À contrôler le biofilm bactérien, les patients tu aideras
Les assistantes dentaires ont un rôle clé dans le contrôle du biofilm bactérien de nos patients », s’enthousiasme Caroline Compagnon, présidente de la SFPIO de la région Val-de-Loire (Société française de parodontologie et d’implantologie orale). S’il est reconnu que les pathologies carieuses et parodontales sont multifactorielles, le rôle du biofilm bactérien dans la cavité buccale est incontestable. Dans ce biofilm créé par l’alimentation, les bactéries s’organisent en une structure complexe. Elles deviennent alors plus résistantes aux antibiotiques, aux antiseptiques mais aussi au système de défense de l’organisme. Elles provoquent caries, gingivites, parodondites puis destruction de l’os de soutien. La thérapeutique doit donc inclure la destruction de ce biofilm (la plaque).
L’objectif est de désorganiser ce biofilm sur toutes les surfaces des dents particulièrement dans le sillon gingivo-dentaire et dans les espaces interdentaires. « L’assistante dentaire, coéquipière privilégiée du chirurgien-dentiste aux multiples facettes, peut alors intervenir auprès du patient en lui révélant son rôle capital dans le contrôle de plaque, lui faire la démonstration des techniques d’hygiène adaptées à son âge, au stade d’évolution de sa maladie ou à un éventuel handicap », explique Caroline Compagnon. Il faudra adapter le matériel de brossage au patient, à son habileté manuelle.
Le brossage doit être de compréhension et d’exécution faciles :
deux brossages par jour minium avec la technique du rouleau (brosse à petite tête et poils souples, positionnée à 45° qui descend depuis la gencive vers le bas avec un passage de 7 à 8 fois par dent, sur toutes les faces). Mais quelle que soit la technique manuelle ou électrique le brossage n’élimine pas la plaque bactérienne interdentaire d’où la démonstration au cabinet de l’utilisation du fil dentaire ou de brossettes interdentaires. L’utilisation d’un dentifrice permet d’améliorer l’action mécanique du brossage. L’ajout d’un principe actif comme la chlorhexidine, le triclosan et le fluorure d’étain améliore modestement le contrôle de plaque, tout comme les jets dentaires ou les chewing-gums.
Le plus efficace reste de montrer concrètement l’utilisation de ces techniques au cabinet ou de l’expliquer avec des supports vidéo mais toujours en restant dans l’empathie et la bienveillance au cours des rendez-vous. « De nombreux pays européens (23 en fait, ndlr) ont donné l’opportunité aux hygiénistes dentaires de les épauler dans l’objectif d’aider le patient à maintenir une bonne santé bucco-dentaire, souligne encore Caroline Compagnon. Sans hygiéniste dentaire, le contrôle de plaque reste insuffisant. Nous espérons donc l’évolution rapide du métier de l’assistante dentaire ».
Face à l’urgence, les bons gestes tu prodigueras
Ça peut vous arriver demain au cabinet (ou dans la rue). Un patient défaille en salle d’attente, en s’installant sur le fauteuil, il s’écroule devant vous : comment réagir ? « D’abord, il faut absolument suivre une formation pratique en compagnie de votre praticien, assure Sophie Caron-Lejeune, chirurgien-dentiste, dont la spécialité, la chirurgie-buccale, l’amène régulièrement à prendre en charge des patients très stressés qui parfois perdent connaissance. Tout ce que je peux dire dans une conférence reste théorique. » Mais il est toujours utile de l’entendre, ou de le lire…
En situation d’urgence, il faudra, autant que faire se peut, garder la tête froide pour établir rapidement un bilan de gravité, puis appliquer les gestes de secours adéquats en fonction d’un arbre décisionnel. Première étape : tester les fonctions neurologiques, respiratoires et cardiovasculaires (NRC). La victime parle-t-elle ? Réagit-elle ? Peut-elle répondre à des questions simples ? Si oui, tant mieux. Mais l’urgence reste potentielle. Il faut rester auprès d’elle et la surveiller. Sinon, c’est qu’il y a une perte de conscience. « Attention, on est conscient ou pas. Il n’y a pas de “à moitié conscient” comme je l’entends parfois », insiste Sophie Caron-Lejeune. Si la victime est inconsciente, il faut vérifier sa fonction respiratoire. Si sa poitrine se soulève régulièrement, il faut libérer les voies aériennes de la victime et la placer en position latérale de sécurité (sur le côté, la jambe supérieure ramenée vers la poitrine, genou contre le sol) puis appeler les secours.
Il faudra vérifier alors régulièrement sa fonction cardio-vasculaire par une prise de pouls. Si la victime est inconsciente et ne respire pas l’urgence implique d’appeler les secours immédiatement puis de pratiquer des compressions thoraciques (massage cardiaque). « Seuls des chocs électriques ou de l’adrénaline injectée permettent de faire repartir le cœur, prévient Sophie Caron-Lejeune. Le massage cardiaque est capital parce qu’il entretient une circulation sanguine périphérique permettant une irrigation du cerveau ». Le massage s’effectue après avoir étendu la victime sur un sol dur, sur le milieu du sternum (pas les côtés). La paume d’une main est recouverte par la seconde. L’enfoncement doit être de 5 à 6 cm chez l’adulte pour environ deux compressions par seconde. « Une fois que l’on a commencé il ne faut plus s’arrêter avant l’arrivée des secours, prévient Sophie Caron-Lejeune. Le bouche-à-bouche est inutile ».
Dans les cabinets dentaires, le malaise vagal est le plus commun. Il représente 66 % des appels aux pompiers venant de cabinets dentaires selon Sophie Caron-Lejeune. Il est essentiellement lié au stress et aux émotions. Certains indices permettent de le voir venir : des bouffées de chaleur, des nausées, une vision embrouillée, sueur, pâleur… Parfois effrayant, le malaise vagal est sans danger. Dès les premiers symptômes la personne doit s’allonger (sur le fauteuil ça tombe bien…) et surélever ses jambes pour favoriser le retour sanguin vers le cœur. En cas d’évanouissement la mise en position latérale de sécurité s’impose.
En contention primaire : le set-up tu exploiteras
Les idées simples sont souvent les meilleures. C’est ce qu’a montré lors des Journée de l’Orthodontie, Paola Beskow assistante coordinatrice dans un cabinet d’orthodontie à Paris. Elle réalise des gouttières d’après traitement chez l’adulte à partir des set-up réalisés par le laboratoire. Le set-up en orthodontie permet de visualiser le résultat final après le traitement. Le laboratoire part du modèle en plâtre coulé sur les empreintes du patient. S’appuyant sur le plan de traitement décidé par le praticien, il va découper chaque dent et les replacer dans la position qu’elles auront en fin de traitement. « À partir de ce set-up je réalise une gouttière thermoformée au cabinet, explique Paola Beskow.
La machine est très simple d’utilisation. On place une plaque de plastique sur la machine qui vient la chauffer pour qu’elle prenne la forme de la denture finale ». Elle est posée par le praticien juste après le débaguage pour maintenir les dents en place. La gouttière est taillée très court pour ne pas toucher gencives et collets souvent sensibles après plusieurs mois de traitement et une hygiène dentaire moins performante à cause des bagues. La contention finale, fixe, sera posée quelques semaines plus tard. « Dans 88 % des cas la gouttière s’adapte parfaitement, précise Paola Beskow. Et il y a un effet « waouh » auprès des patients parce qu’on leur pose une gouttière sans prise d’empreintes. »
Pour être efficace, correctement tu déjeuneras
Entre la gestion de l’agenda, la stérilisation, la mise en place des soins, les coups de téléphone… le temps file et on survole la pause déjeuner pour s’offrir quelques minutes de travail supplémentaires. Pris sur le pouce, le déjeuner devient une excuse idéale pour y glisser des gourmandises rassurantes, plaisantes, mais pas forcément bonnes pour la santé sur le long terme : pizzas, paquets de chips, chocolat… On se requinque à bon compte mais la faim revient vite. « Ces petites choses vite avalées, peu rassasiantes, ont toutes les chances de provoquer, par ricochet, fringales incessantes et culpabilité de manger « mal », remarque Dominique Poulain, nutritionniste venu à l’ADF donner quelques conseils.
Manger sur le pouce ne devrait pas signifier manger mal. Par définition, un repas doit nous aider à aller jusqu’au repas suivant sans avoir faim ». Pas de panique ! « Les bons conseils alimentaires reposent sur la simplicité. Il ne s’agit pas d’établir un catalogue d’aliments permis et interdits, les bonnes carottes et les méchantes frites. L’homme est omnivore. C’est ce qui lui a permis de survivre. Il peut et doit manger de tout, sauf allergie ou intolérance. Retenez qu’aucun aliment n’est complet, il faut diversifier. Et ne pas oublier la gourmandise. » Objectif : trouver un équilibre entre plaisir, rassasiement et apport calorique. Le « tomates, salade, yoghourt », c’est le « craquage assuré ». Le « quiche, sandwich, petits gâteaux » est bien trop calorique.
L’idéal est de se rapprocher du « graal » diététique : crudité, viande (ou poisson) légumes (ou féculent), pain, produit laitier, fruit en quantité suffisante. Mieux vaut manger 600 calories pour 700 grammes de nourriture (entrée, plat, dessert) que 570 calories pour les 200 grammes d’un seul croque-monsieur avec la certitude de grignoter plus tard. Mais ce qui fait aussi la différence c’est le temps que l’on consacre à manger. « Un repas pris tranquillement chez vous composé d’une salade de mâche, suivi d’un morceau de poulet avec des pommes de terre et des haricots verts puis d’une faisselle avec son coulis de fruits rouges équivaut à un sandwich poulet-crudité suivi d’un yoghourt sucré et de quelques mirabelles, explique la nutritionniste. Mais pour en tirer le même parti en termes de satiété et de plaisir, il faut que vous mangiez ce second repas dans un temps entièrement consacré à cela, sans faire autre chose et tranquillement assise ». Et si vous avez néanmoins faim à quatre heures retenez que deux carrés de chocolat (105 calories) sont moins caloriques que 100 grammes de fromage blanc et une poire (180 calories). « Il rassasie moins, mais s’il vous fait plaisir mangez le chocolat ! »
À retenir
– Faire un bon petit déjeuner pour tenir jusqu’à midi
(pain beurre, confiture, fruits)en oubliant les céréales ;
– S’asseoir pour manger ;
– Etre attentif à ce que l’on mange, prendre un temps suffisant, manger lentement ;
– Pas d’ordinateur ou de revue qui distraient l’esprit ;
– Manger quand on a une faim modérée ;
– Arrêter dès que la sensation de satiété est là ;
– Désobéir à tous les préceptes quand on le désire.
L’agenda du cabinet tu maîtriseras
Trop ou pas rempli, mal articulé… l’agenda est souvent une source de stress. Où placer les urgences, quels délais pour l’avancée correcte d’un plan de traitement, comment apporter suffisamment de souplesse pour assurer la satisfaction de chacun : praticien, assistante, patient ? « Maîtriser l’agenda du cabinet c’est simplissime, il suffit de le décider ! lance Jean-Paul Louvet, consultant, formateur en cabinet dentaire, en ouvrant cette conférence. Mais il n’y a pas de modèle préétabli. Chaque cabinet à son fonctionnement propre ». Car l’architecture puis la tenue de l’agenda dépendent d’abord et avant tout de l’objectif que l’on se fixe.
Le praticien doit s’interroger sur son temps de travail : quelle serait ma journée idéale, ma semaine idéale ? Qu’est-ce que je veux vraiment ? Qu’est-ce que je ne veux pas ? Quelle durée pour quels types actes (faire des chronométrages peut aider) ? Quels sont les rendez-vous prioritaires ? À quel moment de la journée placer les différents types d’actes que je réalise ? « Il faut veiller à équilibrer la journée. Franchement est-on toujours aussi motivé et efficace au bout du troisième détartrage d’affilée, interroge Jean-Paul Louvet. Je conseille de prendre deux semaines pour analyser les pratiques en cours, le déroulement des journées et en tirer les conclusions ». Dès l’instant que le praticien aura clarifié ses attentes, l’assistante prend le relais. « C’est elle qui doit gérer l’agenda. Le pire ennemi de l’agenda c’est le chirurgien-dentiste », selon le consultant. La clé réside dans l’anticipation. « Quand les patients appellent il est plus facile de les faire entrer dans des cases prédéfinies et bien visibles, assure Jean-Paul Louvet.
Les logiciels de gestion d’agenda permettent de réserver des plages de temps par type d’actes, par priorités : la chirurgie le matin de tel jour, l’endo l’après-midi etc. On peut par exemple prédéfinir 70 % du temps de la semaine et laisser le reste pour des rendez-vous moins importants, comme les visites de contrôle ».
Dans le remplissage de l’agenda il faudra toujours proposer au patient la première disponibilité et accoler les rendez-vous pour laisser le moins de places vacantes. Si le patient n’est pas disponible on propose la date la plus proche. « Et surtout on ne propose pas plusieurs rendez-vous de suite en même temps, conseille Jean-Paul Louvet. C’est le meilleur moyen de se voir poser un lapin. On ne donne qu’un seul rendez-vous au fur et à mesure de l’avancée du plan de traitement. » Grâce à l’informatique on peut également inscrire à quel type d’actes correspond tel rendez-vous ce qui permet de préparer les plateaux. Pour les urgences, il suffit de prévoir chaque jour, lors d’une petite réunion matinale de 5 à 10 minutes, la ou les plage(s) horaire(s) que l’on va y consacrer (idéalement deux). « Et je vous conseille d’avoir près du téléphone un protocole pour les urgences. Une série de questions à poser au patient pour bien cerner l’urgence, explique Jean-Paul Louvet.
Pour éviter les lapins, après 10 minutes de retard il faut systématiquement appeler le patient pour savoir s’il sera en retard ou s’il faut reporter. Si le patient est coutumier, il faut l’avertir que son comportement entrave la bonne marche de ses soins, lui demander de prévenir dès qu’il le peut, bref l’éduquer petit à petit. Globalement ça marche ». Enfin, il est conseiller de se créer une liste d’attente avec les noms de certains patients dont on sait qu’ils pourraient se libérer facilement pour prendre la place d’un rendez-vous annulé.
Stop pouce : de la magie tu feras !
Connaissez-vous les magiciennes de Saint-Georges de Montaigu une petite ville de Vendée ? Elles sont quatre. Les quatre assistantes du cabinet de la commune (trois orthodontistes et deux chirurgiens-dentistes). Elles ont mis en place une consultation spécifique « stop pouce » pour que les petits patients perdent cette habitude avant le début de leur traitement. Elles se nomment elles-mêmes les « magiciennes », notamment parce qu’une ou deux séances, trois au plus suffisent là où les parents peinent parfois longtemps. « Il n’y a pas d’âge idéal pour arrêter, c’est toujours le bon âge, assure l’une d’elles, Véronique Leroux. Notre premier souci c’est d’être sûr que les parents ont bien envie que leur enfant s’arrête et s’implique avec nous dans ce processus ». Leurs outils, en réalité, n’ont rien de magique : vernis amer, pansements rigolos sur le pouce ou appareillage dentaire anti succion.
La magie réside dans la méthode : empathie, bienveillance, encouragement. « Du positif rien que du positif, résume l’équipe. La formulation est capitale : on ne dit pas « je sais que c’est difficile », mais « je sais que ce n’est pas facile » car l’enfant va retenir le mot facile et non difficile. On leur dit aussi qu’ils vont réussir parce qu’ils sont forts ». Lors de la première séance elles proposent un choix illusoire. Ce n’est pas « veux-tu arrêter » ? Mais « pour arrêter tu veux voir la magicienne aujourd’hui ou demain » ? « Ce sont eux qui décident, c’est important, note Vanessa Renaudin. Nous évacuons ensuite d’éventuelles angoisses liées à l’idée d’arrêter en les laissant s’exprimer. Enfin nous choisissons avec eux la technique qui leur conviendra le mieux ». Et parfois bien plus. Comme la fabrication d’une boîte à doudou très confortable dans laquelle celui-ci va passer la nuit pour qu’il ne provoque plus la prise du pouce. « Nous proposons aux enfants un contrat avec une date d’échéance sur un calendrier, explique Maria-Soledad Sanchez Salazar. Ils aiment bien les challenges.
Nous programmons un rendez-vous de bilan un mois après. Ils formulent leur victoire, leur progrès. Ils sont souvent très fiers. S’ils ont réussi à s’arrêter définitivement nous leur remettons une médaille et un diplôme. On obtient de très bons résultats. La quasi-totalité des enfants arrêtent dès la première consultation. Il est très rare que les praticiens posent un appareillage ».
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