Hypnose, acupuncture, sédation médicamenteuse, MEOPA… Ces pratiques, parfois efficaces, montrent aussi leurs limites face à l’anxiété sévère, voire la panique de certains patients souvent aggravée par des pathologies sous-jacentes comme l’hypertension artérielle, l’asthme ou des déficiences physiques et/ou intellectuelles.
Pour donner un outil supplémentaire aux chirurgiens-dentistes, l’Ordre souhaite permettre à la profession d’accéder à la sédation consciente par voie intraveineuse (SCVI) en cabinet de ville. Avec l’Académie de chirurgie-dentaire, il fait le point sur cette pratique dans un « Livre blanc » présenté le 24 mai dernier, fruit d’un travail entamé en 2009, disponible sur son site internet.
La SCVI permet de sédater le patient tout en le maintenant dans un état conscient avec conservation de tous ses réflexes. « Réelle alternative à l’anesthésie générale, elle permet de procéder à des actes de diagnostic ou thérapeutiques dans un contexte optimal de sécurité à la fois pour le patient et le praticien, et selon un protocole plus allégé », écrit l’Ordre.
Problèmes, en France, la sédation consciente par voie intraveineuse est limitée au milieu hospitalier. Elle fait en effet appel à des molécules telles que le diazépam, le midazolam, le diprivan, le propofol ou l’alfentanil, toutes, mis à part le diazépam, inaccessibles en ville. Qui plus est, contrairement aux Etats-Unis notamment, pays dans lequel une formation spécifique permet une pratique de la SCVI par le chirurgien-dentiste (10 % des actes de chirurgie ambulatoire y sont réalisés en dehors d’un hôpital), en France, la présence d’un médecin anesthésiste-réanimateur est nécessaire pour faire face à « un éventuel approfondissement de la sédation source de dépressions respiratoires aiguës potentiellement graves ». Enfin, l’environnement technique requis par la HAS (monitoring, supplémentation en oxygène, pharmacie appropriée, matériel de réanimation, etc.) est généralement absent des cabinets dentaires de ville.
Qu’importe ces fortes contraintes, l’Ordre fait des propositions pour développer la SCVI, dans un but notamment de santé publique (limiter le renoncement aux soins). Il s’agit principalement de développer un réseau « de cabinets dentaires autorisés, avec un encadrement assuré par un personnel formé et dédié, en présence d’un médecin anesthésiste-réanimateur » dans lesquels les praticiens « sous contrat ordinal adapté » pourraient se rendre avec leurs assistant(e)s pour soigner leur patients.
En parallèle, l’enseignement de la SCVI serait généralisé au sein de l’enseignement initial et des formations post-universitaires spécifiques seraient créées. Selon les deux institutions, la SCVI est « la technique la plus performante en matière de sédation » et concerne potentiellement une « part importante des chirurgiens-dentistes au regard de la forte proportion de patients anxieux/phobiques ».
Selon un sondage réalisé par OpinionWay auprès d’un échantillon représentatif de 1 012 personnes, rapporté dans le « Livre blanc », pratiquement un Français sur deux (48 %), ont encore peur d’aller chez le dentiste. 40 % de ces derniers sont inquiets à l’idée de la douleur, 28 % voient leur angoisse augmenter à l’idée du rendez-vous, 12 % envisagent de se faire accompagner par un proche et 17 % déclarent avoir eu envie d’annuler ou de reporter leur rendez-vous.
Prochaine étape : s’appuyer sur ce « Livre blanc » pour entamer de nouvelles discussions avec la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR) et le ministère de la Santé. Pour l’Ordre et l’Académie, « le chemin sera encore long et difficile », mais il vaut la peine d’être parcouru.
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