Dans une lettre ouverte adressée à la ministrede la Santé, Marisol Touraine, rendue public le 7 avril, Catherine Mojaïsky, présidente de la CNSD, demande « solennellement » le retrait le projet de loi de santé de la discussion parlementaire en cours.
« Ce projet de loi ne règle en rien la problématique de la prise en charge des soins bucco-dentaires, s’émeut Catherine Mojaïsky. Il risque même d’avoir l’effet inverse, à savoir une diminution de l’accès aux soins. La prévention reste une grande oubliée : le rejet, il y a quelques jours en séance, des amendements relatifs à l’éducation à la santé bucco-dentaire, ainsi qu’à la prévention et l’éducation thérapeutique, en est la preuve manifeste. La maigreur des mannequins passionne davantage que la prévention des caries et autres pathologies buccales. »
La présidente de la CNSD dénonce un « projet de loi néfaste pour les fondements du système de santé, pour la médecine libérale, la liberté de choix des Français et l’indépendance de leurs soignants ». Elle demande « une pause » à la ministre, en attendant les conclusions de la conférence de santé annoncée le 10 mars parle Premier ministre Manuel Valls. « Le projet de loi santé n’a pas vocation à régler toutes les questions abordées », avait-il estimé alors. Aucune date n’est encore arrêtée. Mais selon la CNSD cette conférence serait « l’occasion de rassembler et de réformer notre système de santé dans le consensus et le respect de la démocratie ».
Par ailleurs, l’ancien ministre de la Santé, Xavier Bertrand, intervenant à l’Assemblée nationale le 2 avril, et pour la première fois depuis plus de trois ans sur les questions de santé, a vivement critiqué le texte du projet de loi, qualifié de « dangereux» pour le système de santé. Il a cité plusieurs articles, dont l’article 9qui autorise les salles de shoot, « une folie en termes de construction de notre société, pour le message adressé à la jeune génération ». Sur l’article 18 qui généralise le tiers payant, le député de l’Aisne a dénoncé « la négation de ce qu’est le système de santé français ». « Vous allez opposer les patients aux médecins. Aucun système de santé ne peut fonctionner sans cette confiance. Vous allez créer cette défiance. C’est de l’irresponsabilité totale. »
Selon Xavier Bertrand, « il n’y a pas de problème d’accès aux soins. Il y a juste une ministre qui cherche à faire plaisir au risque de mettre par terre l’édifice de notre système de santé libéral». Il promet, au nom de l’opposition, d’abroger ce texte, dès que son parti politique sera revenu aux responsabilités.
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