Un décret paru au Journal officiel du 15 juin autorise l’expérimentation d’un projet de l’UFSBD pour l’accompagnement et la prévention au quotidien de la santé orale des personnes dépendantes vivant en établissement médico-social (EHPAD). Ce projet s’appuie sur la télésurveillance et l’intelligence artificielle à travers une application développée sur smartphone dénommée « Oralien ». Deux fois par an, grâce à des écarteurs, l’application scanne la bouche des résidents. Les données recueillies sont anonymisées, cryptées puis réceptionnées sur un serveur sécurisé avant d’être analysées par un algorithme d’intelligence artificielle sur la base de critères de diagnostic et décisionnels établis par l’UFSBD.
« Cette analyse des besoins en soins et de l’état bucco-dentaire, contrôlée par un chirurgien-dentiste, permet d’établir une recommandation personnalisée pragmatique pour chaque résident qui pourra être consultée par le personnel médical ou infirmier de l’établissement via le tableau de bord d’une plateforme online sécurisée », explique l’association. Le personnel médical et infirmier de l’établissement, qui reçoit une formation préalable aux bonnes pratiques d’hygiène bucco-dentaire et à l’utilisation de l’application, sera alors capable d’évaluer l’impact des protocoles d’hygiène personnalisés mis en œuvre au quotidien et d’orienter le résident vers un chirurgien-dentiste si des soins se révèlent nécessaires.
Cette application et son protocole d’utilisation existent déjà depuis presque deux ans (lire Id du 15 décembre 2017) mais ne pouvaient être mis en place que si un établissement décidait de le financer. Pas évident. L’expérimentation dont il est question aujourd’hui devrait durer au maximum quatre ans, se dérouler dans trois régions (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire) et concerner 48 établissements. Surtout, et c’est le pourquoi de la publication au Journal officiel, elle est encadrée par les règles découlant de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018. Celui-ci promeut l’innovation en santé en autorisant des expérimentations visant à faire émerger des projets permettant l’amélioration du parcours des personnes ou l’efficience du système de santé. L’expérimentation dans ce cadre bénéficie de plus de souplesses administratives (simplifications de tarification, autorisations, etc.) et d’un soutien financier du fonds d’aide à l’innovation en santé. L’expérimentation d’Oralien est estimée à près d’un million d’euros. Qui plus est, évalués dans le détail, des résultats pertinents ouvriraient la voie à des prises en charge pérennes de l’assurance maladie.
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