L’homéopathie bientôt déremboursée ?

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°21 - 29 mai 2019
Information dentaire

La Commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu un avis provisoire estimant que le service médical rendu (SMR) de l’homéopathie est insuffisant, ouvrant la voie à un possible déremboursement des granules, aujourd’hui prises en charge à 30 % par l’assurance maladie.

Cet avis, en principe confidentiel et réservé aux seuls laboratoires concernés (Boiron, Lehning, Weleda), a fuité dans la presse le 16 mai dernier, provoquant l’ire du principal fabricant français, Boiron, qui a suspendu son cours de Bourse. Mais le laboratoire a confirmé le lendemain la réalité de cet avis qu’il a finalement reçu. Selon le journal Le Monde, qui a pu consulter l’avis provisoire, la Commission de la transparence, après avoir sélectionné près de 300 études (sur environ 1 000 études identifiées), a passé au crible « 23 revues systématiques de la littérature et méta-analyse, 10 essais contrôlés randomisés et 6 études concernant la consommation médicamenteuse dans 25 indications ou symptômes ». Au final, selon la HAS, « aucune étude n’a démontré la supériorité en termes d’efficacité (morbidité) de l’approche homéopathique par rapport à des traitements conventionnels ou aux placebos ». Selon le quotidien du soir, l’instance mettrait en exergue « l’absence de démonstration d’efficacité », « l’absence de démonstration d’impact sur la santé publique » ou encore « l’absence de place définie dans la stratégie thérapeutique », tout en reconnaissant aux granules un « impact potentiel sur la qualité de vie des patients pour certains symptômes/affections étudiés pour lesquels il existe un besoin médical à disposer d’alternatives thérapeutiques ou de médecine complémentaire ».

Il n’en demeure pas moins que la HAS recommande un « déremboursement pour l’ensemble des produits homéopathiques ». Conformément à la procédure, les industriels ont dix jours pour formuler leurs remarques auprès de la HAS qui peut les auditionner avant de rendre un avis, celui-là définitif. Le gouvernement décidera ensuite du sort de la prise en charge de l’homéopathie. C’est lui qui a demandé à la HAS d’évaluer l’homéopathie après la polémique provoquée en mars 2018 par la publication d’une tribune de 124 médecins et professionnels de santé dénonçant l’utilisation et le remboursement de l’homéopathie. Le collectif demandait « l’exclusion de ces disciplines ésotériques du champ médical », « sans aucun fondement scientifique », financées par les pouvoirs publics, « nourries par des charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin » et « basées sur des croyances promettant une guérison miraculeuse ». Le remboursement de l’homéopathie représente un budget de près de 130 millions d’euros pour la Sécurité sociale sur un total de 19,9 milliards d’euros de médicaments remboursés en 2017.

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