coronectomie s’accompagne d’une douleur relativement faible (3,2/10 ; SD : 1,7/10) par rapport à celle relevée à la suite de l’avulsion totale de cette dent.
Concernant le devenir des racines laissées en place, le risque d’éruption est de 2,3 % et est la plupart du temps tardif (entre 37 et 60 mois) et a nécessité une réintervention dans tous ces cas. L’avulsion secondaire de ces racines ne s’est accompagnée d’aucune lésion nerveuse.
Les auteurs montrent que 2,9 % des sujets ont présenté une infection postopératoire immédiate traitée uniquement par des mesures d’hygiène locale sans avulsion des racines résiduelles. Cette incidence d’infection correspond à celle de l’avulsion classique des dents de sagesse.
Ce qu’il faut retenir
La coronectomie est une alternative fiable à l’avulsion de dents de sagesse en contact avec le nerf alvéolaire inférieur dans la mesure où elle prévient un risque de complications neurosensorielles non négligeable.
Cependant, la faible morbidité à court et long terme de cet acte est liée à une technique chirurgicale maîtrisée.
Le seul inconvénient de cette technique est… son absence de cotation à la CCAM !
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